La localité de Soumpi (cercle de Niafunké) a abrité le 14 juillet une cérémonie de réconciliation entre les communautés noire d’une part et touareg et tamasheq d’autre part. L’évènement a eu lieu en présence de l’ensemble des 18 chefs de village et notables des communautés noires et des chefs de fractions et villages touareg de Dofana, Enekar, Edouarek, Toubel, 7ème groupe.
C’est le grand prêcheur et cadi, Algaly Soumpi, qui était à la tête des populations noires. Tandis que le maire Mohamed Dofana, initiateur de la rencontre, dirigeait la délégation des communautés touareg et tamasheq. La cérémonie, placée sous la présidence du préfet adjoint du cercle, Drissa Zou Coulibaly, s’est déroulée en présence du sous-préfet de la commune de Soumpi, Oumar Bouaré.
Ce fut l’occasion pour les populations touareg déplacées dans les camps de réfugiés en Mauritanie de s’excuser auprès des populations noires et préparer leur retour définitif. En effet, depuis le début de la crise en janvier dernier, une grande méfiance s’est installée entre ces communautés.
Des anciens ont témoigné que c’est la première fois qu’une si grande mésentente s’installe entre ces communautés vivant en harmonie depuis longtemps. La mésentente est due au fait que des Touareg et Arabes ont pactisé avec les occupants venus imposer un islam rigoriste.
Les porte-paroles de ces communautés ont demandé pardon et exprimé leur désir de revenir vivre dans leur terroir d’origine. « Nous avons été victimes aussi de cette situation. Nous ne demandons pas pardon pour encourager l’impunité au contraire nous voulons que plus jamais de tels actes ne se reproduisent et pour cela il faut une vraie justice pour tous », a souligné le chef de fraction de Enekar qui a souhaité pouvoir participer à l’élection présidentielle. Le leader communautaire tenait à s’assurer que tout risque d’affrontement intercommunautaire est écarté avant le retour des siens.
Le chef de village de Dofana, Alkassim, a assuré que le retour des réfugiés permettra de réduire le banditisme résiduel qui sévit dans la zone parce que les bandits et les coupeurs de route, après leurs forfaits, se retirent dans les camps de refugiés en Mauritanie. « Nous avons aussi perdu beaucoup de biens dans cette guerre », a assuré le chef de village.
Le cadi Algaly Soumpi, personnalité très influente dans la zone, a encouragé les populations noires à accepter le pardon présenté. Plusieurs chefs de village et notables de la commune ont exprimé leur souhait de voir revenir le plus tôt possible leurs frères touaregs et arabes aujourd’hui réfugiés en Mauritanie et ailleurs. « Nous voulons que nos frères refugiés ailleurs reviennent le plus vite afin que la paix soit consolidée », ont-ils indiqué.
Le préfet adjoint a salué l’initiative du maire Mohamed Dofana et remercié l’ensemble des populations de la commune pour leur courage et leur compréhension du contexte actuel du pays. « Une paix véritable et durable n’est possible que si les différentes communautés ont la volonté de se parler et de se pardonner », a souligné l’administrateur.
C’est dans une atmosphère de fraternité et de concorde que la cérémonie a pris fin par des bénédictions prononcées par le cadi Algaly Soumpi.
S. A. MAIGA
AMAP-Niafunké
Source: L’Essor