La valeur de l’éco par rapport à l’euro ?
Le spécialiste des questions monétaires se veut très prudent. Cependant, il informe qu’il y a un travail technique qui est en train d’être fait sous la supervision de la Banque centrale du Nigeria, sur ce que sera la valeur de l’éco. « Je pense que ça sera fait en fin d’année au sommet de la Cedeao, en décembre 2019. Il y a beaucoup de spéculations, mais le travail est en train d’être fait », rassure-t-il. Aussi, Modibo Mao explique-t-il qu’il est important de faire des discussions pour que les gens sachent pourquoi ils vont avoir une nouvelle monnaie, que sera la Cedeao avec cette nouvelle monnaie. Mais aussi et surtout ce qui va changer dans leur vie. « Cela est extrêmement important», dit-il.
Des inquiétudes surmontables
Malgré les supputations et les inquiétudes que suscitent l’annonce de la nouvelle monnaie, en économiste averti, Modibo Mao Makalou est serein. Ainsi, il pense que toutes les appréhensions sont surmontables. « …Le Nigeria avait quelques appréhensions et aura encore des appréhensions, parce que c’est une grande économie de notre continent », affirme-t-il, et d’estimer qu’elles ne sont pas forcément un blocage à l’aboutissement du processus.
Aussi, l’ancien conseiller économique de la présidence ne voit pas d’un mauvais œil les propos du président ivoirien au sujet de la nouvelle monnaie. Il apprécie plutôt les propos d’Alassane Ouattara.
Modibo Makalou explique que tous ceux qui connaissent le président ivoirien ont compris qu’il savait de quoi il parle pour avoir été l’un des premiers cadres africains, collaborateurs du 1er directeur de la Bceao. Il estime que le président n’a fait que donner son point de vue et que tout ce qu’il a dit ne sont que des hypothèses. Notamment quand il dit : «…Mais, moi, je pense qu’avec ces différents accords, les pays de l’Uemoa sont prêts pour adhérer à l’éco…Mais je ne pense pas que tous les pays soient prêts… Est-ce qu’on peut se permettre un autre report ? Quelles vont être les dispositions transitoires ? » De son avis, c’est de cela que le président Ouattara voulait parler. A son tour, l’économiste pense que cela est justifié dans la mesure où au lieu de reporter une autre fois sa mise en œuvre, est-ce que les pays de la zone CFA pourraient adapter l’éco en attendant les autres qui ne sont pas prêts. Et de se demander ‘’Est-ce qu’en tant qu’Africains, nous allons permettre à des pays d’adopter notre monnaie qui ne répond pas aux critères de convergence ? ‘’. Parce que, dit-il, « la monnaie, c’est d’abord la crédibilité. C’est la confiance qu’on accorde et c’est le pouvoir d’achat des populations. Donc, c’est très sérieux et les critères sont là, et ils doivent être la même chose pour tout le monde.»
L’apport de l’éco aux pays de la Cedeao
Très enthousiaste quant à l’apport de la nouvelle monnaie aux économies de la Cedeao, Modibo Mao soutient : « Si l’éco était adoptée par les 15 pays africains, je pense que cela serait une manne du ciel. Parce que, c’est ne pas seulement qu’elle fait l’économie, mais, la monnaie est un moyen d’émancipation. » Il explique cela par le fait que nous sommes dans un monde de plus en plus interdépendant et que la richesse des nations se fait par la vente et l’achat des biens et des services. Donc, c’est à travers la monnaie que cela peut se faire. Pour lui, avec une monnaie commune, il y aura d’abord un marché commun, les pays pourraient augmenter la capacité de leurs économies, avoir des politiques communes, mutualiser leurs réserves d’échanges, avoir des économies d’échelles mais aussi surtout avoir des politiques industrielles qui leur permettront d’exporter des produits finis. Parce que, présentement, les pays n’exportent que des produits bruts et cela ne fait qu’appauvrir les nations. Parce qu’elles achètent par contre avec leurs partenaires les produits finis et cela est vraiment déficitaire pour leurs balances économiques et de leurs réserves d’échanges et surtout au détriment du pouvoir d’achat des populations.
Les économies en symbiose
L’harmonisation des économies a toujours été un idéal pour les pays africains. Modibo Mao pense que le plus important est de les mettre en symbiose. Partant, il estime qu’au-delà des critères de convergence, pour le premier rang dont la Cedeao en dispose cinq, l’Uemoa trois dont deux qui ne concernent point les pays de l’Uemoa, notamment financement des déficits budgétaires et les réserves d’échanges, la difficulté réside dans la mise des économies en symbiose. Parce que, dit-il, il ne saurait y avoir d’intégration s’il n’y a pas de convergence d’économie. Pour ce faire, il recommande de travailler ensemble à harmoniser les politiques de développement, de la planification économique. Pour lui, c’est la seule alternative pour pouvoir avancer.
Harber MAIGA