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Motion de censure : les intrigues politiques

S’appropriant la colère de la population qui dénonce la violence éruptive au Centre, l’insatisfaction de la demande sociale, le manque d’inclusivité dans le processus de réformes institutionnelles, les honorables députés sont rentrés de plain-pied dans la danse avec les armes qui sont les leurs. Place aux intrigues politiques et autres embrouillaminis et sursauts tardifs.

La ruse de l’Opposition

Les députés se réclamant de l’Opposition se sont illustrés par une promptitude suspecte à brandir la menace d’une motion de censure contre le Gouvernement. Ils ne sont pas à leur coup d’essai. En effet, en juin 2014, ils avaient déposé une motion de censure. En plus de deux députés de la majorité présidentielle, les 22 députés de l’opposition malienne ont voté pour la motion de censure contre le gouvernement du Premier ministre Moussa MARA. La motion a été rejetée. En remettant ça cette fois-ci, l’opposition parlementaire savait pertinemment le sort qui était réservé à sa motion. Et pour cause, selon l’article 78 de la Constitution ‘’(…) l’Assemblée nationale met en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d’une motion de censure. Une telle motion n’est recevable que si elle est signée par un dixième au moins des membres de l’Assemblée nationale.

Le vote ne peut avoir lieu que quarante-huit heures après son dépôt. Seuls sont recensés les votes favorables à la motion de censure qui ne peut être adoptée qu’à la majorité des deux tiers des membres composant l’Assemblée. Si la motion de censure est rejetée, les signataires ne peuvent en proposer une nouvelle au cours de la même session’’.

Or, l’Opposition parlementaire est loin de réunir les 2/3 des membres de l’Assemblée nationale représentant 98 députés/147 pour l’adoption de la motion. Donc, aucune chance pour elle de renverser le Gouvernement. Le subterfuge consistant alors à coiffer au poteau ceux qui ont le nombre requis pour renverser le Gouvernement, s’arroger la paternité de l’initiative.

Au demeurant, pour le RPM, il ne pouvait être question que le Premier ministre issu de la Majorité présidentielle soit renversé à l’initiative de l’Opposition parlementaire. L’objectif étant le même, l’Opposition a passé la main au RPM.

La trouille de l’ADEMA

Alors que la société civile, les Partis politiques, y compris le parti présidentiel s’affranchissent des amarres traditionnelles pour prendre en marche le train de la colère populaire, l’ADEMA/PASJ, membre de la Majorité présidentielle reste timoré. Selon des sources bien informées, ce Parti qui a exercé un règne sans partage sur la vie politique nationale durant ses années de gloire est tenu en laisse par une hypothétique directive du Président IBK. Il n’envisagerait prendre part à aucune démarche qui contrarierait le Chef de l’État.

Comme les députés ruchers, quelques élus du RPM ont opté de ne pas s’embarquer avec leurs camarades dans leur projet de débarquer le Gouvernement. L’on apprend que le député ressortissant de Tessalit ou un député de Banamba sont de ceux qui sont écartelés entre leur loyauté envers IBK et leu devoir d’élu de la Nation. Une chose est sûre : en campant sur leur position, ils auront raté le train de l’histoire.

En ce qui est de l’ADEMA/PASJ, son indécision serait également dictée par la position très inconfortable de son président à la tête du ministère de la Défense et des anciens combattants et dont la gestion ne serait pas toujours empreinte d’orthodoxie. À en croire nos sources, il n’a surtout pas intérêt à faire des vagues et entraînerait son Parti à garder profil bas.

La marche du désespoir

Face aux coups de boutoir des contestataires, en plein désarroi, le régime tente de reprendre la main ou du moins un baroud d’honneur. C’est le sens de la marche (ou contremarche) en gestation qui devrait avoir lieu le samedi. Pour l’occasion, apprend-on de bonnes sources, les organisateurs ne lésinent pas sur les moyens. L’objectif très officiel de la manifestation est le soutien aux institutions de la République, comme c’était le cas dans un certain passé où elles étaient dans la turbulence.

De façon très officieuse, il s’agit de tenter de donner au Gouvernement un semblant de légitimité populaire, donner du répondant à la vague de contestation à laquelle il fait face, plomber l’initiative des députés engagés dans une dynamique de motion de censure.

Mais, le mal est fait. Ce ne sont pas les quelques milliers de personnes mobilisées à coup de billets de banque qui réussiront à annihiler la somme des mécontentements d’autres milliers de Maliens qui ont bravé la chaleur, la menace permanente de gaz man, par pure conviction, par dépit… Cette marche si elle devait avoir lieu, restera dans les annales de l’histoire des marches au Mali, comme la plus honteuse au regard de son caractère désespéré.

PAR BERTIN DAKOUO

Source: info-matin

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