Celui que j’appelle « Le Maître Perrenoud » nous enseigne que le « Syndicalisme enseignant n’est pas un syndicalisme comme les autres ». Notre grand réformateur pédagogique précise :
« Dans l’enseignement public, les dirigeants sont des élus ou des fonctionnaires, il n’y a aucun profit, on travaille pour le bien public ou pour celui des élèves. On demande volontiers aux enseignants de limiter la défense de leurs intérêts corporatifs : ainsi, le temps de travail des maîtres ne peut-il être réduit ou aménagé, comme dans d’autres secteurs, dans la pure perspective d’acquis sociaux progressifs ; il faut tenir compte des programmes, des rythmes des élèves et des familles. . . »
Je voudrais que les collègues enseignants comprennent ceci : une école n’est pas une entreprise de production. Dans la pénurie actuelle de ciment au Mali, si les travailleurs d’une cimenterie déposaient un préavis de trois (03) jours, le patron de l’unité industrielle n’acceptera même pas qu’un jour de grève se tienne : il a des engagements à tenir, des commandes qui se chiffrent en centaines de millions et délais à respecter. Plutôt que de perdre de gros clients, il fera de grandes concessions aux travailleurs de l’usine. L’école n’est pas dans un schéma semblable !
Faire le syndicalisme dans l’enseignement comme on le ferait dans une usine, dans une banque ou à la douane, c’est exposer tout le monde à trois risques identifiés par Perrenoud qui déclare : « En temps ordinaire, lorsque les enjeux sont propres à l’éducation, et même à un ordre d’enseignement particulier, les risques sont d’un autre ordre. J’en vois trois qui sont permanents et importants :
• le risque de ne plus savoir ce qui est juste ;
• le risque de s’engluer dans la complexité des dossiers ;
• le risque de travailler contre une fraction de la base. »
Vous avez dit « PAUVRE ENSEIGNANT » ? Soit. Mais combien d’entre nous s’interrogent sur l’origine de « notre pauvreté » ? Si la question était posée à tous ceux qui évoluent dans nos classes aujourd’hui, la réponse qui sera donnée (au moins à 90%) la voici : l’enseignant n’est pas considéré dans notre pays. Réponse simpliste et peu convaincante, car on pourrait la balayer par l’argument que le malaise enseignant est un phénomène mondial (reconnu comme tel par l’UNESCO depuis les années 1970). Par contre, si nous regardons d’où nous venons (l’origine sociale de la majorité d’entre nous, membres du corps enseignant !), nous comprendrons beaucoup de choses et nous admettrons qu’il nous arrive de commettre des erreurs dans la conquête effrénée de nos droits.
D’abord, un indice pour ceux qui ont fréquenté des écoles de formation des enseignants : IPEG-ENTF- ENSEC (IFM aujourd’hui), ENSUP. Que chacun observe sa promotion tout en essayant de se rappeler la localité d’origine des autres camarades. Vous serez surpris de ne voir autour de vous que des « régionaux ». Dans les années 1980, une enquête a démontré que plus de 90% des étudiants de l’ENSUP venaient des localités de l’intérieur : être « favorisé par la naissance », naître à Bamako, y étudier jusqu’au DEF ou au Bac, c’était aussi être « éveillé », et donc savoir que l’ECICA conduisait à des emplois prestigieux (douane, Impôts, Banque, administration générale, justice, secrétariat de la haute administration d’État . . .) ; que fréquenter l’ENA (Administration ou Économie) signifiait « TU DOIS COMMANDER ». L’EHP (Ecole des Hautes Études Pratiques- IUG aujourd’hui) ? TOUCHE PAS ! Une véritable chasse gardée ! L’ESS (Ecole Secondaire de la Santé – devenue INFSS) : on connaissait pas !
L’IPEG, l’ENSEC, l’ENSUP, conduisant au métier d’enseignant, c’est donc pour les fils de paysans, d’éleveurs, de pêcheurs …Je suis catégorique sur mon opinion : c’est le chômage qui a poussé beaucoup de « Fils à Papa » à embrasser l’enseignement (faute de mieux donc
Mais comment pouvons-nous ignorer notre origine réelle ? « Pauvre enseignant » : oui, peut-être. Cependant, nous faisons partie de la « classe moyenne» ; une avancée ! Comment alors pouvons-nous participer, nous-mêmes, à notre retour à la case de départ, en privant de connaissance nos enfants, nos cousins et neveux des villages ? Alors qu’il était Secrétaire Général de l’UNESCO, le sénégalais Amadou Matar M’BOH ne nous a-t-il pas prévenus : « C’EST CONDAMNER LES PAUVRES A LA PAUVRETÉ QUE DE LES PRIVER D’ÉDUCATION » ? Non, messieurs de la Synergie des syndicats de l’éducation ! Personne n’a contesté la légitimité de vos revendications. Mais en tant que fils de pauvre (comme l’écrasante majorité de vos militants, J’ACCUSE ! Et vous savez désormais pourquoi je désapprouve votre radicalisme. Un détail : avez-vous remarqué la position des départements de l’Education dans le nouveau gouvernement (la préséance, ordre d’importance) ?
EDUCATION NATIONALE 28e ;
ENSEGNEMENT SUPERIEUR = 29e.
SVP, faites l’effort de sortir de mon œil la brindille qui y est plantée ! Un éclat du complot que vous ne semblez pas voir !
Ensuite, « SYNDICALISME ET RÉSEAUX SOCIAUX » : parlons-en. J’ai prévenu sur la photo que ce commentaire accompagne qu’INSULTER EST UN AVEU DE FAIBLESSE. La page Facebook qui enflamme votre radicalisme syndical, IEM (Infos sur l’Enseignement au Mali) est un GROS MENSONGE. Yaya DEMBELE (administrateur de la page, validant les publications et supprimant même des membres considérés comme « peureux !» a quelle expérience de l’enseignement (et du syndicalisme) pour devenir l’icône de toute une corporation, lui qui était encore stagiaire (terminaliste) de l’IFM de Sévaré durant l’année scolaire 2017-2018 ? Où sont donc les enseignants avec leurs connaissances, leur lucidité, leur capacité d’analyse et toutes les vertus rattachées au SAVOIR ?
Le syndicalisme enseignant ne peut être qu’un SYNDICALISME D’ACCOMPAGNEMENT SOCIAL.
A vos claviers d’androïde pour les textos incendiaires que j’accepte, parce que j’aime mon pays, j’aime les enfants, JE SUIS ENSEIGNANT. Et si je à la parole, je renonce à la vie.
« Mangoya fura, wo yé tinyé tigiw ta yé ». Djénéba SECK
Source: Maliactu.Info