Les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) viennent de rétrocéder à notre pays son fauteuil dans les institutions de l’Union. Cette décision a été prise lors d’une session extraordinaire tenue à Bissau (Guinée) le 8 juillet 2023. « Concernant le Mali, la conférence a décidé de la levée de sa suspension des organes et institutions de l’UEMOA prise le 09 Janvier 2022 ».
La Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) est sur les traces de la force française Barkhane, pendant que le pays réussit l’organisation d’un referendum pour se doter d’une nouvelle constitution, et de la biennale artistique et culturelle à Mopti, la Venise dans le centre du Mali. Cette prouesse d’une témérité légendaire doit être soutenue par une solidarité internationale agissante, dans le respect de la souveraineté du Mali, pour qu’elle tienne ses promesses.
Les sanctions économiques et financières, et de suspension des organes et institutions de l’Union prises contre le Mali visaient à forcer la main des autorités de la transition à lâcher le pouvoir, suite à l’intervention des militaires dans le jeu politique en août 2020, et en mai 2021.
Si les sanctions commerciales et financières ont été levées il y a un an (le 3 juillet 2022) à Accra, la suspension du Mali des organes et institutions de l’UEMOA était demeurée jusqu’à ce 08 juillet 2023. Elle a été finalement levée à Bissau (Guinée) par les chefs d’Etat et de Gouvernement en session extraordinaire. Cette décision permet au Mali de retrouver ses fauteuils dans les organes et institutions de l’UEMOA. Qu’est-ce qui a déterminé les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA à céder face à Bamako, alors que les militaires tiennent toujours les rênes du pouvoir au Mali ? A quelle évidence la CEDEAO et l’UEMOA sont-elles parvenues ?
Après le départ de la force française Barkhane et le coup d’arrêt à la force conjointe du G5 Sahel, le constat de la montée en puissance de l’armée malienne est une constance, émaillée de destruction de sanctuaires des terroristes dans le centre et le nord du pays, de sources militaires. Ce qui a servi d’arguments suffisants au départ de la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), pour permettre aux enfants du Mali de prendre en main leur sort, en comptant sur la solidarité internationale, mais pas sur la dépendance. C’est-à-dire dans le respect de la souveraineté du Mali et la prise en compte des intérêts du peuple malien, domaines dans lesquels les pouvoirs précédents ont failli. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, l’insécurité demeure et ne va pas disparaître comme par enchantement, car le terrorisme en face est une nébuleuse dont le visage reste caché. C’est un investissement humain et matériel de tous les jours et de tous les enfants du pays qui viendra à bout de ce fléau, pour qu’enfin les Maliens puissent entreprendre des activités de développement, à l’abri de la hantise de l’insécurité.
Ces efforts sécuritaires sont sans nul doute accompagnés par des reformes vigoureuses pour que les citoyens et le peuple maliens se reconnaissent en leur Nation. Le referendum constitutionnel dont les résultats définitifs sont attendus après la proclamation des provisoires, ont réservé une victoire du OUI avec 97% contre 3% pour le NON, même si l’insécurité n’a pas permis un taux de participation très élogieux. Connaissant la situation que notre pays traverse, le taux de participation de 40% ne traduit pas un manque d’intérêt des électeurs, qui craignent pour leur sécurité dans des localités du pays où la nébuleuse a droit de cité.
Le départ de la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) est à la demande des autorités maliennes de la transition, qui tiennent le gouvernail pour mener à bien les réformes politiques, diplomatiques, sécuritaires, économiques et culturelles recommandées par le peuple malien devenu très exigeant après plusieurs décennies d’errances politiques.
Le choix de Mopti, la Venise malienne, pour y tenir la biennale artistique et culturelle du Mali ne relève pas d’une sinécure, mais traduit une témérité légendaire, un pari salué et pour la réussite duquel tous les Maliens doivent prier au quotidien. Dieu veille sur les enfants du Mali. La biennale artistique et culturelle du Mali (BAC Mali 2023) à Mopti est un cadre ayant permis un brassage entre ressortissants de toutes les régions et de toutes les aires culturelles du Mali de Kidal à Sikasso, de Kayes à Mopti, de Koulikoro à Taoudéni, de Tombouctou à Djenné, de Ménaka à Ségou, de Bamako à Bandiagara, de Yanfolila à Gao…
B. Daou
Source : Le Républicain