Cette singularité met plutôt en lumière la sincérité de son combat, et de ses convictions, pour la refondation totale de notre pays. Un autre mali est à « réinventer » et rien ne devra plus être comme avant. Il n’est nullement comptable de cet échec d’IBK, de sa gouvernance devenue une catastrophe au regard du diagnostic implacable dressé par les membres du M5-RFP, dont tous ne sont pas logés à la même enseigne. Dans ses rangs, on y compte d’anciens ministres du président IBK, et non des moindres, qui sont tous responsables aux yeux du peuple « réel » de cette fuite en avant, transformé au fil des années en une sidérante chute libre. Pourquoi n’ont-ils pas voulu dénoncer en ce temps là, pendant qu’ils jouissaient de ses privilèges exorbitants, les dérives de cette gestion dite chaotique et erratique. Tel est en tout cas, le cruel paradoxe de ce pays confronté depuis plus de trois décennies, à des maux récurrents qui ont surtout pour noms : Corruption, siphonnage systématique des deniers publics, multiplication des nouveaux riches (chaque régime en a fabriqué plus d’une centaine, les vrais-faux milliardaires du pays sous l’ère Konaré), vulnérabilité de l’Etat face aux pressions extérieures( les petrodinars de Kaddafi, les valises chinoises et celles des narcotrafiquants.( le scandale d’Air Cocaïne sous le régime d’ATT).
Loin de nous toute idée hypocrite de défendre le régime d’IBK (des mandarins bien triés sur le volet et rémunérés rubis sur ongles font le job), mais ce réquisitoire sans appel de notre « Salama national », l’inoxydable Mme Sy Kadiatou Sow, sur la gestion du pouvoir d’IBK et de son clan est selon elle : « un système oligarchique qui a pris en otage le Mali. Toutes les affaires du pays sont gérées aujourd’hui par une bande de véritables prédateurs qui ne reculent devant rien. C’est ceux –ci qui décident de tout, que ce soit l’attribution des marchés, les nominations. C’est eux qui décident à la place de ceux qui ont été choisis et qui ont normalement la légitimité pour gérer le pays. ».Cette sortie médiatique de de cette « icône » du big bang de mars 91 ressemble à s’y méprendre, à une vielle rengaine d’écolier que nous écoutions, parfois la rage toujours au cœur, durant plusieurs années de gestion démocratique de notre pays. Les hommes changent, mais le système perdure au grand dam des millions de familles pauvres et précarisées à travers le pays.
Mais à l’instar de Modibo Sidibé, la présidente de Anw Ko Mali Dron n’a jamais occupé un portefeuille ministériel sous le régime d’IBK, ce qui rend sa « parole » crédible et sincère dans ses dans ses nombreuses prises de position, concernant la vie de la nation malienne. «Certes, le pouvoir a été confié au président de la république, mais il appartient au Mali. Nous pensons qu’il pouvait se couvrir du manteau de la légalité parce qu’il avait une légitimité. Mais aujourd’hui il a perdu cette légitimité auprès de la très grande majorité des maliens. Les maliens ne veulent pas attendre deux ans et demi en continuant à vivre dans ce calvaire. »Justifie-t-elle. Mais la solution qu’elle préconise pour la prise du pouvoir en écourtant ce mandat d’IBK ne semble pas faire l’unanimité parmi de milliers de démocrates maliens qui préfèrent, en lieu et place, de toute surenchère verbale à une vraie alternance démocratique, par la voix des urnes en 2023.
B. CAMARA
Source : Le Phénix