Depuis quelques mois, deux clans de femmes s’opposent et se crêpent le chignon au niveau de la Cafo qui vit une profonde crise se traduisant par un bicéphalisme de fait. En effet, Mme Barry Oumou Touré et Mme Dembélé Oulématou Sow, se réclame, chacune, présidente élue de l’organisation. Nous avons pu approcher Mme Barry Oumou Touré pour avoir sa part de vérité. Entretien !
Aujourd’hui Mali : Pouvez nous nous faire la genèse de votre parcours à la Cafo ?
Mme Barry Oumou Touré : J’ai commencé à militer au sein de la Coordination des associations et ONG féminines du Mali (Cafo) depuis 1991 à travers l’Apdf dont je suis membre fondatrice. J’ai participé au premier Congrès ordinaire de la Cafo tenu du 17 au 20 septembre 2002. J’étais membre de la coordination communale des femmes de Bamako avant qu’on ne la transforme en Cellule Cafo, comme ce fut le cas au niveau de chaque commune du district de Bamako, après le Congrès de septembre 2002 de la Cafo, pour ne pas dupliquer les organisations qui regroupent les mêmes femmes. Donc je suis militante non seulement au niveau communal, mais aussi au plan national. Par contre, c’est en 2004 je me suis retirée du Bureau exécutif national de la Cafo pour des raisons personnelles. Et en 2014, sur la demande de mes camarades femmes, j’ai réintégré la faitière des femmes au niveau communal en tant que Coordinatrice de la Commune I.
Depuis quelques mois vous vous présentez comme présidente de la Cafo. Quels sont les éléments en votre possession qui permettent de lever toute contestation quant à votre légitimité et votre légalité ?
Les éléments en ma possession par rapport à ma légitimité et ma légalité comme présidente de la Cafo sont : l’Arrêt N°177 du 29 mars 2018 de la Cour suprême et le Certificat de non révision du 19 juin 2019, le Procès-verbal de l’Assemblée générale du 23 aout 2019 tenue à Bamako en présence des déléguées des régions constatée par un huissier-commissaire de Justice et l’Ordonnance N° 1002 du 26 aout 2019 du Tribunal de grande Instance de la Commune IV de Bamako.
Nous savons aussi que Mme Dembélé Oulematou Sow se présente aussi comme présidente de la Cafo. Est-ce qu’il n’ya pas là un bicéphalisme ?
Pour moi, elle n’est pas la présidente de la Cafo, parce qu’elle était suspendue jusqu’à l’Assemblée générale à laquelle elle n’a pas voulu participer et j’ai été élue au cours de l’Assemblée générale d’août 2019.
Et pourtant elle a un arrêt de la Cour suprême relatif à sa reconnaissance comme présidente de la Cafo par cette juridiction ?
L’Arrêt qu’elle a sous sa main date de décembre 2019 et ne concerne pas notre assemblée générale. Une demande de Rabat de jugement a été déposée au niveau de la Cour suprême de Bamako depuis le 08 janvier 2020. J’ai aussi déposé à la Cour suprême une tierce opposition.
Parallèlement à la voix judiciaire, y a-t-il des démarches, notamment au niveau du ministère de l’Administration territoriale et celui de la Femme, pour concilier les positions ?
Non ! Après notre Assemblée générale, j’ai écrit à tous les ministres et au Premier ministre pour leur notifier la tenue de l’AG et la liste des membres du bureau. Une demande d’audience a été faite. Elle est restée sans réponse de ces deux ministres dont vous parlez.
Qui a intérêt à ce que la situation perdure de la sorte ?
Pas nous en tout cas car mon équipe est consciente que cette situation retarde la promotion des femmes pour laquelle la Cafo a été créée.
Etes-vous favorable à un consensus ? Si oui, quels sont selon vous les préalables ?
Je suis favorable à un consensus. Un médiateur peut jouer ce rôle.
Avez-vous un appel à l’endroit des autorités et aux femmes du Mali par rapport à cette situation ?
La Cafo est un acquis pour les femmes du Mali et elle est représentée dans toutes les régions du Mali et dans certains pays à l’extérieur. Elle est une opportunité pour la promotion des femmes maliennes. Cette organisation ne doit donc pas couler car elle est aussi un outil qui contribue à la performance des indicateurs de la politique gouvernementale en matière de promotion et de respect des droits des femmes au Mali. C’est pourquoi, nous demandons au gouvernement de prendre les dispositions nécessaires en toute impartialité pour une gestion rapide de la crise qui perdure à la Cafo. Aux femmes, nous demandons de rester sereines, solidaires et d’être vigilantes par rapport à la manipulation.
Votre mot de la fin ?
Le Mali vit une crise multidimensionnelle, pour cela je demande, au nom de la Cafo, que les différents acteurs sociaux puissent privilégier le dialogue et que le président de la République, garant de l’unité nationale, puisse faciliter les mécanismes de bonne gestion du processus démocratique au Mali.
Réalisé par Kassoum THERA
Source: Aujourd’hui-Mali