Alors que le Niger célèbre le 62ème anniversaire de son accession à la souveraineté, la présence de l’ancienne puissance coloniale, la France, laisse de nombreux Nigériens sceptiques quant à une véritable indépendance de leur pays.
Le Niger célèbre ce 03 août le 62ème anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Alors colonie française, le pays a acquis son indépendance le 03 août 1960.
“En accédant à l’indépendance, le Niger, notre pays, État enclavé et sahélien à très vaste étendue, a fait de la consolidation de son unité la pierre angulaire de son projet de bâtir une Nation prospère et épanouie”, a indiqué le Président Mohamed Bazoum dans un message adressé mardi soir à la Nation. “Le dessein d’édifier une Nation nigérienne une et solidaire est une boussole qui a servi de repère à toutes les générations de dirigeants de notre pays, malgré les vicissitudes auxquelles ont pu être confrontés les différents régimes politiques qui se sont succédé”, a-t-il ajouté.
En dehors du message à la Nation du président de la République, la principale activité menée depuis 1976 pour célébrer l’anniversaire de l’indépendance du Niger est la plantation d’arbres à travers tout le pays. Dans le but de faire face à la désertification qui affecte aujourd’hui les 3/4 du territoire, le régime militaire de Seyni Kountché (1974-1986) avait décidé que la journée du 03 août soit consacrée à la plantation des milliers d’arbres à travers tout le Niger, au point où cette journée est beaucoup plus connue sous l’appellation de “Fête nationale de l’arbre”.
– Une situation sécuritaire préoccupante
Le 62ème de l’indépendance du Niger intervient dans un contexte préoccupant, à cause de la persistance des attaques armées dans quatre des huit régions du pays. Il s’agit de la région de Diffa (sud-est) qui subit depuis 2017 des attaques attribuées à Boko Haram opérant dans le nord du Nigeria. Il s’agit ensuite des régions de Tahoua (nord-ouest) et de Tillaberi (ouest) confrontées depuis 2015 à des attaques attribuées aux groupes terroristes opérant dans le nord du Mali et la zone dite des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
La quatrième région en proie à l’insécurité est celle de Maradi (sud-ouest) qui subit depuis quelques mois des attaques attribuées à des “bandits armés” opérant dans les États frontaliers du nord-ouest du Nigeria. Toute la région de Diffa et plusieurs départements des régions de Tahoua et Tillaberi sont sous l’état d’urgence instauré par le gouvernement dans l’objectif de réduire l’intensité des attaques. De nombreux militaires et civils ont été tués dans les différentes régions et des milliers d’autres civils ont été contraints d’abandonner leurs villages pour échapper aux attaques.
– La présence de la France remarquée et dénoncée dans plusieurs secteurs
La célébration du 62ème anniversaire de l’indépendance du Niger intervient aussi dans un contexte où l’ancienne puissance coloniale, la France, manifeste sa présence dans plusieurs secteurs. Une situation que de nombreux Nigériens n’hésitent pas à dénoncer comme étant préjudiciable à une véritable indépendance de leur pays. “Le Niger a perdu son indépendance depuis qu’il a ouvert ses portes aux forces étrangères, notamment françaises. En plus, il n’exerce aucun contrôle sur ses ressources naturelles qui sont hypothéquées. Aujourd’hui, nous vivons le néocolonialisme”, a déclaré Maikoul Zodi, coordonnateur national de “Tournons la page”, une coalition d’ONG et d’associations de la société civile, dans un entretien accordé à l’Agence Anadolu.
“L’indépendance du Niger est une indépendance de façade, en raison de la mainmise de la France dans les affaires du pays. Cette mainmise se fait remarquer dans plusieurs secteurs, notamment la sécurité et les ressources minières. On a l’impression que le Niger est redevenu une sous-préfecture de la France, 62 ans après son accession à la souveraineté internationale”, s’est désolé Moussa Aksar, expert en questions de sécurité et analyste géostratégique, dans une déclaration à Anadolu.
Dans une déclaration publiée mardi soir, le parti politique Union des patriotes panafricains (UPP) s’est aussi offusqué de la présence de la France au Niger. “À ce jour, c’est notre pays qui facilite le redéploiement de la force Barkhane chassée au Mali, pour sauvegarder les intérêts de la France en Afrique de l’ouest”, a déploré l’UPP, regrettant l’audience accordée le même jour par le Président Mohamed Bazoum au nouveau commandant de “la force d’occupation Barkhane”, Bruno Baratz, après une série d’accidents mortels impliquant des véhicules et camions de la force française au Niger.
Source : Anadolu Agency