Désignation des membres des autorités intérimaires ; proposition des listes des membres pour la commission nationale de DDR, la commission d’intégration et le conseil national de réforme du secteur de sécurité ; première patrouille mixte des forces armées et de sécurité et des représentants de plusieurs groupes armés signataires ; ouverture des écoles à Kidal après tant d’années de fermeture… Il est bien clair que le ciel s’éclaircit sur le processus de paix, mal au point, il n’y a pas encore longtemps. Des signes probants de la volonté des acteurs concernés, y compris le gouvernement, à aller plus vite vers la fin, se multiplient. Cela, en dépit des embuches qui s’y tiennent…
Lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Mali, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies, pour les opérations de maintien de la paix, le très démoniaque Hervé Ladsous, a déplorait l’absence persistante de progrès dans la mise en œuvre de l’accord de paix et la dégradation de l’environnement sécuritaire qu’il juge « incompatibles avec une stabilisation durable, fût-elle partielle, de la situation ». Ce dernier, qui fondait sa religion sur les récents affrontements meurtriers entre les groupes armés rivaux de Kidal ainsi que les violations du cessez le feu, depuis les accords d’Anéfis, d’octobre 2015, dans la région de Kidal, estime que ces faits ont malheureusement hypothéqué le processus de paix, repoussant encore une fois la nomination des autorités intérimaires, prévue par l’accord. Et le responsable onusien de regretter l’absence d’avancées quant aux processus de cantonnement, désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) en se basant sur le fait que « Toutes les parties n’ont pas encore nommé leurs représentants dans les Commissions nationales d’intégration et de DDR alors que les huit sites de cantonnement construits par la MINUSMA seront pleinement opérationnels à la fin de ce mois ».
Nous sommes le 6 octobre, date à laquelle le Secrétaire général adjoint des Nations Unies, pour les opérations de maintien de la paix, tenait un tel discours devant l’auguste assemblée, réunie, au grand complet, pour mesurer le chemin parcouru de sur le processus de paix au Mali, depuis l’adoption de la résolution 2295 (2016), exhortant les parties à accélérer la mise en œuvre de l’accord de paix en s’entendant notamment sur une priorisation de ses dispositions.
Cette déclaration, qui fait table rase de tous les efforts déjà consentis par les divers acteurs, notamment le gouvernement, n’a pas ébranlé d’un iota les autorités maliennes, engagées dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Au contraire, sans démordre, c’est avec méthode, et suivant un agenda national cohérent, que le gouvernement s’est attelé de manière rigoureuse à tenir ses obligations.
Voilà pourquoi, avant même que les échos des propos fracassants du responsable onusien ne franchissent le temple des Nations-unies, les avancées notables sur le processus de paix, déployés par les auteurs, loin de là, s’imposent par leur rigueur et leur dimension.
Au nombre de ces actions remarquables, figurent la proposition des membres pour la Commission Nationale de DDR, la Commission d’intégration et le Conseil National de Réforme du Secteur de Sécurité. Aussi, le Gouvernement, la Plateforme et la CMA ont-ils fourni les listes des hommes devant constituer la première unité pour les patrouilles mixtes, qui sera basée, à Gao, avec la possibilité de déployer des hommes à Kidal dans une première phase.
Fait marquant aussi, c’est qu’au moment où Hervé Ladsous faisait son show médiatique, c’est ce même jour (6 octobre) qu’une patrouille mixte a été conduite au Nord du Mali, dans la région d’Ansongo-Ménaka. Elle associait des forces armées et de sécurité et des représentants de plusieurs groupes armés signataires accompagnés par un détachement de la force Barkhane. Toute une symbolique. Ce d’autant plus que cette mission témoigne d’une avancée réelle dans le dialogue entre les acteurs de terrain dans le cadre de la stabilisation du pays. N’en déplaise aux prophètes de malheur qui ne reculent devant aucun scénario catastrophique.
Conscients de l’importance du travail en commun, dans la sécurisation de la RN 20, axe essentiel pour les habitants de la région d’Ansongo-Ménaka au Nord-Mali, les forces armées maliennes (FAMa) et certains représentants des groupes armés, signataires, se sont mis d’accord, à l’initiative du gouverneur de Ménaka, pour organiser une patrouille mixte. La préparation de la mission a été finalisée au cours d’une réunion de coordination, le 4 octobre, au gouvernorat de Ménaka, en présence des autorités civiles et militaires locales.
La veille déjà, soit le 5 octobre à In Délimane, la patrouille motorisée, qui comptait initialement une section FAMa et un groupe de la Plateforme, a été rejointe par des éléments de la CMA. Une patrouille à pied a alors été organisée dans la ville, à la satisfaction de ses habitants.
Cette première patrouille, accompagnée d’un détachement de la force Barkhane, s’est déroulée dans d’excellentes conditions. Son succès constitue un jalon symbolique important pour les populations de la région, alors que les transporteurs menaçaient de suspendre leurs activités du fait des mauvaises conditions sécuritaires sur la RN 20.
Autre pas important, c’est la désignation, par le gouvernement, suite à un conseil des ministres extraordinaire, des membres des autorités intérimaires. Une volonté politique qui a été appréciée non seulement par la médiation internationale, mais vivement saluée, à sa juste valeur, par la CMA. L’évènement est suffisamment rare pour être souligné : très souvent, on l’a vu, la CMA égratigne le gouvernement, mais si loue la qualité de l’exécutif central dans la conduite de ce processus de paix, c’est qu’elle a de bonnes raisons pour cela. Un changement de ton qui tranche avec la rhétorique guerrière, entretenue par les critiques acerbes, qu’elle ne cesse d’administrer à l’Etat.
En tout cas, même si l’heure n’est pas encore au partage du bon thé, sous la même tente, il n’en pas loin d’autant que ce changement d’attitude de la CMA dénote d’un climat plus serein entre les partenaires. A tous ces progrès s’ajoute également l’ouverture des classes dans la localité rebelle de Kidal. Ce qui n’est pas un fait banal eu égard à l’espoir que cela revêt dans la localité, sevrée de plusieurs années d’apprentissage scolaire. La joie se lisait d’ailleurs sur le visage de plusieurs parents et élèves qui se sont montrés soulagés après des années de crainte, d’inquiétude et de désespoir. Pour les habitants, la rentrée scolaire pourrait leur redonner le goût à la vie normale, très sérieusement entamée, ces derniers temps, par le vacarme des kalachnikovs. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef), quelques 62 écoles ont rouvert, lundi, leurs portes pour accueillir près de 3 800 élèves.
En 2015, « plus de 380 000 enfants âgés de 7 à 15 ans n’étaient pas scolarisés dans le nord du Mali », informe encore l’agence onusienne, précisant que « 79% des écoles étaient alors fermées à Kidal ». Comme quoi,ici, la normalité s’installe peu à peu…
Par Mohamed D. DIAWARA
Source: info-matin