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Mort d’un jeune lamantin à Bamako : La cause est accidentelle

Ce grand mammifère aquatique qui mène une vie paisible dans les eaux douces et chaudes du monde, fait l’objet d’une grande convoitise humaine, à cause de sa chair tendre dans l’alimentation et les vertus thérapeutiques de sa graisse

Les causes probables du décès douloureux d’une jeune femelle lamantin sont désormais connues. «Les informations reçues sur les circonstances nous permettent de conclure à une mort accidentelle du lamantin suite à ses blessures contre les barbelés de l’enclos du canal», révèle la directrice régionale par intérim des eaux et forêts, Mme Djénéba Guindo.

Les faits. Le samedi 31 octobre dernier, un lamantin vivant avait été aperçu par les populations riveraines de Missabougou du côté de Dianéguéla. Une équipe du cantonnement des eaux et forêts de la rive droite y a été dépêchée pour assurer la surveillance et la protection de l’animal.

Sans pour autant l’apercevoir. Malheureusement, regrette, la directrice régionale intérimaire des eaux et forêts, la nouvelle de la mort de l’animal est tombée le vendredi 5 novembre aux environs de 12 h 35 mn. Informée par la Brigade fluviale de la protection civile, des agents des eaux et forêts se sont rendus sur place pour constater la mort du lamantin, comprendre les causes de son décès et prendre des mesures adéquates pour éviter que le corps ne tombe dans les mains des populations.

Que s’est-il véritablement passé ? Des entretiens avec les personnes qui ont découvert en premier le corps de la bête, il ressort qu’il se serait laissé emporter par le courant des eaux avant de se retrouver dans le canal qui ravitaille la centrale de la société Énergie du Mali à Missabougou, explique notre interlocutrice. Ce canal mène à un enclos séparateur (filtre) destiné à retenir les ordures et constitué de fers barbelés.

Le Lamantin se serait blessé en percutant cet obstacle, note le rapport d’enquête. Il est resté coincé dans le canal sans pouvoir regagner le fleuve. C’est ce qui expliquerait le fait qu’il est resté plongé au fond des eaux du canal quatre jours durant sans être aperçu ni par les éléments du cantonnement qui assuraient la permanence, ni par l’équipe de la Brigade fluviale encore moins par les pêcheurs ou les riverains, déduit la directrice régionale par intérim.

Parlant de l’animal, la patronne par intérim de la direction régionale des eaux et forêts de Bamako précise qu’il s’agissait d’un lamantin de sexe féminin. Long de 2,80 m, il pesait 450 kg. Au regard de l’état de putréfaction assez avancé, le corps ne pouvait pas faire l’objet de prélèvement pour avoir un résultat fiable.

Ainsi, après concertation avec toutes les structures impliquées notamment la direction régionale des services vétérinaires, il a été décidé d’incinérer le corps et de l’enterrer sur place afin de protéger les populations contre d’éventuelles maladies, révèle Mme Djénéba Guindo. Elle déplore «l’insuffisance de moyens logistiques» quant à la sauvegarde de l’espèce.

Le lamantin est une espèce en voie de disparition qui se reproduit pendant l’hivernage, explique le président de l’Union nationale des coopératives de pêcheurs du Mali. C’est en cette période que l’on peut l’apercevoir généralement, ajoute Bassoumana Koumaré.

Le leader pêcheur précise : «Le lamantin est un animal aquatique très rare. Souvent on le voit et tantôt il disparaît complètement des vues», souligne Bassoumana Koumaré. Il confirme que le lamantin est une espèce inoffensive, qui ne constitue aucune menace pour les pêcheurs dans l’exercice de leur travail.

Sauf, précise-t-il, s’il est pris par inadvertance dans un filet duquel il essaye de se sauver. Mais aucun pêcheur de la place ne dispose d’un filet capable de le retenir compte tenu de sa puissance. «Même 20 personnes ne pourraient l’attraper», assure le pêcheur.

L’animal est pourtant chassé pour sa graisse, utilisée par des guérisseurs traditionnels pour soigner certaines maladies. Il n’est d’ailleurs pas rare de rencontrer quelques vendeurs ambulants avec ce qu’ils appellent «Matoulou», la graisse de lamantin, contenue dans de petites bouteilles.

N’Faly Camara, chauffeur de profession, explique avoir acheté plusieurs fois ce produit avec une vieille vendeuse ambulante, probablement une épouse de pêcheur «bozo». À l’en croire, la graisse de cet animal est efficace contre la fatigue et le stress. Elle traiterait également des maladies mystérieuses et augmenterait les chances de réussite dans la vie.

Le président de l’Union nationale des coopératives de pêcheurs du Mali répond que la graisse de cet animal protégé provient généralement de la Région de Mopti. «Les vendeurs la mélangent avec d’autres produits pour ensuite le revendre aux clients. Je vis depuis 40 ans ici à Bamako. Je n’ai jamais vu ou entendu qu’un pêcheur a attrapé ou abattu un lamantin. Sauf ceux qui meurent de mort naturelle ou accidentelle comme nous venons de le voir», explique Bassoumana Koumaré.

Il ajoute que le service des eaux et forêts les informe fréquemment sur le statut d’espèce protégée auquel appartient le lamantin. «Nos grands-parents savaient qu’il était défendu d’abattre le lamantin. Même si un pêcheur le rencontre au cours de son exercice, il doit le laisser s’échapper. Personne n’a le droit de l’attraper», insiste le chef des pêcheurs du Mali comme pour écarter toute implication de pêcheurs dans la mort de cet animal.

Makan SISSOKO

Source : L’ESSOR

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