Après la passation de service avec le Premier ministre sortant, Oumar Tatam Ly, Moussa Mara a fait une déclaration à la presse hier, mercredi, à la Primature. Au cours de ces échanges, le tout nouveau Premier ministre a décliné les grands axes de la mission que lui a confiée le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. Il en a également profité pour lever toute équivoque concernant sa loyauté envers le Président de la République.
Moussa Mara
Tout d’abord, les premiers mots de Moussa Mara ont été des messages de remerciement à l’endroit du Chef de l’Etat pour la confiance portée sur sa personne et pour l’honneur qui lui a été fait en lui confiant la responsabilité de conduire l’action du Gouvernement, en ces moments difficiles pour notre peuple.
Mara a également eu des mots aimables à l’endroit de son prédécesseur, Oumar Tatam Ly, pour les actions déjà initiées avec un sens de l’engagement qu’il lui-même pu mesurer. Dans la tête de Moussa Mara, c’est très clair: il a été nommé pour mettre œuvre les orientations du Président de la République, massivement approuvées par les populations maliennes à l’occasion de la dernière présidentielle.
C’est pourquoi, il a martelé qu’il allait mener cette mission dans un état d’esprit de loyauté envers le Chef de l’Etat. «Je servirai IBK avec loyauté. Nous n’oublions pas que c’est le Président de la République, choisi par les Maliens. Le Gouvernement constitue son instrument d’action. Le Gouvernement ne saurait exister, un membre du Gouvernement ne saurait travailler, s’il n’est pas loyal envers le Chef de l’Etat et acquis à ses idées.
Nous conduirons l’action du Gouvernement avec un esprit de solidarité entre les membres du Gouvernement. Il ne peut y avoir de Gouvernement sans esprit d’équipe. Une équipe, c’est tout le monde dans la même direction, avec la volonté de réussir ensemble. Une équipe, ce n’est que des individualités qu’on conduit, et nous allons y veiller. Nous allons animer le Gouvernement avec un état d’esprit d’intégrité absolue. Nous ne pouvons plus permettre dans notre pays que la responsabilité publique soit perçue comme un ascenseur socioéconomique. Il faut que le responsable public soit au-dessus de tout soupçon. Nous allons veiller à ce que l’intégrité des membres du Gouvernement soit réelle et consacrée».
Concernant les axes de sa politique, en premier lieu il a parlé de la restauration et du renforcement de nos institutions. «Vous n’avez pas vu de pays sans institutions, vous n’avez pas vu de République sans institutions», a déclaré le Président du parti Yèlèma. Dans ce sens, Mara veut renforcer la gouvernance et améliorer les rapports entre les citoyens et l’Etat. Il s’agit là de faire en sorte que notre Etat puisse être grandement restauré, sur l’ensemble de notre territoire.
Le second axe de la politique gouvernementale de Moussa Mara portera sur la sécurité de l’ensemble des Maliens, partout où ils se trouvent, sur l’ensemble du territoire national. Ensuite, parlant de la réconciliation nationale, le nouveau Premier ministre a indiqué «il nous faut recoudre le tissu social, qui a été particulièrement traumatisé par les troubles des années précédentes en faisant en sorte que les Maliens puissent, mains dans la main, continuer à croire de nouveau en notre pays et s’employer de nouveau à ce que le Mali puisse avancer».
Autre axe de sa politique, redresser l’école et l’économie. «Il faut créer les conditions d’un développement économique significatif, qui puisse se traduire par une réduction forte de la pauvreté et, en même temps, que les fruits de cette prospérité soit équitablement répartis. Qu’on fasse en sorte que le coût de la vie, en particulier dans nos villes, soit supportable, que le panier de la ménagère soit amélioré. Il y a enfin le développement social. Il s’agit de faire en sort que les services de base, eau, éducation, santé, électricité, logement, puissent être accessibles au plus grand nombre de populations. Que les plus faibles de notre société puissent être secourus. Le développement constitue l’un des axes majeurs de la mission que le Président de la République m’a confiée», a déclaré le nouveau Premier ministre, visiblement très en forme et prêt à faire face aux défis qui l’attendent.
Moussa Mara a aussi réaffirmé sa volonté de mener sa mission avec l’idée de récompense du mérite et la culture de la sanction. «La gouvernance ne peut fonctionner sans que le mérite ne soit récompensé et que la faute ne soit sanctionnée». Dans la conduite de ses actions, il aura également à l’esprit l’équité entre les citoyens. «Quelle que soit notre position sociale, notre genre, notre croyance, il faut que l’administration reste neutre et impartiale à l’égard de tous. C’est dans l’équité que nous allons amener les Maliens à croire de nouveau à l’Etat», a-t-il noté.
Mais le Premier ministre et son Gouvernement ne pourront réussir que s’ils reposent sur un socle solide. C’est pourquoi, Mara a annoncé «le socle sur lequel nous allons nous fonder, c’est la majorité présidentielle. Nous allons nous employer très rapidement à faire en sorte que la majorité présidentielle et l’Exécutif soient main dans la main. Cette majorité sera centrale dans notre action. Il ne peut y avoir de Gouvernement sans politique. Le second socle sur lequel nous allons nous fonder, c’est la société malienne. Nous allons faire en sorte qu’entre l’Exécutif et la société, nos leaders traditionnels, religieux, sociaux, il n’y ait plus de méfiance. Il faut que nous décloisonnions notre société».
Concernant la méthode, Mossa Mara a soutenu qu’il aurait à cœur le résultat, non pas en termes de réalisations, mais de bien-être des populations. Car, selon lui, l’Etat n’a d’autre justification que la satisfaction des attentes des citoyens. C’est la raison pour laquelle il sera attentif à ce que toute action que son Gouvernement posera soit mesurée à l’aulne de son impact sur le bien-être des populations. Dans ce cadre, Mara entend reconfigurer le Programme d’action gouvernemental de 2013.
Autre réforme que le Premier ministre entend inculquer, la rapidité de la machine administrative. «La lourdeur, l’indifférence, ne seront plus permises. Nous allons nous employer à ce que l’administration soit au service de tous et à l’écoute des populations», a-t-il dit.
Il a conclu cette déclaration par un vibrant appel aux populations maliennes: «le Malien doit savoir que la réussite du Mali dépend de lui. Des autorités, certes, mais le citoyen a une responsabilité particulière». Il a donc demandé aux Maliens «que chacun mesure sa responsabilité, s’engage à travailler avec l’Etat, respecte les règles, paye ses impôts et s’implique davantage, pour qu’ensemble on sorte le Mali de l’ornière».
Youssouf Diallo