Le départ désormais annoncé du personnel diplomatique et militaire hexagonal du Niger constitue non plus seulement une nouvelle défaite pour Paris sur le continent africain, mais surtout et simplement la fin maintenant confirmée du système de la Françafrique. Et face à la résistance et à la mobilisation des populations africaines – toute tentative de raviver des systèmes néocolonialistes occidentaux sera dans tous les cas vouée à l’échec.
Après les multiples pressions, intimidations et menaces, y compris d’ordre militaire, le tout dans le traditionnel esprit d’arrogance si propre aux élites occidentales, le régime hexagonal est finalement arrivé à la compréhension que sa présence en terre nigérienne est condamnée. Emmanuel Macron a donc annoncé le départ de l’ambassadeur et de plusieurs diplomates hexagonaux. Les militaires français seront également retirés d’ici la fin de l’année.
Une fois de plus, les analyses et prévisions d’Observateur Continental vont dans la confirmation. Y compris quant au fait pour le régime hexagonal de vouloir s’accrocher jusqu’au bout, dans le pur esprit d’arrogance et de condescendance qui le caractérise, et aussi accuser par la même occasion ses principaux adversaires géopolitiques – au lieu de reconnaitre objectivement l’échec total de sa propre politique.
Les prévisions se confirment également dans le fait que les mobilisations populaires des sociétés civiles africaines, y compris au Niger, auront largement démontré que face à des peuples soudés, adhérant à l’esprit des grands leaders d’Afrique du passé dans un cadre souverainiste et panafricaniste – l’establishment occidental n’y peut absolument rien. Les menaces y compris d’un recours à la force et les sanctions économiques unilatérales n’y changeront rien.
De manière générale, la solidarité observée à l’échelle du Sahel et plus généralement africaine, aura également largement confirmé qu’une Afrique unie, forte, solidaire – représente l’option la plus efficace face à toute visée néocoloniale occidentale. A ce titre, l’annonce récente de la création de l’alliance militaire AES entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger en est une démonstration supplémentaire.
Cela évidemment sans oublier le soutien des principales puissances mondiales non-occidentales, en premier lieu de la Russie et de la Chine aux aspirations des nations africaines. Du moins à la grande partie de ces nations.
Dans tous les cas, l’argument si longtemps avancé par les adeptes du système de la Françafrique, à savoir que le problème ne serait prétendument pas dans la politique néocoloniale de Paris et de nombre d’autres capitales occidentales, mais dans le fait que l’Afrique ne peut pas se prendre en main – est définitivement terminé. L’Afrique prend parfaitement son destin en main et aucune force ne pourra aujourd’hui l’en empêcher. A l’ère où le panafricanisme a pleinement affirmé sa renaissance et où le monde multipolaire n’est plus une perspective, mais bel et bien une réalité.
Bien sûr aussi, la Françafrique n’est pas encore pleinement abattue. Elle dispose d’un réseau d’éléments déstabilisateurs largement présents à l’échelle africaine et qui représentent une menace sécuritaire directe pour les Etats africains concernés. Et bien évidemment comme le rappellent bien les Panafricanistes – tant que persistera la domination économico-financière, notamment à travers le fameux Franc CFA – la souveraineté totale ne sera pas acquise.
Ceci étant dit et lorsque le chemin parcouru au cours des dernières années est observé et analysé – il ne fait pas de doute que l’Afrique et les Africains disposent aujourd’hui des moyens nécessaires afin d’arriver pleinement aux objectifs souhaités. En premier lieu et surtout grâce à eux-mêmes, à leur détermination et persévérance, à leur compréhension parfaitement admise que leurs pays et continent disposent de tout le nécessaire pour être des acteurs incontournables dans le cadre de l’ordre multipolaire international. Et en deuxième lieu avec le soutien des nations non-occidentales qui font que cet ordre multipolaire s’impose définitivement un peu plus chaque jour qui passe.
Mikhail Gamandiy-Egorov
Source : Observateur Continental