Elle favorise les conditions des actes criminels, de la vente, de la traite, de l’exploitation et de la maltraitance des mineurs
Après les cercles de Koro, Bankass, Bandiagara les 5, 7 et 9 décembre, un atelier d’échange sur la mobilité des enfants et la situation des filles domestiques à Mopti s’est transporté le 11 décembre au gouvernorat de région, sous la présidence Abdoulaye Guindo, l’adjoint au préfet du cercle.
La session s’inscrivait dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet régional pour « la protection des enfants mineurs migrants non accompagnés en Afrique de l’ouest ». Financé par Terre des hommes, LED Medicor, l’Union européenne pour une durée de trois ans, le projet est mis en œuvre en collaboration avec l’Ong Enda-Mali. L’ouverture de la session a enregistré la présence du coordinateur de Enda-Mali à Mopti, Ousmane Bouaré, du point focal de Terre des hommes Mopti, Salimatou Traoré, d’élus, de représentants des organisations de la société civile (leaders religieux, Ong et associations). Y ont aussi pris part, les chefs de services locaux, des employeurs, employeuses, tuteurs et tutrices de filles migrantes de Mopti. La rencontre visait, entre autres, à assurer une meilleure participation des acteurs étatiques, non étatiques et communautaires, à ouvrir le débat sur la problématique de la prise en charge des enfants en situation de mobilité et à poser les jalons d’un système d’alerte.
Les participants ont écouté des présentations faites par l’équipe technique d’Enda Mali et le point focal de Terre des hommes Mopti sur la mobilité et le projet de protection des mineurs migrants non accompagnés en Afrique de l’ouest, les 7 positions régionales, des projets communautaires et l’expérience du Burkina Faso. Ils ont aussi débattu de la feuille de route et de la mise en place d’un dispositif de suivi. La mobilité des enfants désigne les déplacements d’enfants entre différents espaces géographiques et sociaux, les expériences vécues au cours de leurs mouvements et séjours en divers lieux de leur parcours pouvant les mettre en situation de vulnérabilité.
Le coordinateur d’Enda Mali à Mopti a fait une présentation du projet qui intervient dans 5 pays – Burkina-Faso, Togo, Mali, Benin et Guinée Conakry – dans une dynamique interne de protection des enfants contre les phénomènes d’exploitation, de traite et de maltraitance dans la zone Afrique de l’ouest. Au Mali, c’est l’axe Burkina-Mali qui est concerné avec un important flux de filles migrantes du Sourou vers Mopti. Le projet de trois ans ambitionne de consolider les actions en cours en renforçant l’intervention communautaire et l’intégration de la thématique protection des enfants en mobilité dans les politiques nationales et transnationales.
Pour atteindre cet objectif, le projet va développer trois approches impliquant l’ensemble des acteurs y compris l’enfant lui-même, pour créer un environnement protecteur : l’approche communautaire à travers la valorisation des pratiques endogènes ; la communication et le plaidoyer axés sur l’intervention des médias et le renforcement des capacités de l’Etat focalisé sur l’appui aux actions de la politique nationale de protection de l’Etat et le suivi ou la révision des accords bilatéraux entre le Burkina Faso et le Mali.
Le phénomène de la mobilité des mineurs en quête de mieux être qui favorise des situations dangereuses et nuisibles pour eux est universel mais il s’avère plus développé en Afrique subsaharienne, a souligné Ousmane Bouaré. Le projet va permettre de creuser la question de la mobilité des enfants qui fournit le terreau à des actes criminels, à la vente, la traite, l’exploitation et la maltraitance des mineurs, a indiqué le coordinateur de Enda-Mali à Mopti.
Le point focal de Terre des hommes Mopti a précisé que l’objectif recherché était de permettre aux acteurs d’embrasser la multitude des pratiques et des situations vécues par les enfants qui bougent entre les villes et les pays, en gardant une attitude vigilante sur la traite et les pires formes de travail afin de garantir à ces enfants un environnement protecteur.
Le préfet adjoint a rappelé que notre pays a ratifié beaucoup d’instruments juridiques dont la Convention 182 de l’OIT sur l’élimination des pires formes de travail des enfants et le protocole des Nations unies visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, notamment des femmes et des enfants. Abdoulaye Guindo a salué l’arrivée de ce projet qui s’inscrit dans la même dynamique. Il a demandé aux participants une pleine implication et assuré les partenaires que les recommandations des travaux feront l’objet d’une attention particulière des autorités régionales. Les participants se sont accordé sur l’installation d’un réseau de suivi des différentes activités du projet à Mopti.
D. COULIBALY
AMAP-Mopti