Victime des affrontements du 17 mai 2014 à Kidal lors de la visite du Premier ministre Moussa MARA, Mody Samba Touré revient dans cette interview sur ce drame, deux ans après.
17 mai 2014- 17 mai 2016, deux après la visite de Moussa MARA à Kidal, à l’époque Premier ministre, le réseau des défenseurs des droits humains au Mali constitué de plusieurs organisations de la société civile appuyé par l’ONG Freedom House a initié pour la quatrième fois une table ronde sur le sujet des violations des droits humains notamment le cas des victimes du 17 mai 2014. Pour l’occasion, une quarantaine de participants venus de toutes les régions du Mali ont échangé sur la situation actuelle des victimes et les besoins non encore pris en charges par les autorités. Il faut rappeler que ce cadre de concertation est organisé en collaboration avec le ministère de la justice, garde des sceaux et la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) dont aucun des membres n’a effectué le déplacement. Pour Saloum Traoré, Directeur exécutif d’Amnistie International et président du Réseau des défenseurs des droits humains au Mali, les raisons de l’absence du CVJR à la table ronde restent inconnues. Nous y avons rencontré Mody Samba Touré, rescapé du 17 mai 2014 à Kidal
Pouvez-vous, vous présenter à nos lecteurs
Je suis Mody Samba Touré, l’un des nombreuses victimes des affrontements du 17 mai 2014 à Kidal. A l’époque, j’étais enseignant. De par ma fonction et aussi parce que j’étais le Secrétaire Général de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali à Kidal, je me suis retrouvé au mauvais moment et au mauvais endroit. J’ai pris sept balles dont quatre ont pu être extraites. Les trois autres sont encore dans mon corps.
Deux ans après la tragédie, quel sentiment vous anime ?
Je suis très déçu par le comportement des autorités qui semblent ne pas s’intéresser à tout ce qui nous est arrivé. Nous avons été abandonnés à nos sorts. Je suis sur béquilles et un dossier qui selon mon médecin est au niveau du conseil de santé donc en attente. A présent, je ne sais plus à qui m’adresser. Or, j’ai urgemment besoin de traitement. Nous les victimes avons tous sans exception besoin de réparation car nos droits humains ont été bafoués sans grands intérêt. Nous avons adressés plusieurs correspondances à la primature, au ministère du travail sans suite. A part la modeste somme de 200 000 Fcfa que la structure du développement social à remis à chaque victime depuis près de deux ans, nous n’avons rien. Alors, aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de grands discours de politiciens mais plutôt d’actions concrètes pouvant prendre en compte la réparation des préjudices causés parce que le gouvernement est allé nous livrer à la mort ce samedi 17 mai 2014. La preuve aucun membre de la délégation du Premier ministre n’a été blessé.
Quel rapport entretenez-vous spécialement avec la CVJR ?
Dès le lendemain de la mise en place de notre coordination nationale, nous avons rédigé une correspondance dans laquelle nous avons fait part de notre volonté à rencontrer les membres de la CVJR. Nous avons rencontrés donc le commissaire chargé des réparations à qui nous avons dit que nous ne sommes pas d’accord avec une CVJR sans une représentation des victimes parce que si la CVJR a pour rôle de rendre justice aux victimes il faut obligatoirement que nous soyons représentés. Depuis lors, nous n’avons plus eu d’échange avec cette commission.
Par Moussa MAGASSA
Source: Autre presse