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Modibo Sidibé présente son projet de société : Un tournant dans la campagne présidentielle

Bamako le vendredi 19 juillet au matin. Devant un palais de la culture bourré à craquer, le candidat Modibo Sidibé a peut-être donné un nouveau tour à la campagne présidentielle. Son discours, d’une haute tenue, prononcé par moitié en français, par moitié en langue bamanan, a capté l’attention d’un auditoire d’abord surpris, puis ravi qu’on lui parle enfin, sans démagogie et dans des termes accessibles, des enjeux politiques de cette élection décisive. Jusque là, les principaux arguments de campagne ont souvent été le sourire des candidats affiché dans les rues avec une intensité proportionnelle à leurs moyens financiers ou leur capacité à remplir les stades. Le fond est réduit à la portion congrue et bien rares sont les électeurs capables de distinguer les programmes.

 

 

Modibo_sidibeArrivé au petit matin d’une de ces tournées dans le Mali profond qui sont sa marque de fabrique, l’ancien Premier ministre s’est d’abord excusé, en langue bamanan, d’une voix un peu éraillée par la fatigue et la poussière de la route. « Cette poussière, je l’aime et je la recherche, a-t-il expliqué. C’est comme ça seulement qu’il est possible de rencontrer le pays réel ». Puis il a entrepris d’expliquer son projet, intitulé « Mali horizon 2030 », et que les organisateurs avaient pris soin de distribuer à l’assistance sous la forme d’une brochure élégante et charpentée.

 

 

 

Le cœur de ce discours qui fera date est une conviction : « La vérité, explique le candidat, c’est que les modèles institutionnels et économiques nés avec les indépendances ne sont plus en mesure de donner efficacité et cohérence même aux programmes les plus judicieux. Il nous faut changer de modèle. » Modibo Sidibé se propose, si les électeurs lui accordent leur confiance, d’être « l’homme de cette transition décisive ».

 

 

Je ne suis pas un Toubab, je suis un Malien

Première priorité affirmée par l’homme d’Etat : « J’engagerai la transition institutionnelle ». L’expression est technique et passe un peu au-dessus d’un public très populaire. Mais immédiatement, Modibo Sidibé explique en langue bamanan sur quoi il veut fonder l’Etat fort, propre et juste qu’il appelle de ses vœux : « D’un Malien honnête, ponctuel, travailleur, beaucoup disent : c’est un Toubab ! Je n’accepte pas ça. Quand je suis honnête, quand j’arrive à l’heure au bureau, quand je mène mon travail à bien, je ne suis pas un Toubab, je suis un Malien. La grande majorité d’entre nous sont des paysans. Avec la pluie, pas d’arrangements possibles. Avec les semences, il faut être à l’heure. Avec la terre, impossible de ménager sa peine. Ce Mali-là, ce Mali qui travaille, il est la pluie, la terre et la semence de notre avenir. » S’appuyer sur « le Mali qui travaille » pour réduire « la corruption, le laisser aller, l’égoïsme, les petits arrangements, la religion de l’argent, les tentations de séparatisme » est en effet le cœur de sa vision. Modibo Sidibé a pendant dix-huit ans accompagné au plus haut niveau les heurs et les malheurs de l’Etat malien. Puis pendant plus de deux ans, il a pris du recul sillonnant toutes les régions du Mali. Mieux que quiconque, il sait que les effets de manche et les rodomontades ne suffiront pas à éradiquer le mal.

 

 

La politique retrouve sa noblesse

Les visages sont tendus, les oreilles en alerte. Dans cet instant, le mot « politique », si décrié par la rue, reprend sa noblesse : expliquer et débattre des enjeux dont dépend l’avenir du pays, les comprendre. Un des moments les plus étonnants est l’explication limpide, mais très simple, qu’il donne en bamanakan des notions pourtant un peu abstraites d’économie diversifiée et de valeur ajoutée : « La vache que le berger conduit dans un pays voisin paiera le travail du berger. La vache dont la peau devient cuir, dont le cuir devient sac, dont le sac est vendu à l’extérieur paiera le travail du boucher, du tanneur, du cordonnier, du transporteur, du commerçant. » Applaudissements nourris. Chacun sait désormais ce qu’est « la valeur ajoutée ».

 

 

Les femmes, très nombreuses dans l’assistance, bénéficient d’une attention spéciale du candidat. Il leur parle d’égalité sans grands mots, de façon très concrète : « Si une fille est arrêtée dans ses études simplement parce qu’elle est une fille, est-ce que c’est normal ? Si une cultivatrice double sa journée de travail pour aller chercher de l’eau alors qu’il est possible d’installer un robinet, est-ce que c’est normal ? » Ayi ! Non ! répond la foule séduite par cet exercice de démocratie en direct et par le sentiment d’égalité qu’il fait naître.

 

 

Pari gagné

Transition institutionnelle, transition sécuritaire, transition économique, transition sociale…Les principaux sujets qui préoccupent les Maliens sont mis en perspective. Au fur et à mesure que le discours se déroule, prend forme l’esquisse d’un Mali doté d’un Etat propre et efficace, entrant fièrement dans une économie de forte croissance, s’appuyant sur ses valeurs – le danbé (dignité) notamment –  pour éradiquer ses vices. Modibo Sidibé déclare vouloir reconstruire la confiance, « confiance en nous, confiance entre nous, confiance en notre Etat », une phrase dite en français mais aussi vivement applaudie que les explications en langue nationale. Pour ce qui concerne les milliers de militants et de sympathisants qui s’étaient déplacés, il a visiblement gagné son pari.

 

 

Il faut espérer que, dans la dernière ligne droite, les principaux candidats s’inspireront de cet exemple et élèveront le débat au niveau que méritent le Mali et les Maliens. Goundo, qui vient d’apprendre qu’elle est reçue au baccalauréat, dit son sentiment sans détour : « Je n’ai jamais participé à un meeting politique. Mes parents aiment Modibo, je suis venue pour ça. Je croyais que j’allais m’ennuyer, mais j’ai compris beaucoup de choses. Ça m’a fait plaisir pour notre Maliba !».

 

Tiè Blén DEMBELE

 

 

 

Meeting électoral : Modibo Sidibé propose, les femmes adhèrent

 

Comme une démonstration de force, le candidat des Fare a dévoilé le contenu de son projet de société «Mali horizon 2030» lors d’un meeting géant au Palais de la culture, le vendredi dernier. La lutte contre la corruption et la délinquance financière, l’amélioration des conditions de vie des Maliens, la sécurité, la santé et l’éducation, la création de richesses et d’emplois des jeunes. Voilà les axes prioritaires d’un ambitieux projet de société que Modibo Sidibé propose au peuple malien.

 

 

 

Le ton de cette démonstration de force a été donné par la projection d’une série de documentaires sur l’homme. De son portrait, en passant par ses tournées à l’intérieur du pays, des visites aux personnes âgées et autres témoignages. Comme pour dire que Modibo Sidibé est un homme de contact avec un sens élevé d’écoute. L’occasion fut bonne pour les militants et les sympathisants des Fare de saluer l’engagement de Modibo Sidibé pour son pays.

 

 

Dans une démarche cohérente, l’ancien Premier ministre n’a laissé personne indifférent dans la salle Bazoumana Sissoko qui a refusé du monde en expliquant ce projet détaillé région par région.

Pour les observateurs de la chose politique, cette vision de Modibo Sidibé de faire du Mali un pays émergent traduit tout simplement sa grande expérience dans la conduite des affaires de l’Etat et son engagement patriotique.

 

 

Le candidat du parti des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare/An Ka Wuli) propose un programme accéléré de désenclavement pour la relance du moteur de développement. Modibo Sidibé explique que son projet dénommé «Mali horizon 2030» projette «l’image d’un pays propre» au sein duquel chaque Malienne et chaque Malien refuse de considérer les pratiques de corruption comme «un fait normal ou une fatalité». Pour le candidat des Fare, cela passe également par la restructuration de l’Administration et sa capacité d’offrir un service de qualité aux citoyens.

Au chapitre du développement des capacités humaines, Modibo Sidibé mettra en exergue la qualité de l’enseignement qui est loin d’être à la hauteur des intelligences et des espoirs. «Je veux impulser une dynamique dans laquelle l’exigence intellectuelle et morale deviendront la boussole de tous, élèves, étudiants et enseignants. Le cap que je fixe, au-delà de la scolarisation à 100 % de tous nos enfants, de l’enseignement obligatoire et gratuit jusqu’à 15 ans ». En outre, Modibo Sidibé envisage de mettre l’accent sur l’enseignement technique et professionnel. C’est pour cela qu’il se fixe un objectif de création d’un lycée technique et professionnel par cercle, et  d’une école professionnelle par commune.

 

 

Selon le candidat, une attention particulière sera accordée à l’enseignement supérieur et à la recherche scientifique, dont dépend «notre capacité à nous développer par nous-mêmes », dit-il. Et de poursuivre sur ses ambitions pour toutes les régions du pays qui, à travers son projet, bénéficieront des dispositifs de valorisation de produits à fort potentiel de développement, comme les huiles alimentaires, le bétail, le riz ou les mines.

 

 

A ce titre, ces pôles de croissance, selon Modibo Sidibé, créeront les conditions de l’industrialisation et de la commercialisation des nombreux produits qui impliqueront conjointement l’Etat, les services publics, les collectivités locales et les entreprises privées.

 

 

Dans son projet réservé à l’agriculture et à l’élevage, il explique que des progrès considérables peuvent être obtenus avec comme objectif, le passage d’une économie de subsistance à une exploitation intensive et diversifiée. «Nous susciterons l’invention d’articulations novatrices entre secteurs public et privé grâce à la mise en place d’une Agence du partenariat public privé. La production, la transformation et la commercialisation de nos produits bénéficieront d’infrastructures de seconde génération qui feront de notre pays un carrefour et une plateforme pour l’activité de la sous-région».

 

 

Toujours dans «Mali horizon 2030», Modibo Sidibé projette non seulement la création d’emplois pour les jeunes, mais aussi des opportunités de création de richesses et d’emplois seront mises à la disposition des citoyens. «Nous établirons notamment un Pacte national pour l’emploi rural qui devrait toucher plus de 600 000 jeunes issus des 12 000 villages et fractions du pays. Dans notre programme, nous prévoyons, entre autres, d’aménager 1.500 ha sur 35 sites dans la région de Kayes. L’impact attendu de ces aménagements est d’assurer la souveraineté alimentaire de 250.000 habitants et la création de 15.000 emplois directs et 27.000 emplois indirects notamment pour les jeunes et les femmes.»

 

 

Dans son programme, il prévoit également une augmentation substantielle des capacités des forces de défense et de sécurité plus flexibles et mobiles pour faire face aux menaces identifiées. Selon lui, un système de renseignement et d’intelligence économique performant sera également mis en place. Le Mali consacrera donc à sa défense un effort financier majeur et cohérent avec les choix retenus pour ses capacités militaires. Ainsi, les crédits de défense augmenteront sous le contrôle de l’Assemblée nationale, dont le rôle sera renforcé dans ce domaine. Pour redonner l’espoir au peuple malien, Modibo Sidibé a fait le serment devant ses militants et sympathisants de servir uniquement le Mali, rien que le Mali où l’effort, la compétence, le labeur et le mérite recevront le soutien de l’Etat.

Nouhoum DICKO

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