La signature d’un accord sur le cantonnement des groupes armés permet l’ouverture des négociations directes et inclusives avec le gouvernement. Quel jugement les mouvements d’autodéfense font de ce processus de paix ? Le président par intérim de Gando Izo, Mohamed Attaib Sidibé, s’est confié à Afribone.
Afribone : Des discussions préliminaires réunissent présentement le gouvernement et les groupes armés du nord du Mali. Que retenez-vous de ces rencontres ?
Mohamed Attaib Sidibé : Ce que je peux dire, c’est que le processus est enclenché et c’est une bonne chose pour le Mali. Avec l’engagement des amis du Mali, de la Minusma, de la communauté internationale, de l’Algérie, il y a l’espoir que de ces discussions sortire quelque chose de probant.
A l’issue de la rencontre de la semaine dernière, des sources nous ont fait état d’une « possible modification de la carte du Mali ». Que faut-il comprendre par cette expression ?
Il n’y aura pas de modification de la carte du Mali. Nous, mouvements armés sédentaires du nord du Mali, je parle de ceux réunis au sein de la CMF-PR [la Coordination des mouvements et forces patriotiques et de résistances, Ndlr], nous sommes des maliens qui ont pris les armes pour défendre le Mali. Jamais, ce pays ne sera divisé. Il n’y aura pas non plus d’autonomie. Le Mali est un et indivisible.
Quelle organisation territoriale se dessine donc avec ces discussions, s’il n’y pas de partition comme on le prétend ?
L’objet de ces pourparlers est de préparer les mouvements armés à s’inscrire dans une logique de désarmement. Ce qu’on appelle le DDR (démobilisation, désarmement, réinsertion). On n’est pas encore arrivé à l’étape des négociations au sens propre du terme.
Quelles sont donc vos réserves pour ces futures négociations ?
Au nom de la CMF-PR dirigé par Me Harouna Tourèh dont mon mouvement est membre, nous voyons déjà une lueur. Nous pensons que, cette fois-ci, le processus va aboutir à une paix définitive. Dans l’avenir, on ne parlera plus de scission, d’autonomie ou de décentralisation poussée. Il faut qu’on se retrouve dans un Mali qui prend en compte les préoccupations de tous les citoyens.
Au lieu de réserves, j’ai un message à l’endroit de vos lecteurs, les internautes : Notre objectif, c’est le Mali. Il ne faut pas qu’on se laisse distraire. Il ne faut pas non plus qu’on pense que tout le monde fait partie des mouvements armés parce qu’il y a quelque chose à partager : il n’y a rien à partager. Dans les discussions inclusives, la société civile et toutes les parties seront conviées.
Le Gouvernement tient à ce que ces négociations se fassent sur le territoire national. Adhérez-vous à cette option ?
J’y adhère à 100 %. Je suis malien, je ne quitterai jamais le Mali. Je suis né au Mali et je vais mourir au Mali.
Les sites en voie d’identification pour le cantonnement des groupes armés se trouvent dans les trois régions du nord (Tombouctou, Gao, Kidal) alors que les groupes sécessionnistes sont simplement à Kidal. N’est-ce pas un piège dans la mesure où l’option est de les cantonner sans désarmement préalable ?
Dire que le problème est seulement à Kidal, c’est inexact. Kidal est une région du Mali mais pas le centre du Mali. Il y a des hommes armés à Gao et à Tombouctou également. Ces armes aussi tuent ! Récemment, un conflit a opposé dans la région de Gao, les peulhs aux touaregs imgads. Ils se sont entre-tués. Des sites de cantonnement, il y en aura partout au nord.
Propos recueillis par Seydou Coulibaly
Source: Afribone