Après sa nomination à la tête du Gouvernement, Moussa Mara a assisté à la cérémonie d’ouverture de la première session ordinaire de la 5ème législature. Sa nomination semble avoir été mal perçue par la majorité parlementaire, les honorables députés n’ayant pas raté cette occasion pour manifester leur colère en accueillant à l’hémicycle le tout nouveau Premier ministre dans un silence de mort.
Assemblée nationale
En réservant un accueil glacial à Moussa Mara et en refusant de s’associer à une motion de félicitation à lui adressée par le président de l’Assemblée nationale lors de la rentrée solennelle de l’institution parlementaire, tout porte à croire que nous allons assister à un rapport tendu entre les députés et le Premier ministre. En tout cas, le ton a été donné par le parti présidentiel. Le RPM, dans un communiqué en date du 6 avril 2014, prend acte de cette nomination et invite ses militants à la sérénité et à la mobilisation sans aucune motion de félicitation à l’endroit du nouveau chef du gouvernement. Comme pour dire que la colère et la déception sont de taille dans les rangs du parti majoritaire et de ses alliés. «Le Bureau Politique National du Rassemblement Pour le Mali (BPN/RPM) invite les militantes, militants et sympathisants du RPM à rester sereins, soudés et mobilisés autour du projet commun de changement qualitatif au Mali», indique ledit communiqué signé par la vice-présidente, Rokiatou N’Diaye.
Une telle réaction, au lendemain de la nomination de Moussa Mara, n’augure rien de bon dans les futurs rapports entre le PM et le parti majoritaire à l’Assemblée nationale.
Quelle mouche a piqué IBK pour qu’il nomme Moussa Mara, qui de surcroit n’a qu’un seul député, pour diriger le Gouvernement ? IBK ne fait-il pas confiance aux cadres du RPM ? Voilà les questions qui revenaient tout au long de la cérémonie d’ouverture de la session, entre les députés dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Incapables de répondre à ces interrogations, certains d’entre eux jurent de rendre la vie difficile à Moussa Mara.
Cette attitude des députés du RPM et de certains de ses alliés traduit sans nul doute la colère et la déception dans les rangs de la majorité parlementaire. Ce désaveu qui restera longtemps en travers de leurs gorges met déjà à mal la cohésion de cette majorité forte de 70 députés. Sans risque de se tromper, on peut déjà parler de la création d’une opposition au sein de la majorité parlementaire. En plus d’elle, l’opposition parlementaire n’approuve pas également le choix du président de la République. Mody N’Diaye, président du groupe VRD, estime que cette nomination constitue un déni du fait majoritaire. Selon lui, le problème ne se pose pas en terme de compétences ou d’aptitude à diriger mais en terme de respect des règles démocratiques. Malheureusement, les «apprentis» politiques de cette majorité n’ont pas compris la démarche du locataire de Koulouba depuis 7mois. IBK a été on ne peut plus clair : « On ne me trimbale pas, je ne dois rien à personne, je dois mon élection au peuple malien qui m’a accordé sa confiance. Aucun parti politique ne m’a élu ».
La nomination de Moussa Mara à la tête du gouvernement est sans nul doute le résultat de cette démarche. Conscient de la pression et des coups bas politiques, IBK aurait décidé de ne pas être le prisonnier des cadres du RPM et de ses alliés politiques. Nommé pour sa compétence et sa grande vision pour le Mali, Moussa Mara aura fort à faire avec les sorciers politiques qui sont plus que jamais déterminés à mettre en mal la stabilité politique de notre pays, pour des intérêts personnels.
Nouhoum DICKO