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Niger (1/3), le président Bazoum, l’allié fidèle mais exigeant des Français

Huit mois presque après son arrivée au pouvoir, le président nigérien Mohamed Bazoum tente de construire avec la France un rapport de forces autre que celui qu’il a hérité de son prédécesseur Mahamadou Issoufou dont les vues étaient systématiquement alignées derrière Paris.

 

« S’agissant des militaires français, j’ai exigé des autorités françaises qu’elles ouvrent une enquête en vue de sanctionner ceux qui ont été coupables d’actes répréhensibles ». Les mots choisis et le ton employé vendredi dernier à la télévision nationale par le président nigérien Mohamed Bazoum ont eu un effet de surprise dans l’opinion de son pays et bien au-delà.

Allié, mais pas vassal 

Ce n’est pas la première fois depuis son investiture en avril dernier que le nouveau président nigérien ne prend pas de gant pour évoquer les relations entre son pays et la France. Chose totalement impensable sous prédécesseur Mahamadou Issoufou. Dans un entretien accordé, qui plus est, à France/RFI, soupçonnés à tort ou à raison d’être les voix de la France, Bazoum avait qualifié l’opération militaire française Barkhane « d’échec relatif ».

« Nous aurions souhaité dans le cadre de la coopération avec l’armée française avoir de meilleurs résultats que nous n’en avons. Cet échec relatif, c’est notre échec à tous, l’échec de l’ensemble de la coalition », avait-il estimé.

Lui, c’est lui, moi, c’est moi 

A Paris, dans l’enceinte même de l’Elysée, au coeur du pouvoir français, le président Bazoum a estimé en juillet dernier, après un sommet extraordinaire virtuel du G5 Sahel, qu’il n’appartenait pas à la France de se battre au Sahel et que « les soldats français n’avaient pas vocation à venir mourir au Sahel ».

Parlant d’Emmanuel Macron, le président nigérien s’est prévalu en octobre dernier, dans un entretien à Jeune-Afrique, d’avoir déconseillé à son homologue français, pourtant toujours sûr de lui-même, de ne pas  » sur communiquer sur le Mali ». Cette posture « d’allié mais pas vassal » est diversement accueillie dans l’opinion nigérienne.

Les uns y voyant un coup de communication alors que d’autres y trouvent une réelle volonté de sortir de l’attitude de « béni oui-oui » qui a longtemps prévalu dans les relations entre le Niger et la France. Macron et son ministère des Affaires étrangères ne juraient d’ailleurs ces dernières années au Sahel que par l’ex-président Issoufou, paré de leur part de toutes les vertus imaginables. Même si la réalité du contexte nigérien laissait voir tout le contraire.

Le test de l’uranium 

La volonté de rééquilibrer les relations avec la France, portée par le nouveau président nigérien, crée de nouvelles attentes dans l’opinion publique de son pays. Une bonne partie de la classe politique et de la société civile attend de voir comment le pouvoir actuel va s’y prendre lors des négociations à venir sur l’uranium.

Avant de quitter le pouvoir, le président Issoufou, qui avait travaillé dans une autre vie pour Areva (devenue Orano), avait conclu avec son ancien employeur les conditions de la fermeture de la mine d’uranium de la COMINAK, une des deux filiales d’Orano au Niger. Des ONG et des syndicats continuent de considérer que le Niger a été lésé dans les conditions financières et dans le suivi environnemental de la fermeture de la mine. Pour ne pas se fâcher avec la France, le régime du président Issoufou n’avait pas non plus retiré le permis d’Imouraren accordé à Orano en 2009, sous la présidence de Nicolas Sarkozy qui était spécialement à Niamey pour plaider la cause du géant français du nucléaire auprès de son homologue nigérien de l’époque Mamadou Tandja.

Censé produire 5000 tonnes d’uranium chaque année, Imouraren n’a toujours pas été mise en exploitation, Orano invoquant le mauvais cours de l’uranium sur le marché mondial. Il y a toutefois une bonne nouvelle pour l’uranium nigérien : le président Macron a annoncé en novembre dernier la relance par la France de la filière nucléaire avec la construction de nouvelles centrales. Ce qui suppose plus d’uranium acheté par la France au Niger. Ce qui suppose également de nouvelles négociations entre France et Niger sur l’achat et la production d’uranium. La volonté de rééquilibrer les relations franco-nigériennes du président Bazoum s’affichera-t-elle lors de ces négociations. Les Nigériens attendent de voir.

SourceMondAfrique

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