Agir par dépit n’est pas un signe d’intelligence et encore moins de sagesse. Le spectacle loufoque offert en ce moment par quelques politiciens éblouis confirme que certains adultes grandissent en développant des maladies infantiles. Des corrompus et corrupteurs revendiquent publiquement leur forfait, perdant du coup le droit à la confiance et à celui d’exercer une charge publique. Pour moins que cela, Socrate a été condamné à boire la ciguë.
L’AUTOSTOP POLITIQUE MARCHAND AVILIT AUTANT LE PASSAGER QUE LE CAMIONNEUR
Ces derniers jours, on a pu observer deux sortes de mouvements distincts au sein de la majorité présidentielle. D’abord, des élus RPM ont rejoint l’opposition en continuant d’occuper sans état d’âme leur place à l’Hémicycle. Ensuite, des partis politiques ont mis fin à leur alliance avec la majorité présidentielle pour créer un nouveau groupe parlementaire. Dans le second cas, il s’agit de pratiques courantes et ni l’électeur, ni le suffrage universel n’ont été bafoués. Par contre, le premier cas de figure pose un véritable problème d’éthique dans la mesure où les partants, sans égard pour leurs mandants ont opéré un véritable détournement du mandat politique. Que des élus se comportent comme de vulgaires péripatéticiennes, a de quoi ternir l’image d’une institution aussi respectable que l’Assemblée Nationale. Se laisser débaucher contre des espèces plus trébuchantes que sonnantes est un parjure qui a fini par donner du grain à moudre au petit peuple et des balafres à l’honorabilité. L’achat de conscience dans certaines conditions est un fait puni par la loi électorale. La dignité qui s’attache à la fonction parlementaire est telle que celui qui est investi de la mission de voter la loi et de contrôler l’action gouvernementale ne peut se compromettre aussi bassement. Sur ce marché de larrons, vendeurs et acheteurs partagent un mépris commun des électeurs et du suffrage universel, donc des valeurs républicaines.
SI EN GRAMMAIRE DEUX NEGATIONS VALENT UNE AFFIRMATION, EN POLITIQUE, UNE DOUBLE PROSTITUTION PEUT MENER AU PURGATOIRE
Démissionner d’un parti politique n’est pas un crime en soi, en vertu même du principe de la liberté d’association et de conscience mais il y a problème lorsque le démissionnaire conserve le mandat électif obtenu grâce au parti qu’il quitte, pour servir une formation politique concurrente qui en avait été privée par les électeurs. Ce faisant, il trompe ses électeurs, perd leur confiance et leur respect sans jamais obtenir l’estime de ceux qu’il rejoint. En effet, peut-on faire confiance à un individu dont on connaît la versatilité et le prix ? Chaque jour devient pour lui un « mercato » au cours duquel il est épié et suivi, marqué au fer rouge de la trahison. Décidément, le Mali politique a beaucoup changé et pas en bien. Comment expliquer de tels errements à une jeunesse à qui on doit inculquer des valeurs citoyennes? Tromper ses électeurs, faire faux bond au parti politique sous la bannière duquel on s’est fait élire est révélateur d’une grande misère morale dont il faut à tout prix protéger la jeunesse et la république. Celui qui est capable d’un tel parjure ne peut représenter dignement le peuple ou même une partie du peuple. La morale et la vertu ont leur place à l’Assemblée Nationale. C’est pourquoi, il ne faut pas encourager des comportements qui donnent de nos élus l’image de mercenaires au service des puissances de l’argent. Pour les derniers transhumants du RPM soupçonnés de prévarication, il suffit de rappeler que si en grammaire deux négations valent une affirmation, en morale politique une double prostitution peut mener au purgatoire. Alors, vive la bêtise humaine !
Vérité d’hier, vérité d’aujourd’hui : « Traitre un jour, traitre toujours ! Celui qui a trahi trahira ! Le salaire du péché, c’est la mort ! »
Mahamadou CAMARA
Source: info-matin