Le président des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare-An Ka Wuli), Modibo Sidibé, était le jeudi 5 avril au siège de l’organisation patronale des industriels (Opi). Les échanges ont porté sur les questions de stratégies de gouvernance économique et industrielle et les difficultés liées à l’essor du secteur de l’industrie au Mali.
Cette rencontre avec les industriels du Mali a été initiée par le Groupe d’appui et de réflexion à Modibo Sidibé (Gar). Elle avait pour objectif de créer un cadre permanent de dialogue avec les acteurs clés de l’économie, pour permettre, dans l’avenir, une synergie d’actions à entreprendre.
Pour la circonstance, le président des Fare, Modibo Sidibé, était accompagné de membres du Groupe d’appui et de réflexion (Gar). Prenant la porale, le président des Fare «An Ka Wuli», Modibo Sidibé, a remercié le président de l’Opi, Cyril Achcar, pour l’accueil réservé à sa délégation. Il a expliqué la vision de son parti, «Mali horizon 2030», qui est axée sur une économie diversifiée, un véritable capital humain au service d’un développement intégré et un Mali qui pourrait prétendre à faire en sorte qu’il puisse être situé parmi les pays qui ont réussi leur décollage économique.
Après cette introduction du président des Fare, le président de l’Opi, Cyril Achcar, a fait une présentation du livre blanc de l’industrie. Selon lui, le Mali a un taux de croissance du Produit intérieur brut national beaucoup trop faible, qui est autour de 5%. Ce taux de 5%, en croire Cyril Achcar, est un faux 5% parce que c’est une croissance extravertie et non une croissance réelle. Il a expliqué que la balance commerciale de notre pays est déficitaire de 400 milliards de Fcfa par an et cela depuis 2015. «Nous sommes un pays qui importe plus qu’il n’exporte pour 400 milliards de Fcfa par an. Ce montant représente paradoxalement l’aide des pays amis accordée au Mali», a déclaré le président de l’Opi.
En outre, il a souligné que l’aide budgétaire du Mali aux industries représente aujourd’hui entre 30 et 40% des ressources de l’Etat. «Pour nous, ce n’est pas acceptable car, l’indépendance c’est quand on n’a pas besoin de ces 40%. Si on a un secteur industriel qui se renforce, qui crée de la valeur ajoutée, on n’aura pas besoin de cette aide budgétaire de l’Etat», a fait savoir Cyril Achcar. Avant d’ajouter que le poids de la manufacture dans le Pib aujourd’hui est aux environs de 5% alors que la moyenne dans les pays de la Cédéao est à 11%.
«Au Mali, on n’a pas d’industrie. Le prix d’un immeuble, c’est le prix d’une industrie. Rien qu’à l’ACI, il y a 300 immeubles. À Bamako, il y a 3000 immeubles qui correspondent à 3000 usines. C’est faux de dire qu’il y a un problème de capitaux au Mali. Il y a tout sauf un problème de capitaux pour monter des usines au Mali. La problématique est plutôt de comment orienter l’épargne qui va aujourd’hui dans des secteurs spéculatifs comme le commerce ou l’immobilier, pour qu’elle puisse être orientée vers un secteur productif qui est le secteur de la transformation, de la manufacture», a déclaré le président de l’Opi.
En réponse aux difficultés liées à l’environnement économique de notre pays, évoquées par le président de l’Opi, Modibo Sidibé a fait part de certaines visions de son parti pour relever le niveau de l’économie du Mali. Pour ce faire, il a parlé de la place d’un certain nombre de choses fondamentales relatives à la gouvernance économique et financière, et indispensables pour les industriels.
Au niveau de la gouvernance, Modibo Sidibé a fait savoir qu’il faut une certaine complicité, mais pas sur le dos du Mali, entre l’Etat et le secteur privé. Il a indiqué que le secteur privé a besoin de prévisibilité. «L’un des éléments qui nous tient à cœur aujourd’hui, c’est le schéma d’aménagement du territoire du Mali», a ajouté le président des Fare.
Avant d’expliquer que les industriels ont besoin d’avoir un véritable capital humain. «Nous prendrons en considération ce que nous avons entendu ici et verrons comment dans nos différents engagements, cela est pris en compte, et si cela n’était pas, comment le faire intégrer dans nos préoccupations», a mentionné Modibo Sidibé.
Diango COULIBALY
Le Reporter