Le 25 août 2016, les populations de M’Pesseba, à 45 km de Koutiala, ont vécu un fait qui sort de l’ordinaire. Ce jour-là, un jeune homme du nom de Yacouba Coulibaly, qui a pour habitude de voler au marché, jette son dévolu sur des moutons. Ce gibier a de l’intérêt car les prix ont pris l’ascenseur en cette veille de Tabaski.
Profitant de l’absence des locataires d’une concession où sont attachés des moutons et des chèvres, Yacouba s’y introduit. Après avoir détaché trois gros béliers et un cabri bien gras, il tombe nez à nez avec un habitant de la concession qui alerte les voisins par des cris. Yacouba s’enfuit; il est poursuivi par une foule qui s’était spontanément formée. Dans sa fuite, le voleur entre dans la cour de la radio rurale de M’Pessoba. La cour est prise d’assaut par de jeunes gens armés de pierres, de bâtons et de tout ce qui peut écraser une tête de voleur. N’ayant pas d’autre endroit où se cacher, Yacouba se jette dans un puits creusé dans la cour de la radio ! Comme on lui tend une corde pour le sortir de là, il menace de tuer toute personne qui tenterait de le secourir. Les badauds n’ont pas d’autre choix que d’informer la gendarmerie. Quatre agents sont dépêchés sur les lieux pour sortir le voleur du puits et le conduire à la gendarmerie. Les mêmes menaces de mort sont proférées par l’intéressé à l’endroit des gendarmes. Ceux-ci ne prennent pas le risque de descendre dans le puits. La scène dure des heures. La foule est de plus en plus exaspérée par l’incapacité des gendarmes à faire sortir le voleur à l’air libre. Inondés de questions et de reproches, les quatre gendarmes déclarent ne pas disposer de matériel adéquat pour descendre dans le puits.
La protection civile est appelée. Ses agents engagent des négociations avec Yacouba. Après des négociation au cours desquelles les pompiers lui promettent qu’il ne sera pas lynché, le voleur accepte de se laisser sortir du puits. Il est ensuite remis aux gendarmes qui le conduisent à Koutiala. Présenté au procureur au soir du 26 août, Yacouba est placé sous mandat de dépôt. Incarcéré à la maison d’arrêt de Koutiala, il y fêtera la tabaski, Sans mouton ni cabri…
Abdoulaye Guindo
Source: proces-verbal