L’Etat nigérien vient de prendre une courageuse décision de débrancher les pylônes de l’opérateur Orange Niger dont le siège social vient de baisser les rideaux. Raison: une dette fiscale d’environ 22 milliards de FCFA (soit 35 millions d’euros). Le gouvernement campe sur sa position et entend sévir de manière caustique. Airtel Niger et Moov Niger sont aussi dans le viseur du ministre des finances, Hassoumi Massaoudou qui est très engagé à mener la politique de recouvrement des droits fiscaux
Le gouvernement du Niger prend très au sérieux le respect des exigences du droit fiscal. Les grandes entreprises de télécom présentes dans le pays ne diront pas le contraire. Aux premières loges dans le banc des accusés, Orange Niger, la filiale du groupe français Orange. Les services des impôts nigériens réclament à Orange Niger la somme de 22 milliards d’impôts (soit 34 millions d’euros).
Orange, entre lobbying et entêtement
Au moment où d’autres entreprises de téléphonie comme Airtel Niger et Moov Niger, ciblées par cette vaste campagne de redressement fiscal, ont opté pour la négociation avec le gouvernement nigérien pour trouver un terrain d’entente, Orange Niger se braque contre le pouvoir central. Sur fonds de contentieux fiscal qui risque de lui débrancher les pylônes sur le marché nigérien. L’enquête exclusive menée par nos confrères du site TamtamInfos révèle des secrets insoupçonnés. Dans l’enquête de notre confrère, on apprend que la société Orange a toujours opposé une résistance farouche dans le paiement de ses impôts.
L’opérateur de téléphonie refusait tout contact avec les autorités du fisc, préférant s’adresser aux autorités au plus haut sommet de l’État. Au même moment, les combinaisons mafieuses pour contourner la TVA étaient en vogue dans de l’entreprise. Un mépris total à l’égard des agents des impôts ainsi que le droit fiscal du pays, informe TamTamInfos.
L’intransigeance du ministre des finances, Hassoumi Massaoudou
La filiale du groupe français Orange est connue pour ces deal et son forcing de lobbying. Les vérifications de la DGI Niger (Direction Générale des Impôts) ont démontré des nids fiscaux insoupçonnés qui passaient à côté des deniers publics du Niger. Des pratiques aux antipodes de la justice, auxquelles le ministre des finances, le « puissant » Hassoumi Massaoudou veut mettre fin. Il estime d’ailleurs que le projet de loi des finances 2019 portant «abrogation de la TATTIE était motivé par le constat que le régime fiscal est parafiscal du secteur … porte préjudice au trésor public.» La messe est dite par l’argentier du pays. Dans la même veine, des opérateurs de téléphonie mobile ont subi des amendes de 3,5 milliards de francs CFA par l’ARTP en 2017 pour manquements graves à des prestations de qualité. C’est pourquoi, dans cette chasse aux délinquants fiscaux, malgré les dommages occasionnés, les millions d’abonnés des lignes, saluent la décision courageuse du gouvernement sur cet enjeu économique auquel fait face le pays.
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