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Mission d’évaluation du FMI au Mali : DES CONCLUSIONS PARTAGÉES SUR L’EXÉCUTION DU PROGRAMME COMMUN

Le Fonds a apprécié de manière positive les efforts déployés par le gouvernement et les résultats obtenus malgré une conjoncture compliquée

 

Mme Bouaré Fily Sissoko ministre économie partenaires pays bas

Une mission d’évaluation du Fonds monétaire international (FMI) séjournait dans notre pays depuis le 6 mars denier. Mercredi, le ministre de l’Economie et des finances, Mme Bouaré Fily Sissoko et les experts du Fonds ont animé une conférence de presse sur les conclusions de l’évaluation du programme commun entre le pays et l’institution financière internationale. C’était en présence du ministre délégué chargé du Budget, Madani Touré, du représentant résident du FMI, Anton Op De Beke et des experts du département de l’Economie et des finances.
Il faudrait rappeler que le Fonds monétaire international, partenaire technique et financier stratégique de notre pays, joue un rôle de premier plan dans l’accompagnement de notre politique économique. Il convient aussi de souligner qu’en dépit de la crise multidimensionnelle vécue depuis 2012, notre coopération avec le FMI n’a jamais été véritablement interrompue. Trois mois seulement après le coup d’Etat, les deux parties s’étaient rapprochées en vue d’une évaluation de la situation macroéconomique du pays. Les contacts continus ainsi rétablis ont débouché en novembre 2012 sur la conclusion d’un accord au titre de la Facilité rapide de crédit. Cet engagement du FMI aux côtés du Mali a eu un effet catalyseur positif et a favorisé le retour progressif des autres partenaires multilatéraux et bilatéraux. A la faveur de ces soutiens et des efforts déployés au plan interne, notre pays a renoué avec la croissance économique en 2013.
Pour entretenir l’élan de croissance, la mission du Fonds conduite par Christian Josz, expert en charge de l’évaluation des performances économiques de notre pays, était à Bamako afin d’engager des discussions avec les nouvelles autorités sur la première revue du programme économique du gouvernement soutenu par le programme de Facilité élargie de crédit (FEC) approuvé en décembre dernier par le FMI. Le bilan des ces discussions entre les deux parties se trouvait au centre de la rencontre avec la presse.
Dans un exposé liminaire, Christian Josz a fait une analyse succincte de la politique économique du pays. Il retenu tout d’abord la très bonne relation de coopération existant entre son institution et le Mali. Cette relation s’est, selon lui, davantage consolidée depuis l’organisation réussie des élections présidentielle et législatives qui a marqué le retour du Mali dans le concert des nations démocratiques. L’expert du FMI rappellera qu’au cours de la mission, sa délégation a  été reçue en audience par le Premier ministre, Oumar Tatam Ly. Elle a également eu des séances de travail avec plusieurs membres du gouvernement, notamment le ministre de l’Economie et des finances et ses collègues de l’Energie et de l’Hydraulique,  du Budget, de la Décentralisation et de l’Investissement. Les experts ont également eu des discussions avec le directeur national de la BCEAO de même qu’avec les députés, les représentants de la société civile, des syndicats, du secteur privé et enfin la communauté des partenaires au développement de notre pays.
LA SORTIE DE CRISE AMORCÉE. Analysant la situation économique du Mali, Christian Josz indiquera en 2013  notre pays a amorcé sa sortie de crise. Les secteurs de l’industrie manufacturière et des services ont rebondi de 6 à 9% respectivement grâce à l’amélioration de la situation sécuritaire, au succès des élections de même qu’à la reprise du soutien des partenaires. Pour autant, le secteur primaire s’est contracté de 7% sous l’effet de précipitations défavorables et d’une récolte moins bonne que celle record de 2012. C’est pourquoi le produit intérieur brut (PIB) réel n’a progressé que de 1,7% au lieu des 5,1% anticipés il y a six mois. En 2014, sous réserve que la prochaine récolte soit normale, le PIB réel devrait augmenter de 6,5%. Pour 2013, l’inflation moyenne était légèrement négative de -0,6%, mais en 2014, elle pourrait grimper au delà de 3%.
Malgré certains facteurs défavorables, le Mali a respecté ses engagements vis-à-vis du Fonds monétaire international dans le cadre du programme commun. Ces engagements portaient notamment sur la stabilité macroéconomique, c’est-à-dire le maintien de l’inflation à un taux assez bas, ainsi que la bonne tenue du budget (paiement des arriérés internes et externes et veille sur la position d’endettement du gouvernement). « Le gouvernement s’est engagé à poursuivre les réformes des finances publiques (recettes, qualité de dépenses, trésorerie, renforcement du système bancaire et amélioration du climat des affaires). L’important dans ce programme est que le service du FMI revient chaque semestre pour faire une évaluation afin de s’assurer que le programme est mis en œuvre. C’est sur la base de ces évaluations que le Conseil du Fonds approuve le décaissement suivant. Pour les autres partenaires techniques et financiers, ces évaluations constituent de bons indicateurs qui les encouragent à continuer leurs appuis au gouvernement du Mali. C’est ainsi que le FMI aide les PTF (partenaires techniques et financiers) à aider le Mali », a indiqué l’économiste.
En ce qui concerne les performances économiques de notre pays, les experts ont reconnu la qualité globale des résultats engrangés par notre pays. « La performance du Mali dans le cadre du programme économique appuyé par le programme de Facilité élargie de crédit est conforme aux attentes, à l’exception des recettes fiscales qui, en 2013, ont été inférieures de 5% au montant prévu. Cette contreperformance des recettes fiscales s’explique en partie par la baisse des prix de l’or et par les faiblesses administratives au sein de l’administration fiscale. Le déficit de recettes a été compensé par une sous-exécution des dépenses et grâce à une politique de prudence. Cependant, les objectifs de soldes budgétaires pour 2013 ont été atteints. Les réformes de la gestion des finances publiques sont en bonne voie », a expliqué Christian Josz en se réjouissant de la mise en œuvre par le gouvernement de mesures correctrices pour renforcer l’efficacité de l’administration fiscale et le contrôle de l’octroi des exonérations d’impôts.
Reconnaissant les progrès réalisés par l’économie nationale malgré les chocs exogènes, Christian Josz a indiqué que les experts ont apprécié l’intention du gouvernement de présenter très prochainement à l’Assemblée nationale un projet de loi de finances rectificative pour 2014. Celle-ci remplacera la Loi de finances 2014 et formalisera la base de ce qui sera fait au titre du programme de Facilité élargie de crédit. Cette nouvelle loi de finance inclut les aides extérieures supplémentaires ainsi qu’un certain nombre de postes de dépenses.
LES PRIORITÉS DU CHEF DE L’ÉTAT. Tout en réaffirmant l’engagement du FMI au côté de notre pays pour atteindre les objectifs de développement, Christian Josz n’a pas manqué de mettre l’accent sur la situation financière de la société Energie du Mali (EDM S.A.). L’Etat, selon l’expert, doit développer une stratégie dynamique pour faire face à la lourdeur des dépenses énergétiques, en procédant à une « réorientation des dépenses qui s’impose pour assurer l’allocation de crédits suffisants aux secteurs prioritaires (éducation, santé, etc.), apurer les arriérés et réduire les délais de paiement ». Cette réorientation peut être facilitée, a-t-il relevé, par une réforme du secteur énergétique, laquelle passe par une diminution des aides budgétaires dont bénéficie le secteur et qui s’élèvent aujourd’hui à plus de 58 milliards par l’an.
Le ministre de l’Economie et des finances, Mme Bouaré Fily Sissoko, a remercié les experts du Fonds monétaire international pour la pertinence de leurs analyses et s’est réjoui de la qualité du partenariat dynamique existant entre les deux parties. Elle a reconnu la justesse des recommandations de la mission du Fonds. En relevant les efforts faits par le pays dans le cadre des réformes macro et micro-économique notamment en matière de développement des infrastructures, de relance des secteurs productifs, de poursuite et de consolidation des réformes structurelles et de renforcement des secteurs sociaux, Mme Bouaré Fily Sissoko rappellera les priorités du Gouvernement que sont la relance de la croissance et du développement.
La patronne du département de l’Economie et des finances indiquera que la Loi de finances rectificative 2014 qui doit être présentée à l’Hémicycle dans les semaines à venir s’appuie sur des prévisions prudentes de recettes. « Ce budget servira de base à un nouveau programme triennal pour lequel le gouvernement a demandé l’appui de la Facilité élargie de crédit (FEC). Les réformes qui sous-tendent le programme ont pour principaux objectifs d’accroitre le recouvrement des impôts, d’améliorer le climat des affaires notamment grâce à un accès plus aisé au financement du secteur bancaire et de garantir un meilleur approvisionnement en électricité », a-t-elle détaillé tout en rappelant les priorités du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keita que sont l’amélioration des conditions de vie des Maliens, la relance et le développement des secteurs porteurs, la stabilité de la politique économique du pays et une croissance accélérée. Mme Bouaré a aussi réitéré l’engagement de notre pays à approfondir les réformes en cours pour une relance rapide des chantiers du développement.
D. DJIRÉ

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