Pour la recherche de solutions à la crise sécuritaire que traverse notre pays, plusieurs options sont envisagées. La question de négocier avec des groupes djihadistes a longtemps opposé le Mali et certains partenaires dont la France. Après avoir dit niet à cette option, la France nuance sa position et soutient que des négociations sont possibles avec certains éléments des groupes djihadistes.
Pour rappel, des hommes politiques maliens ont toujours opté pour la négociation avec des groupes djihadistes. Aussi, le rapport final de la conférence d’entente nationale de 2017 a recommandé d’entamer des discussions avec les djihadistes. Lors de cette conférence, les participants ont proposé d’ouvrir le dialogue et de négocier avec le prêcheur radical Hamadoun Kouffa et Iyad Ag Ghali, le leader du groupe djihadiste Ansar Eddine.
Egalement, en fin 2019 le Dialogue national inclusif a recommandé d’engager le dialogue avec Amadou Koufa et lyad Ag Ghali pour ramener la paix au Mali.
A leur arrivée au pouvoir, les autorités de la Transition ont réitéré le principe de l’ouverture d’un dialogue avec les groupes islamistes armés. Dans un entretien sur France 24 et RFI, le Premier ministre Moctar OUANE a exprimé le souhait de son gouvernement « d’engager le dialogue avec tous les enfants du Mali sans exclusive ». Il a précisé que cette décision découle de la volonté d’« être en phase avec la volonté des Maliens et de tenir compte des réalités nationales ».
C’est dire que depuis longtemps l’option de négocier avec les djihadistes n’était plus un sujet tabou au Mali. Le principal obstacle à l’exploration de cette piste était la France qui s’était montrée réticente.
Dans une interview à Jeune Afrique au mois de novembre passé, le Président français, Emmanuel MACRON, s’est montré catégorique : « avec les terroristes, on ne discute pas. On combat ».
De son côté, la ministre française des armées, Florence Parly, a déclaré : « on ne peut pas dialoguer avec les groupes djihadistes qui n’ont pas renoncé au combat terroriste ». Avant elle, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait été plus direct en ces termes: « disons les choses très clairement : il y a les accords de paix […] et puis il y a les groupes terroristes qui n’ont pas signé les accords de paix […]. Les choses sont simples ».
Même l’ancien président François Hollande n’est pas resté muet sur cette question qui a régulièrement dominé les débats sur la recherche de solutions à la crise sécuritaire qui sévit dans notre pays. Dans une sortie sur France Inter, il a déclaré : « il faut être intraitable avec le terrorisme, mais il faut être aussi extrêmement ferme à l’égard du pouvoir malien. L’idée que l’on pourrait avoir des négociations avec ceux-là mêmes qu’on cherche à frapper me paraîtrait un manquement par rapport aux engagements qui avaient été pris au moment du départ de cette opération ».
Malgré le refus de son principal allié militaire, le Mali n’a pas renoncé à l’ouverture de pourparlers directs avec les djihadistes. Désormais, la France nuance sa position sans rejoindre le Mali sur une ouverture totale au dialogue. Le lundi passé, l’Élysée a déclaré qu’au Sahel des négociations sont possibles avec des éléments des groupes djihadistes, mais restent exclues avec les directions d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique. La présidence française a même précisé qu’un sommet sur la situation régionale se tiendrait en Afrique en février.
Les jours à venir nous diront davantage sur les contours des éventuelles discussions avec les groupes djihadistes admissibles au dialogue.
PAR MODIBO KONE
Source : INFO-MATIN