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Niger : la ferme mise en garde de Mohamed Bazoum contre l’«influence» de la Russie dans le Sahel

LE POINT SUR LA SITUATION – Le président élu, mais séquestré depuis le coup d’État, s’est exprimé dans une tribune. Il appelle à l’aide internationale pour rétablir l’«ordre constitutionnel» dans son pays.

Le coup d’État militaire se poursuit au Niger. Le président élu, Mohamed Bazoum, séquestré depuis le 26 juillet dernier, s’est exprimé dans une tribune publiée jeudi 3 août au soir. Dans la même soirée, les putschistes ont dénoncé les accords militaires avec la France et ont limogé quatre ambassadeurs, dont celui de la France. Le Figaro fait le point sur la situation tendue au Niger.

Conséquences «dévastatrices» de l’influence russe

Le président Mohamed Bazoum a prédit des conséquences «dévastatrices» pour le monde si l’ensemble de la région du Sahel passe sous «influence» de la Russie, via les mercenaires du groupe Wagner, dans une tribune parue jeudi soir dans le Washington Post . «Avec le feu vert des instigateurs du putsch et de leurs alliés régionaux, l’ensemble de la région centrale du Sahel pourrait passer sous influence russe via le groupe Wagner, dont le terrorisme brutal a été clairement exposé en Ukraine», a-t-il ajouté.

Par conséquent, «j’appelle le gouvernement américain et l’ensemble de la communauté internationale à aider à restaurer l’ordre constitutionnel», a annoncé le président. «J’écris ceci à titre d’otage», a-t-il lancé, séquestré depuis que son gouvernement a été renversé le 26 juillet dernier par des militaires putschistes. «Ce coup (…) n’a aucune justification et s’il réussit cela aura des conséquences dévastatrices pour notre pays, notre région et le monde entier», a souligné le président. «Dans la région trouble du Sahel, au milieu de mouvements autoritaires qui se sont imposés chez certains de nos voisins, le Niger est le dernier bastion pour le respect des droits», a-t-il poursuivi.

Les putschistes riposteront à «toute agression» de la Cédéao

La tension est encore montée d’un cran entre les putschistes du Niger et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). La junte militaire a annoncé qu’elle ripostera «immédiatement» en cas d’«agression ou tentative d’agression» contre le Niger par la Cédéao, trois jours avant la fin de l’ultimatum décrété par l’organisation pour un retour à l’ordre constitutionnel.

«La Cédéao étant impersonnelle, toute agression ou tentative d’agression contre l’État du Niger verra une riposte immédiate et sans préavis des Forces de défense et de sécurité nigériennes sur un de ses membres, à l’exception des pays amis suspendus», a déclaré un des putschistes, faisant allusion au Burkina Faso et au Mali.

Accords militaires avec la France dénoncés par les putschistes

Tard jeudi, dans un communiqué lu à la télévision, les putschistes ont dénoncé «les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France», dont un contingent militaire est déployé au Niger. Notamment le «stationnement» du détachement français et le «statut» des militaires présents dans le cadre de la lutte antidjihadiste.

«Face à l’attitude désinvolte et la réaction de la France relativement à la situation» du Niger, «le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP, militaires au pouvoir), décide de dénoncer les accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec cet État», a déclaré un des putschistes.

Quatre ambassadeurs limogés, dont la France

Les putschistes sont également passés à un cran supérieur dans la remise en cause de la présence française au Niger, perçue comme une ancienne puissance coloniale. L’ambassadeur nigérien à Paris a été limogé, tout comme ceux aux États-Unis, au Togo et au Nigeria.

Jeudi, les programmes de Radio France Internationale (RFI) et de la chaîne de télévision d’information France 24 ont été interrompus. «Une décision prise hors de tout cadre conventionnel et légal», selon la maison mère des deux médias, France Médias Monde. La France a condamné «très fermement» cette décision.

La France et les États-Unis, deux alliés du Niger en proie à des violences djihadistes depuis plusieurs années, déploient respectivement 1100 et 1500 militaires, dont l’évacuation n’est pas prévue.

lefigaro

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