Les votes et résultats des votes, les atteintes aux droits humains, la Cour Constitutionnelle, les observateurs et des leçons à tirer de cette élection présidentielle au Mali sont entre autres les sujets abordés dans la déclaration rendue publique, le lundi 3 septembre 2018, par l’Alliance pour la démocratie au Mali « ADEMA – ASSOCIATION ». C’était à la faveur d’une conférence de presse à la Maison de la presse. Pour elle, l’élection présidentielle 2018 a été marquée par des pratiques qui n’honorent pas la démocratie malienne. Elle a invité le pouvoir à engager une concertation avec tous les protagonistes du processus électoral avant les législatives.
Au sortir de ces élections, selon la déclaration lue par la présidente de l’Association, Mme Sy Kadiatou Sow, notre unité nationale est ébranlée et la cohésion sociale fortement entamée. Pour elle, si la tenue de l’élection du président à date échue, permet d’éviter un vide institutionnel, il n’en demeure pas moins qu’elle n’aboutit pas forcement et automatiquement à la prise en charge des questions et préoccupations essentielles des maliens : la sécurité, le recouvrement de l’intégrité territoriale, le retour sur l’ensemble du territoire de l’administration dans tous ces démembrements (police, justice, économique, éducation, santé etc.), la libre circulation des biens et des personnes. Selon Mme Sow, cette élection a été marquée par des pratiques qui n’honorent pas la démocratie malienne.
En effet, dira-t-elle, beaucoup de bureaux ont connu des perturbations dans certaines localités de l’Est, du Nord et du centre dues notamment à l’assassinat d’un président de bureau de vote, d’enlèvement des agents électoraux, des saccages et enlèvement d’urnes, de fermeture du bureau de vote suite à des menaces, de déplacement des sites des bureaux. « De façon plus générale sur la plupart des centres de vote des constats sont alarmants de fraude massives, d’achats de conscience, de falsification des résultats issus des PV des bureaux de vote. », a-t-elle souligné. Avant d’ajouter que notre pays n’a jamais connu une contestation aussi vive des résultats de l’élection présidentielle. Par ailleurs, expliqua-t-elle, la Cour Constitutionnelle n’a jamais été autant prise à partie par des candidats. Parlant des atteintes aux droits humains, elle dira qu’il y a eu des arrestations arbitraires, enlèvements musclés de citoyens et confiscation de leurs biens en dehors de toute procédure légale.
Violation des procédures internationales
Concernant les observateurs internationaux, elle dira que la reconnaissance par la France, les Etats Unis, l’Union Européenne le Secrétaire général de l’ONU et les pays limitrophes excepté l’Algérie, de la victoire du président sortant avant même que la Cour Constitutionnelle ne rende son arrêt sur les résultats provisoires, constitue un manquement à notre pays, un mépris pour nos institutions et nos procédures constitutionnelles. Cet acte d’immixtion dans les élections de notre pays constitue une violation des procédures communautaires et internationales en matière de gouvernance et d’élections. Compte tenu des différents constats, l’Alliance pour la démocratie au Mali invite ceux qui détiennent de fait le pouvoir d’Etat à prendre la pleine et juste mesure des constations et à engager une concertation avec tous les protagonistes du processus électoral autour des conditions préalables à la tenue des prochaines législatives.
Leçons à tirer
Selon l’Alliance pour la démocratie au Mali de nombreuses leçons sont à tirer de cette élection, entre autres, la nécessité d’engager des réformes institutionnelles : notamment la modalité de désignation des membres de la Cour Constitutionnelle ; la réforme des organes en charge des opérations électorales : ne faudrait-il pas opter pour une structure unique compétente pour organiser les élections ; une réglementation plus rigoureuse du financement des campagnes électorales ainsi que sur l’utilisation des moyens et ressources de l’Etat dans la campagne ; la clarification des missions des structures en charge de l’accès égal aux médias publics : missions permanentes (pas seulement pendant les campagnes électorales).
Moussa Dagnoko
Source: Le Républicain