Ni le gouvernement ni les groupes armés n’ont intérêt à hâter le processus de paix. Le premier n’a pas, à présent, les moyens d’outiller son armée en vue d’un redéploiement sur l’ensemble des zones occupées. Les seconds rançonnent le trafic de drogue, d’armes.
Gouvernement et groupes armés du Septentrion malien ont réussi à rouler dans la farine la communauté internationale. Qui a retenu la bonne foi des parties prenantes de l’Accord d’Alger en dépit du blocage actuel constaté et la recrudescence des attaques imputées aux islamistes armées. Cependant, en ce monde blasé trop de vérités essentielles passent sous silence. L’étrange situation de ni guerre ni paix arrange tout le monde. Faute d’équipement adéquat et de ressources financières, les Forces armées maliennes ne sont nullement en mesure de se redéployer sur un territoire plus vaste que la France. Et faire perdre beaucoup de plumes aux djihadistes. Par ailleurs, il est vrai que le vent a tourné. Jadis l’armée régulière fuyait devant l’avancée de l’ennemi. A présent, elle l’affronte courageusement et sans répit. En témoignent les revers militaires subis notamment à la frontière avec la Côte d’ivoire, et plusieurs localités du pays. Toutefois, il en reste encore pour mener des actions d’éclat au Nord comme au Sud. D’où l’inéluctable accroissement de la puissance de feu outre la formation d’hommes aguerris, un couple idéal en vue de la restauration de l’autorité de l’Etat. Au-delà, permettre à la sous-région de humer l’air frais de la liberté. En vérité, si le Septentrion malien continue d’éternuer toute l’Afrique de l’Ouest va s’enrhumer. A titre d’exemple, les auteurs des attaques de l’hôtel Splendide et du restaurant Cappuccino à Ouagadougou sont venus du nord-Mali, d’après les premiers éléments d’enquête rendus publics. Les terroristes, au nombre de six, ont semé sur leur passage la mort et la désolation, comme à l’hôtel Radisson de Bamako le 20 novembre dernier.
Lancer de nos jours des opérations de ratissage et détruire les infrastructures terroristes, notamment les dépôts de carburant, de munitions et les camps d’entraînement font appel à des interventions aériennes avec des appuis au sol, or nos Forces armées ne disposent point d’aéronef.
Ce serait une lapalissade d’en déduire que du succès de ces opérations dépendront la quiétude des populations. Qui brûlent d’envie d’oublier les images encore vivaces dans leurs esprits de boutiques pillées, de biens emportés, de corps sans vie de population civile, de femmes et jeunes filles violées.
Les groupes armés traînent également des pieds. Puisque la mise en œuvre de l’Accord sonne plutôt la fin des rançons tirées du trafic de drogue, d’armes et de marchandises diverses, notamment la cigarette, dans les zones qu’ils contrôlent. Ou souvent à ils jouent les intermédiaires contre rétribution pour la libération des otages occidentaux. Pour tout dire, à moins de mettre un pistolet sur leur tempe, ils ne vont pas emboucher rapidement la trompette du programme désarmement, démobilisation et réinsertion.
Tous, gouvernement et mouvements armés s’abritent derrière le blocage né de la représentativité au Comité de suivi pour justifier le retard accusé dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger signé à Bamako le 15 mai et 20 juin derniers.
Georges François Traoré
source : L’ Informateur