«C’est avec beaucoup d’émotion que j’ai vu les images qui rappellent cet évènement qui a abouti en mars 1991. Le thème est encore d‘actualité, la question de solidarité aussi car, effectivement, c’était une lutte solidaire. Il est important aujourd’hui que les Maliens se rappellent dans quelle condition nous avons été amenés à mener ce combat pour l’ouverture politique…. Ce combat, si on le situe dans son contexte, il n’y avait pas d’autre choix que de le mener.
On entend beaucoup de choses sur les 30 ans de la démocratie. Certains disent que la situation difficile dans laquelle se trouve le pays est essentiellement la faute aux démocrates, que c’est parce ceux qui se sont battus pour l’instauration de la démocratie ont mal géré etc. Mais je suis sûre d’une chose : c’est que si l’on n’avait pas eu mars 1991, tout ce qu’on dit, tout ce qu’on émet comme avis aujourd’hui sur ces questions là, on n’aurait pas pu.
Les Maliens ne renonceront jamais à leur démocratie …
Chaque époque a ses défis. Donc, si on s’interroge sur ce qui a été fait de bien, sur ce qui a été fait de moins bien, et ce qui devrait être amélioré ou corrigé, si les Maliens se posaient ces questions-là, cela nous permettrait d’avancer. Parce que les Maliens ne renonceront jamais à leur démocratie…qui est un processus. Comme dans tous les autres pays du monde, surtout les grandes démocraties, nous devons être en perpétuelle interrogation sur le fonctionnement, sur comment se porte notre démocratie, quelles en sont les failles, qu’est ce qui n’a pas marché par rapport aux attentes et comment aller de l’avant. Si l’on arrive à s’accorder sur ça, il y’a des chances qu’on reprenne en main notre démocratie, qu’on la refonde dans l’intérêt de l’ensemble des Maliens.
Je ne vois pas les Maliens à renoncer à ce système de gouvernance aujourd’hui au profit d’un quelconque régime, comme le diraient certains, de dictature éclairée…Je pense qu’en interrogeant bien le passé, le présent, on peut se projeter sur l’avenir et décider ensemble de ce qui est bien pour notre pays tout en restant dans le système que les Maliens ont choisi en mars 1991- 1992 après la Conférence nationale souveraine».
Propos recueillis par Bintou Diarra
Source : Le Challenger