« Nous avons construit beaucoup de salles de classes, dans tous les villages, partout dans le pays. Nous avons donc augmenté l’accès, puisqu’on a de plus en plus d’enfants qui vont à l’école. Mais, malheureusement, au détriment de la qualité, parce que nous n’avons pas les moyens de l’accès de nos enfants à l’école. Nous n’avons pas les moyens en termes d’infrastructure. Nous n’avons pas les moyens en terme de contrôle pédagogique, nous n’avons pas les moyens en terme d’enseignement secondaire et d’enseignement supérieur. C’est ce qui a fait qu’avec la démographie importante de notre pays, nous avons été obligés de laisser les enfants passer de classe en classe, sans forcément avoir le niveau » a-t-il souligné.
A le croire, notre pays a été obligé d’ouvrir l’enseignement aux privés sans contrôle. Au résultat, dira-t-il, il y a une baisse significative de la qualité du système, et comme c’est un effet d’entrainement, les enfants d’aujourd’hui sont les enseignants de demain. Et d’ajouter que l’enseignement a baissé de qualité, d’année en année aujourd’hui pour atteindre un niveau déplorable. Et de mettre en garde que nous devons arrêter la descente aux enfers de la qualité de notre système éducatif. Pour cela, dit-il, « il faut mettre au cœur du système, l’enseignement et quand on dit l’enseignement, ce sont les enseignants. Nous devons mettre les enseignants au cœur de notre système ».
Mettre en place un système unique pour les enseignants
Moussa Mara estime que pour le faire, il faut mettre en place un système unique sur notre question pédagogique. Et d’ajouter que du jardin d’enfant à l’université, nous devons organiser notre système pédagogique de manière unique. «De quel niveau nos enseignants du primaire on besoin? De quel niveau celui du secondaire et du supérieur ont besoin ? Et que tout ce dispositif soit confié à l’université pour fixer les niveaux, pour organiser le système de recrutement et pour organiser le système de formation continue, parce qu’il ne s’agit pas d’avoir des enseignants de qualité en recrutant, il faut maintenir cette qualité pendant toute leur période d’enseignement. Nous devons donc avoir un système unique par rapport à la question pédagogie. Ensuite, les enseignants, nous devons les recruter selon des filières uniques » a-t-il insisté.
Moussa Mara veut que tous les enseignants maliens passent par le même filtre, pour donner les mêmes qualités d’enseignement aux enfants. Et pour cela, il propose qu’on fasse en sorte que ce système unique se poursuive dans le contrôle qualité dans l’inspection, dans les conditions académiques, dans l’enseignement et dans le contrôle, mais aussi dans l’évolution de la carrière. Et d’ajouter encore que les Maliens doivent faire en sorte que l’enseignant soit au cœur et s’il le faut, compte tenu de la faiblesse de nos moyens, nous devons arbitrer en faveur des enseignants.
Il a indiqué qu’il préfère avoir un bon enseignant avec des enfants sous un arbre qu’un mauvais enseignant avec des enfants dans une salle de classe bien équipée, parce que c’est l’enseignant qui fait la différence. Donc, arbitrons, mettons le maximum de moyens sur les enseignants, s’il le faut au dépend des infrastructures.
Améliorer les conditions de vie des enseignants
Pour Moussa Mara, nous devons évidemment améliorer les conditions de vie des enseignants (salaires, indemnités, congés, organisation, conditions de travail), faisons tout pour que nos enseignants se sentent à l’aise dans le système. Et d’expliquer que les enseignants soient mieux formés, mieux recrutés, mieux encadrés, mieux accompagnés. C’est la seule condition pour que nous puissions avoir un enseignement de qualité, quel que soit l’ordre d’enseignement. « Nous devons aussi accepter de nous comparer aux autres pays. Tous les dispositifs internationaux, qui existent pour que nos enseignants soient de qualité, qu’on puisse aller vers ces dispositifs. Le système de CAMES, dans l’enseignement supérieur, pour permettre à nos professeurs titulaires, à nos maîtres de conférences, à nos maîtres assistants d’être de qualité, nous devons aller dans ce sens. Le Mali n’est pas un ilot perdu dans l’océan, il est en compétition avec les autres pays. Tous les dispositifs qui nous permettrons de nous renforcer par rapport à nos compétences, de nous renforcer par rapport à notre qualité d’enseignement et tous ces dispositifs, nous devons les suivre. La qualité de l’enseignement va sauver notre système éducatif. Accordons-y les meilleurs de nos moyens, accordons-y la majorité de nos moyens » a-t-il conclu.
Abréhima GNISSAMA
Source: Mali Horizon