Le commandant de la Force spéciale antiterroriste (Forsat), le commissaire divisionnaire Oumar Samaké mis sous mandat de dépôt, a été aussitôt libéré sous la pression de ses camarades. Quelles peuvent être les conséquences pour les pouvoirs publics à vouloir arrêter et juger un patron d’une force spéciale antiterroriste en ces moments d’instabilité sécuritaire ?
Il y a quelques jours Cheick Cherif Haidara déclarait que le Mali d’aujourd’hui est en train de basculer sous le joug de ceux qui montre leurs biceps. Que si rien n’est fait cela risque d’être à la mode. Et, bien. C’est ce qui arrivé le vendredi 3 septembre 2021. Des policiers de la Forsat, l’unité anti terroriste ont fait entendre leur voix en utilisant la « force ». Ils se sont mobilisés contre un mandat de dépôt émis par le juge Dembo Macina du cabinet d’instruction du tribunal de Grande Instance de la Commune III de Bamako contre le commandant de la Force spéciale antiterroriste (Forsat) suite aux répressions de juillet 2020 devant une mosquée à Badalabougou, lors des manifestations organisées par le M5-RFP. C’est dans le cadre de cette enquête que le juge d’instruction de la Commune III après audition du commandant de la Forsat, lui a inculpé et placé sous mandat de dépôt.
Qu’est ce qui a donc poussé les policiers à contraindre la justice à la libération de leur camarade, le commissaire divisionnaire Oumar Samaké ? Que soupçonne-t-ils à travers ce mandat de dépôt ? Quelles peuvent être les conséquences d’un tel acte pour eux et pour le pays ? Ce sont-là des interrogations auxquels le citoyen veut des réponses claires.
En attendant d’y voir clair, faudrait-il pas saluer la justice pour sa tentative de situer les responsabilités sur une affaire de tuerie. Le hic est que dans cette affaire sensible qui peut viser plusieurs officiers, la justice doit tenir compte du contexte d’instabilité sécuritaire du pays. Une telle précipitation à vouloir juger sous la contrainte du M5-RFP, dont un des leaders est premier ministre, sera de nature a crée d’autres problèmes et à fragiliser davantage l’Etat.
Le chef de l’Etat, Assimi Goita, lui-même précédemment commandant d’une force doit gêner cette affaire avec beaucoup de doigté. La moindre erreur de sa part pourrait être préjudiciable et pour son image et pour le pays.
Dimanche 4 septembre 2021, deux des syndicats des magistrats, le Sam et le Sylima ainsi que l’AMDH, des responsables de partis politiques ont demandé à l’Etat de s’assumer. Au même moment, la synergie de la police a appelé ses partisans à rester mobiliser.
Les événements de vendredi dernier ne sont que les conséquences du laxisme des premiers responsables du pays et de la justice qui, par deux fois ont laissé laisser filer des personnes interpelées par des tribunaux.
On se souvient que sous IBK, des milliers de partisans de l’imam Dicko avaient vigoureusement protesté contre sa convocation par le tribunal de la commun V. La suite est connue, le tribunal a fini par annuler la convocation du Guide religieux avec l’implication des pouvoirs en place. La dernière en date a été la convocation de certains religieux à la gendarmerie du Camp I. Les mouvements de sympathisants de ses imams notamment d’un des ministres délégués, a aussi contraint leur relaxe.
Djibril Diallo
Source : Arc en Ciel