A moins d’un an du rendez-vous électoral le plus attendu au Mali, à savoir la présidentielle, le thermomètre affiche une température au-dessus de la normale. Les ambitieux, les prétentieux et les mécontents du régime se bousculent sur les plateaux des chaines de télévision et autres médias pour exprimer leurs vœux. Après Hamadoun Touré, l’ex-patron de l’UIT, c’est au tour de Moussa Sinko Coulibaly de sortir de sa réserve après sa démission de l’armée pour exprimer clairement son ambition, celle de se battre pour la réalisation de l’alternance en 2018. Son rêve d’être à Koulouba est-il de l’ambition ou de la prétention ?
Rien qu’en se basant sur les annonces, les sorties médiatiques et les mouvements des hommes politiques sur le terrain, tout porte à croire que le peuple aura droit à de chaudes empoignades et surtout à une compétition électorale la plus ouverte et la plus démocratique en 2018. Ainsi à quelques encablures de ces joutes électorales le remue-ménage semble commencer et les prétendants fourbissent leurs armes. Parmi eux, il y a Moussa Sinko Coulibaly. En effet, le désormais ex-général de l’armée malienne, est à la Une de l’actualité, il fait beaucoup parler de lui à Bamako et même à l’intérieur du Pays, en organisant les rencontres à un rythme infernal dans son quartier général à Faladié et dans d’autres endroits. Au regard de ses agissements et comptant sur ses fans-clubs de plus en plus nombreux, il ne fait plus mystère de son ambition présidentielle pour cette année. Il est en train de préparer le lancement d’un grand mouvement dont le baptême de feu est prévu pour le 20 janvier 2018, fête de l’Armée, au stade du 26 mars. La question que beaucoup d’observateurs se posent est celle de savoir comment en si peu de temps le général putschiste, grand inconnu jusqu’à 2012, peut-il prétendre convaincre la majorité des électeurs à voter pour lui. Ou bien a-t-il des soutiens autres que le peuple malien ? Son ambition semble démesurée, parce qu’au Mali l’on ne retient de lui aucun haut fait d’armes, pas au sein de l’armée et encore moins sur le plan politique et civil. Les deux images que le Malien lambda retient de lui c’est sa participation au coup d’Etat du 22 mars 2012 et sa sortie hasardeuse à la fin du premier tour de l’élection présidentielle de 2013 où, sans attendre la fin du dépouillement, il a voulu proclamer vainqueur celui qu’il combat aujourd’hui, à savoir le Président IBK.
Ceux qui rêvent de l’effet Macron au Mali ne semblent pas comprendre la différence socioculturelle entre le Mali et la France, et surtout la maturité démocratique du peuple français. Ceux qui brandissent le concept du jeunisme semblent oublier que l’Afrique en général et le Mali en particulier ont une culture gérontocratique, c’est-à-dire que le pouvoir est exercé par les personnes les plus âgées de la société car supposées plus sages. Cette preuve a été donnée en 2013 quand les électeurs ont voté massivement pour les deux plus vieux candidats à la présidentielle, à savoir IBK et Soumaila Cissé.
En définitive, Moussa Sinko Coulibaly gagnerait en revoyant à la baisse son ambition et en s’inscrivant dans une vaste dynamique pour l’alternance en 2018.
Youssouf Sissoko
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Source: infosepte mali