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Mme Konaté Fatoumata Diallo, maire de la commune rurale de Toukoto : « Le développement de notre commune est l’affaire de tout le monde »

Mme Konaté Fatoumata Diallo est le maire de la commune rurale de Toukoto, cercle de Kita, région de Kayes. Elle est à son tout-premier mandat à la tête d’une commune. Mme Konaté explique sa descente dans l’arène politique par son amour pour son Toukoto natal. Elle ambitionne de faire de la commune rurale de Toukoto, un modèle de développement. Fatou comme l’appellent les intimes ne manque pas d’ambitions et envisage de mobiliser toutes les forces nécessaires pour tirer la commune vers le haut. Entretien 

Le Challenger : Mme le maire, quelles sont les activités phares de votre commune ?

Mme Konaté Fatoumata Diallo : Comme toutes les localités traversées par les rails, l’activité phare de Toukoto tournait autour du train. L’arrêt de l’activité ferroviaire a largement affecté Toukoto parce qu’il n’y avait pas de routes. Tout tournait autour des trains.

Toukoto est l’un des socles du chemin de fer. Si le train était en panne, il était réparé à Toukoto. Ce sont les travailleurs du chemin de fer qui ont fait de Toukoto ce qu’il est. Le village était un centre névralgique de l’AOF. L’arrêt de l’activité ferroviaire n’a pas été facile à vivre et a été un recul pour Toukoto. Cela a entrainé une migration des populations. Même si on tombe malade, c’est difficile d’atteindre la ville pour se soigner. Le train ne venait pas. De nombreuses personnes ont fait déplacer leurs familles. Maintenant Dieu merci, la commune est traversée par une route même si l’état du tronçon n’est pas très bon. Cela n’empêche pas les gens de mener leurs activités. Nous avons un problème de route. Aujourd’hui, de nombreux véhicules qui partent à Kayes passent par Toukoto. Cela a donné un coup de démarrage aux activités économiques sinon l’arrêt du train a été difficile à supporter.

Pouvez-vous nous édifier sur vos motivations à vous engager en politique ?

J’ai été frappée par les retards accusés par Toukoto en matière de développement. Quand je regarde la télévision, je vois que d’autres localités enregistrent des progrès considérables. Et pourtant ma contrée dispose d’énormes richesses. Je me suis dit que Toukoto mérite de connaître le développement. C’est à partir de ce constat que j’ai décidé de m’engager en politique. En m’engageant, je voulais apporter ma contribution pour le développement de ma commune. Voilà les raisons qui sont  à l’origine de ma motivation.

Vous êtes à votre premier mandat. Pourquoi la population de Toukoto a placé sa confiance en vous ?

Je suis toujours au rendez-vous de toutes les questions de développement concernant la commune. J’ai toujours été une femme engagée. Je me sacrifie pour obtenir des meilleurs résultats avec des initiatives de développement. J’ai fait toujours de mon mieux pour aider mon terroir. A Toukoto, les populations sont reconnaissantes. C’est pourquoi la population s’est mise d’accord de façon unanime pour me choisir en tant que candidate. Lors de la réunion qui m’a désignée, je n’étais même pas présente. J’ai été ensuite informée que la population m’a choisie pour aller aux élections communales. Après, j’ai fait le compte-rendu à mon mari qui n’a pas posé de problèmes. Et j’ai accepté ce choix sinon la candidature au poste de maire n’était pas dans mon programme.  Nous étions au nombre de huit (8) personnes à briguer la mairie. L’élection communale est un scrutin de proximité. J’ai eu la majorité. Je remercie les populations de la commune de Toukoto pour leur confiance. Je ne peux pas les récompenser.

Est-ce que ça a été facile pour vous d’être élue maire ?

Rires ! Ça n’a pas été facile parce qu’il y avait d’autres partis en compétition. Nous étions au nombre de huit partis. Ce n’était pas facile.

Avez-vous des difficultés avec la population et vos conseillers dans le cadre de la gestion de la mairie ?

Comme je vous l’ai dit, c’est la population qui m’a choisie, tout devient facile en ce moment. Les habitants de Toukoto m’ont choisie et me facilitent le travail. Chacun fait de son mieux pour le développement. Si cela existe dans une commune, il n’ya pas de problèmes d’entente. Nous nous entendons très bien. Il n’y a aucun problème entre les 11 conseillers et moi. Lors des délibérations, il n’y a pas d’opposants. Tout le monde vote. C’est le signe d’une entente totale. Je n’ai pas de problèmes.

Cela veut dire que vous n’avez pas de problèmes avec les hommes conseillers

Il n’y a aucun problème. Tout le monde exécute à ma satisfaction la tâche que je lui confie. Pas de problèmes.

Quel message vous avez proposé à la population ?

Dès mon élection, j’ai montré à l’ensemble de la population de Toukoto que nous sommes de la même famille. Donnons-nous la main pour que la commune puisse se développer. Le développement de notre commune est l’affaire de tous. Donc il faut qu’on se donne la main comme un seul homme pour regarder dans la même direction. Heureusement, mon message a été compris par la population mais on ne peut pas faire l’unanimité. Aujourd’hui, Dieu merci, ça va à Toukoto. Nous conjuguons nos efforts. Quand il y a une activité, tout le monde se mobilise, chacun apporte vraiment sa petite contribution. Vous venez de le constater tout de suite. Nous sommes en train de préparer une journée de consultation médicale gratuite pour le 27 avril prochain.

Depuis mon arrivée, tous les ressortissants de Toukoto, de l’intérieur comme de l’extérieur, s’intéressent au développement de la commune. Chacun fait de son mieux. Celui qui trouve une opportunité m’appelle et je cours pour m’y rendre. Certains travaillent avant de m’appeler. Il y a beaucoup d’autres exemples. En un mot, tous les ressortissants de Toukoto sont impliqués dans le développement de la commune.

Avez-vous des ambitions pour le développement de votre commune ?

Bien sûr ! J’ai de grandes ambitions pour ma commune. Je veux faire en sorte que Toukoto soit au rendez-vous du développement. Mon rêve que je souhaite réaliser le plus rapidement possible est de faire de Toukoto, une commune où il fait bon vivre. Mon équipe et moi voulons faire des grandes réalisations dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, etc.

Vous  savez, je suis la première femme à devenir maire dans ma commune. J’aimerais marquer l’histoire de Toukoto avec de grandes réalisations. Je voudrais qu’on raconte un jour qu’une femme-maire a dépassé largement les hommes. C’est mon ambition. Tous les efforts que je fournis visent à permettre à ma commune de rattraper son retard de développement. J’aimerais que ce soit une femme qui puisse sortir Toukoto de cette situation.

Quels sont les besoins de votre commune sur les plans sanitaire, éducatif ?

Je suis à la recherche de financements pour nos projets de développement. Ma commune a des problèmes de centre de santé et de personnel notamment de sages-femmes. La matrone fait de son mieux, mais elle est fatiguée.  Sur le plan de la santé, rien ne marche. J’ai entrepris plusieurs démarches. Or, Il n’y a pas de développement sans la santé. On songe d’abord à la santé avant d’entreprendre d’autres choses. La santé est l’une de nos préoccupations majeures. Je veux créer les conditions qui permettront à mes concitoyens d’accéder aux soins de santé de qualité dans des meilleures conditions. Nous travaillons à faire en sorte que la santé des populations soit garantie.

Le développement de l’éducation est l’un de mes soucis majeurs. Ma commune connaît des problèmes d’infrastructures scolaires. Nous n’avons pas assez d’écoles. Les salles  de classe datent pour certaines du temps colon. Aujourd’hui, il peut y avoir cent élèves dans une seule classe. Ce n’est pas facile. La commune de Toukoto dispose de nombreuses potentialités dans le domaine de l’agriculture avec des espaces aménageables.

Femme et maire, quelle est le rôle de la femme dans le développement  de votre commune ?

La femme joue un rôle important dans tout développement. En général, la participation de la femme à une activité signifie qu’il ne s’agit pas d’une chose banale. Il faut voir, les villes ou villages fondés par les femmes sont devenus célèbres. C’est une femme qui a fondé Tombouctou. Le nom de Tombouctou est connu à travers le monde. C’est la même chose pour Djenné. Donc, la femme a un grand rôle à jouer dans le développement. Si la femme n’est pas présente dans une entreprise, pour moi, elle est incomplète. C’est vrai que ce sont les hommes qui sont nos chefs de famille mais on se complète. Lors des élections, ce sont les femmes qui se mobilisent plus que les hommes. La femme a un rôle très important. Si vous prenez tout ce que nous faisons, sur un pourcentage de 100%, vous verrez que 90% sont des femmes. La femme joue un rôle essentiel dans le développement de la commune.

Avez-vous un appel à lancer aux autres femmes afin qu’elles puissent avoir le courage de s’engager en politique pour avoir des postes de responsabilité ?

Oui. J’ai un appel à lancer à nos sœurs. Les femmes ne doivent pas se sous-estimer. Les femmes ne doivent pas avoir peur. Nous ne disons pas qu’on va prendre la place des hommes, mais nous pouvons faire beaucoup. En Afrique, la femme est respectée. Les 70% des efforts de la femme sont orientés vers la famille. J’appelle les femmes à ne pas rester derrière. Nous devons bien attacher nos ceintures pour permettre à notre pays, nos communes de sortir de l’ornière. Quand on dit aux femmes de sortir, elles doivent sortir. Elles doivent éviter les retards pour mieux apprendre les choses les plus importantes.

Quelles sont les activités que vous avez faites avec les femmes de Toukoto depuis votre élection ?

Nous avons eu à faire plusieurs activités. J’ai délivré 20 récépissés pour que les associations féminines puissent trouver des partenaires en vue de financer leurs activités. Déjà, les femmes ont besoin de formation sur la fabrication de savon. Nous sommes en train de chercher des partenaires pour les soutenir. Les femmes ont été formées aussi dans la transformation de certains produits agricoles. Pour le moment, nous ne disposons pas de moyens financiers pour doter ces femmes de matériels de travail afin qu’elles puissent travailler en toute indépendance pour l’autonomisation, mais nous sommes là-dessus et prions Dieu pour rencontrer des personnes de bonne volonté qui puissent nous aider.

Quelle est la situation de la scolarisation des filles et du mariage précoce au niveau de Toukoto ?

A Toukoto les notables connaissent l’importance des études. C’est rare que les filles abandonnent les études pour le mariage. On rencontre souvent le mariage précoce chez mes parents peuhls. Sinon, le mariage précoce n’est pas fréquent ici.

Avez-vous un appel à l’endroit des autorités et des partenaires pour faire face aux nombreux problèmes auxquels votre commune est confrontée ?

Permettez-moi d’abord de faire des bénédictions pour les autorités pour qu’elles puissent réussir à faire face à la situation. Je prie le bon Dieu pour que le Mali sorte de la crise politico-sécuritaire qui le secoue depuis 2012.

Ensuite, en ce qui concerne ma commune Toukoto, elle est confrontée à d’énormes difficultés. Nous n’avons pas de route. Jusqu’à présent, il n’y pas d’électricité à Toukoto. Nous avons 2000 hectares de plaines aménageables. L’aménagement de ces plaines peut jouer un rôle important dans le cadre de la promotion de la sécurité alimentaire.

Nous voulons que notre commune soit viabilisée. Nous appelons le gouvernement à prendre des initiatives de développement de notre commune. Nous sommes habitués au mouvement des trains, si le train s’arrête, ça fait régresser la ville.

Propos recueillis par Chiaka Doumbia et Bintou Diarra

 

une femme battante

De teint clair, Mme Konaté Fatoumata Diallo est un exemple. Son parcours atypique prouve à suffisance qu’une femme n’a pas besoin d’être diplômée des grandes écoles pour être utile à sa communauté. Titulaire du diplôme d’études fondamentales (DEF), elle a juste fait un an au Centre de Formation Technique de Quinzambougou avant de se tourner vers le commerce. Ne disposant pas de gros moyens, elle reste attachée à sa contrée et répond à tous les rendez-vous quand il s’agit de Toukoto. Sociable et disponible, Fatou comme l’appellent les intimes, participent à toutes les initiatives visant à assurer le développement de son village. Pour mieux participer au développement local, elle décide de s’engager en politique en 2012.

Son engagement au service de la communauté lui a valu la confiance totale des populations. Fatou Diallo qui accueille toujours ses visiteurs avec une grande courtoisie accompagnée d’un large sourire, a une grande vision pour Toukoto. Elle se bat nuit et jour pour réussir cette noble et exaltante mission. « C’est un maire qui se bat. Fatou mérite d’être aidée et soutenue », nous lance un ressortissant de Toukoto qui  ne tarit pas d’éloges pour elle.

3ème vice-présidente de la section de Kita et secrétaire aux conflits de la sous-section de Toukoto, elle est candidate malheureuse aux élections législatives de 2013. Ancienne présidente à l’association des femmes rurales de l’Office riz de Mopti et membre de l’association des femmes transformatrices de lait, elle est mariée et mère de six enfants (4 garçons et deux filles).

le challenger

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