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Modibo Sidibé sur Africable : «L’accord politique actuel est taillé sur mesure, il va servir à calmer mais pas à soigner ni guérir»

Une soirée pas comme les autres, une émission pas comme les autres, un invité homme d’Etat mais très discret. Mais qui connaît le Mali, ses problèmes et qui a ses solutions. Modibo Sidibé était sur Africable le dimanche 12 mai 2019 pendant une heure dans l’émission “Politik” avec Robert Dissa. Le tout sous le contrôle de notre confrère Sékou Tangara.

Tout Bamako était sur Africable parce que l’invité était à la hauteur, grand commis de l’Etat, il a une connaissance du Mali, qui fait de lui une référence. Il a pu tenir le public en haleine pendant l’émission avec des réponses qui ont une concordance avec les aspirations du peuple malien.

Cette émission a permis aux Maliens et téléspectateurs d’Africable de connaître la position de Modibo Sidibé et son parti, les FARE, sur les questions politiques, la crise de l’école, la sécurité et surtout la bonne gouvernance.

Faut-il le rappeler, le parti FARE avait réuni toutes les sensibilités sociopolitiques de notre pays afin de se pencher sur la reconstruction du Mali. Ce que les Maliens peuvent faire ensemble, c’est que le président Sidibé appelle «l’agenda du Mali». Cette journée, dénommée journée de synthèse, avait été précédée d’une véritable tournée chez tous les Maliens. La classe politique, la société civile, les femmes et les jeunes, sans oublier les leaders religieux musulmans et chrétiens.

Fort de son expérience d’homme d’Etat, pour Modibo Sidibé, on ne peut pas parler des Maliens sans eux. C’est pourquoi lors de l’émission sur Africable, il dira que «la politique, pour nous, c’est de porter un projet de reconstruction fondamentale du Mali. Il ne s’agit pas de soigner la plaie mais de la guérir». Les FARE et son président ne sont nullement opposés aux réformes, mais c’est du ressort des Maliens, estiment-ils, en leur donnant la parole. D’ou la nécessite d’un dialogue national refondateur.

Parlant de la sécurité, qui est son domaine et cela sans fausse modestie, il a été clair dans ses réponses : «par rapport aux forces internationales, on peut prendre leur main pour nous relever mais pas pour nous faire marcher. La question fondamentale : quelle est notre propre capacité de reconstruction de notre propre système de sécurité ? Les opérations de soutien des forces internationales ne constituent qu’un accompagnement.  Il faut avoir à un moment des alliances stratégiques et non les relations que nous avons présentement».

Modibo Sidibé est revenu sur l’accord pour la paix et la réconciliation nationale : «Il y a un accord pour la paix avec qui on était pas d’accord, mais que le gouvernement a signé. Mettons les parties sécuritaires en application, mais la partie politique doit être discutée dans le cadre d’un dialogue national».

Sans occulter les autres aspects de l’accord, il convient que tous les Maliens se prononcent, parce qu’il y a des aspects de développement par zone. «Il faut repenser l’aménagement de notre territoire pour mieux cerner et traiter les problèmes de développement. Ça nous permettra de cibler des zones de développement ; car l’accord de paix tourne aussi autour du développement de certaines parties du territoire. Il nous faut une politique d’alliance pouvant intégrer le système de défense qu’on mettra en place», préconise M. Sidibé.

 

Par ailleurs, le Mali doit avoir une armée, mais pas n’importe laquelle. C’est pourquoi Modibo Sidibé pousse l’analyse au-delà de la loi de programmation militaire : «L’analyse est complexe mais il faut changer radicalement le mode de gouvernance au sein de nos forces de défense et de sécurité. Ça coûte cher mais il faut des conditions idoines pour les hommes, la loi de programmation militaire ne suffit pas. Il faut reconstruire et rebâtir selon un schéma qui nous est propre».

Dialogue national refondateur, une de ses propositions

«Ce qui frappe notre pays tient à beaucoup d’aspects dont la vulnérabilité de la valeur intrinsèque de l’Etat. Nos fondements ont été atteints ; on ne peut pas se contenter de replâtrage. Il faut donner la parole aux Maliens qu’ils sachent qu’est-ce qu’ils veulent et où ils veulent aller. Le Mali a besoin d’un nouveau contrat social. Comment le faire sans passer par un dialogue refondateur ? Il faut un programme de redressement du Mali car les Maliens sont inquiets et n’entrevoient pas une porte de sortie», analyse sans ambages le fils du Capitaine Sidibé.

Il ajoutera qu’il n’est pas question d’attendre longtemps, mais d’enclencher un dynamisme issu d’un cadrage politique national inclusif. «L’accord politique actuel est taillé sur mesure, il va servir à calmer mais pas à soigner ni guérir. Il faut des réformes politiques et institutionnelles à la base. Tout cela doit ou peut prendre 6 mois, 1 an», pronostique-t-il.

Pour le président du parti FARE, il faut travailler de sorte que le Mali retrouve le rôle de stabilisation de la sous-région et les réformes institutionnelles sont nécessaires pour cela. «Évitons d’avoir un dialogue spectacle, ce sera du gâchis financier», conseille-t-il.

Sur le profil du Premier ministre pouvant servir de levier pour redresser le Mali, son nom était cité : «Ce n’est pas une question de personne mais d’équipe, gouverner c’est donner des orientations», pense-t-il.

Parlant des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE), il dira ceci : «La constance, la cohésion sont notre marque. Nous sommes dans l’opposition par choix politique pour faire comprendre à l’opinion qu’on peut faire de la politique autrement. Le chef de file de l’opposition doit s’assurer quand il parle, qu’il parle au nom de toute une opposition  qui doit s’y reconnaître ; mais cela, on ne le sent pas. Tel n’a pas toujours été le cas.»

«Quand on est en crise, il faut choisir la stabilité institutionnelle. Mais il faut savoir choisir, encadrer, gérer et conduire les personnalités publiques à tous les niveaux ; mais ça a été le contraire. Les Maliens ont aujourd’hui besoin de crédibilité découlant d’un accord global politique et le gouvernement présent ne répond pas à cela, car formé par la majorité et deux bords politiques», a-t-il ainsi répondu Modibo Sidibé, à la question relative au nombre de Premiers ministres nommés (6 en 6 ans) sous l’ère IBK.

L’école et l’année blanche

«J’espère qu’il n’y aura pas d’année blanche ; tout le monde doit s’y mettre. Au-delà de cette année à sauver, il faut que les syndicats et le gouvernement se retrouvent dans le cadre du dialogue national refondateur pour repenser l’école», recommande M. Sidibé.

Selon lui, l’école a toujours été sa préoccupation. Quand il était Premier ministre, il avait organisé un forum sur l’école. Les recommandations de cette rencontre nationale avaient donné des débuts de solutions à l’école malienne. Aujourd’hui, force est de reconnaître qu’il faut faire recours à ces recommandations du forum sur l’école.

En conclusion, Modibo Sidibé dira ceci : «Il faut redonner la parole aux Maliens et leur faire confiance pour repenser un État fort. La population le veut ainsi, et l’Etat doit être stratégique pour porter les projets stratégiques de reconstruction en matière d’infrastructures de base à tous les niveaux. Aux Maliens : maintenant ou plus tard, le dialogue national refondateur aura lieu. Les Maliens doivent avoir confiance en eux-mêmes. Il faut un choc de gouvernance, la jeunesse et les femmes doivent se lever pour demander et faire reconstruire un autre Mali».

Cette émission a été très suivie partout au Mali, elle ouvre la voie à un vrai débat sur la nation sans saupoudrage ni colmatage.

Kassim TRAORE 

Source: Le Reporter

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