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Négociations Gouvernement-Groupes armés rebelles : Les vraies préoccupations des populations du Nord sacrifiées sur l’autel des réclamations récurrentes des rebelles !

Parce que nous sommes dans un pays malade qui est entre les mains de médecins qui se sont trompés de diagnostic. Parce que détenir le pouvoir, c’est être capable de faire en sorte que la souffrance des populations décroisse. Parce que si tout le monde crie aujourd’hui, sauf les tenants du pouvoir, c’est que les choses ne sont pas -n’ont jamais été- comme elles devraient être…

 MNLA NEGOCIATION AZAWAD ALGERIE ACCORD CADRE

La 1ère étape de la négociation des questions de fond entre le gouvernement et les groupes rebelles armés et d’autodéfense démarrera le 1er septembre prochain à Alger. A seulement quelques jours, ceux qui ont pris les armes contre l’Etat malien, dont ils avaient cessé à un moment donné de se réclamer, ont posé des exigences qui seront au cœur des prochaines négociations.

Ces exigences, de l’avis général, ont des relents de déjà-vu : intégration massive des combattants dans l’armée nationale, partage des responsabilités militaires, nomination des cadres civils de la rébellion…Sans parler de toutes les ‘’maniganceries’’ qu’ils déploieront pour ouvrir, grande, la porte de l’armée à « tout ce que le nord compte de bergers et de chômeurs arabes ou touareg », pour reprendre Tiekorobani (1). Aussi demandent-ils l’institution d’un statut particulier pour l’ensemble des trois régions du nord (Tombouctou, Gao et Kidal).

Il faut tout de suite livrer un constat qui consiste à dire que les groupes rebelles, qui se sentent en pole position au nord depuis la dégradation de la situation après la visite de Moussa Mara, sont bien décidés à soumettre le gouvernement à un diktat qui ne dit pas son nom. On sait que tout cela était prévisible. Ces exigences, ou réclamations, que les groupes rebelles armés (MNLA, HCUA, MAA) vont soumettre au médiateur qu’est l’Algérie, n’ont rien, mais absolument rien, d’étonnant. Parce qu’elles sont pour les groupes rebelles ce qu’est pour IBK et son establishment l’achat d’un avion : c’est-à-dire à la fois normales et extravagantes. Parce que nous sommes dans un pays malade qui est entre les mains de médecins qui se sont trompés de diagnostic. Parce que détenir le pouvoir, c’est être capable de faire en sorte que la souffrance des populations décroisse. Parce que si tout le monde crie aujourd’hui, sauf les tenants du pouvoir, c’est que les choses ne sont pas -n’ont jamais été- comme elles devraient être. Parce que pour faire le changement, il faut tourner le dos au népotisme, favoritisme, clanisme. Parce que gérer un pays, c’est avoir une logique à laquelle il faut rester fidèle.

Ces réclamations des groupes rebelles armés apparaissent comme une remise de celles des rebellions antérieures, qui ont débouché sur des accords que tous dénoncent aujourd’hui d’une seule voix. On réintègre, on accorde une promotion, on nomme…et après quelques années de répit, les mêmes privilégiés de la rébellion n’auront pas l’ombre d’une crainte de reprendre le chemin de la rébellion. Désertent les rangs de l’armée, crachent sur tout ce que le pays a comme valeur, commettent des crimes en toute impunité…

Et, à partir du moment où le rapport de force est favorable aux groupes rebelles armés au nord, il faut parier que ces réclamations vont encore une fois passer aux négociations comme la lettre à la poste. Une évidence qui n’est rien de moins que l’expression achevée de la faiblesse d’un pouvoir en perte de sens. Dire cela, ce n’est pas spéculer mais faire preuve de réalisme.

Ces réclamations qui n’ont rien à voir avec les aspirations des populations du nord

En effet, les gouvernements maliens ont été toujours partisans de la solution politique. Ce qui a d’ailleurs conduit à des accords de paix qui n’ont jamais atténué la souffrance des populations, et réglé les difficultés qui ont toujours engendré des mouvements de violences dans cette partie du pays. Les vrais déterminants des rebellions, à savoir l’affaiblissement du pouvoir central politique, et l’aggravation des conditions économiques des populations,  n’ont jamais été traités comme il se devait. Ce sont là les véritables raisons de ces rebellions qui, à force de manipulations, reprennent à leur compte des revendications d’indépendance, vieilles de plus de 60 ans, qui remontent à l’époque de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS), que la France souhaitait créer « pour récupérer les régions sahariennes de plusieurs pays ( Niger, Mali, Algérie, Soudan) afin de maintenir son contrôle sur les ressources qu’elles abritent (2)»  C’est dans cette logique que s’inscrit la démarche de la rébellion du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), du Haut Conseil Pour l’Unicité de l’Azawad (HCUA), et du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA) qui, comme toutes les autres rébellions, ont aussi, à n’en plus finir, agité l’argument facile de la marginalisation du Nord  du Mali.

Les leçons que les populations du Nord ont tirées du « Pacte National » et des « Accords d’Alger » ont été que pour faire partie de la catégorie des privilégiés, il faut prendre le chemin de la rébellion. C’est pourquoi, le régime d’IBK en optant, encore une fois, pour le dialogue doit faire preuve de prudence extrême. Il doit placer au centre des négociations les principales préoccupations de toutes les populations du Nord : multiplication des points d’accès à l’éducation, à la santé, la protection des populations, la présence de l’armée, promotion de la formation professionnelle…

Cela posé, il reste à ajouter que le bilan, catastrophique, des négociations antérieures doit engager le gouvernement malien à prendre conscience que les revendications des rébellions, actuelles et passées, ne prennent pas en compte les préoccupations de toutes les populations du Nord. Et que ces négociations n’ont, à la vérité, servi qu’à sauver la mise aux maitres d’œuvre des rébellions et leur clique : les premiers avaient des promotions, les seconds étaient intégrés ou réintégrés dans l’armée nationale. Cependant que les vraies aspirations des populations restaient sans réponses. Ces populations au nom desquelles ils prétendent prendre les armes, mais qui ne les ont jamais mandatés ! C’est là que s’impose le besoin de préciser qu’il faut éviter l’amalgame en n’assimilant pas les populations touareg, arabes aux rebelles du MNLA, du HCUA et du MAA.

(1)            Les groupes armés exigent : Un quota de 3.000 soldats et de 100 généraux dans l’armée malienne, Le Procès Verbal, Tièkorobani

(2)            Cahier spécial, La Crise du Nord, recueil de contributions, décembre 2012

Boubacar Sangaré  

 

SOURCE: Le Flambeau  du   29 août 2014.
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