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OùEstmonEtat : le groupe Wagner est-il la solution ?

Dans nos pays, au Sahel, la solution passera par des politiques de développement plus ambitieuses. Au lieu de la surmilitarisation, comme avec le groupe Wagner, il faut plus appuyer des dynamiques de réconciliation locale, encourager les bonnes initiatives en faveur de la paix et surtout dialoguer avec les djihadistes.

 

Le torchon brûle entre Paris et Bamako au sujet de l’arrivée probable du groupe de sécurité privé russe Wagner. Depuis la diffusion d’un article de l’agence de presse britannique Reuters, le gouvernement français et d’autres partenaires ont mis en garde les autorités maliennes de transition par rapport à la signature éventuelle d’un contrat avec le groupe Wagner.

En marge de l’Assemblée générale des Nations unies, en septembre dernier, le ministre des Affaires étrangères russe, l’inamovible Sergueï Lavrov, avait confirmé des prises de contact entre un groupe de sécurité privé russe et le gouvernement malien. Donc, ce qui était considéré comme une rumeur à Bamako, est devenue officielle depuis.

L’idylle a tourné court

Sans être spécialiste des questions de sécurité, après plus de 8 ans de présence militaire des forces françaises et onusiennes au Mali, le bout du tunnel semble loin.

La stratégie militaire française au Sahel, malgré les multiples réaménagements, peine à convaincre. Le problème de l’opération Barkhane, à mon avis, est plutôt lié aux résultats. En 2013, après l’opération de reconquête des zones du nord du Mali par l’opération Serval, le président François Hollande a été accueilli en  « sauveur » par le peuple malien lors de sa visite historique. Cette reconnaissance pouvait se voir avec le drapeau français sur les pinasses à Mopti ou encore par le monument à Konna du premier soldat français tombé au Mali, Damien Boiteux. En effet, l’idylle semble avoir tourné court.

Est-ce que ce que l’opération Barkhane, avec ses 5 000 soldats, n’a pas pu avoir comme résultats, le groupe Wagner pourrait ? Le groupe de sécurité privé russe Wagner est considéré, à tort ou à raison, comme un groupe de mercenaires à la solde du Kremlin. La diplomatie française et celle de l’Union européenne menacent de revoir leur coopération sécuritaire avec le Mali en cas de déploiement de Wagner dans le pays. Même les États-Unis ne sont pas indifférents.

La paix à tout prix ?

La population malienne, dans sa quête de paix, se préoccupe peu de la terminologie « mercenaire », « soldat » ou autres. Elle veut des résultats sur le terrain, qui tardent à venir depuis le changement de régime en août 2020.

Cependant, il faut dire que la protection de la population malienne incombe en premier lieu aux Forces armées maliennes (FAMa). Ensuite, la diversification de nos partenaires ne devrait en aucun cas mettre en péril des partenariats existants. Le gouvernement malien devrait être clair avec ses partenaires sur ce dossier. Il a négocié quoi en Russie et avec qui ? En plus de cela, il faut rassurer l’ensemble des parties prenantes au processus de paix du bien-fondé d’une telle démarche.

« Un régime, un partenaire »

Le débat sur l’arrivée prochaine des paramilitaires russes au Mali montre clairement que beaucoup de nos compatriotes n’ont pas compris les enjeux du moment. La vraie priorité aujourd’hui, c’est le retour de l’État. Mais de quel État il s’agit ? Celui qui a échoué pendant les 60 dernières années ?

Nous devons comprendre que le « tout sécuritaire » ne marchera pas au Sahel. Il faut des politiques de développement plus ambitieuses dans nos différents pays. La surmilitarisation de notre pays n’est pas une solution pérenne, il faut plus appuyer des dynamiques de réconciliation locale, encourager les bonnes initiatives en faveur de la paix et surtout dialoguer avec les djihadistes.

Au Mali, nous avons le droit d’explorer d’autres pistes de solutions pour la stabilisation de la situation sécuritaire. Nous pouvons faire appel à l’État russe ou encore signer un contrat avec le groupe Wagner, mais ces derniers ne peuvent rien faire si les Maliens n’acceptent pas le vivre- ensemble. Nous ne voulons pas que le pays se transforme en « un régime, un partenaire ».

Source : Benbere

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