La suspension de toutes les rotations de contingents militaires et policiers de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) par le Gouvernement de la Transition pour des raisons de sécurité nationale doit amener les deux parties (MINUSMA-Mali) à s’interroger sur ses propres résultats dans la gestion de la crise au Mali. Mieux, les discussions qui seront incessamment engagées doivent aussi permettre à la MINUSMA ou aux autorités maliennes de se remettre en cause et si nécessaire de revoir leur façon de faire. Si seulement le but est vraiment de restaurer la paix et la stabilité au Mali.
Après le renouvellement d’un an du mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies au Mali (MINUSMA) le 29 juin 2022 sous des réserves des autorités de la transition, il convient de dire que cette suspension, annoncée le 14 juillet 2022, prouve à suffisance qu’il n’y a pas de convergence entre les forces armées maliennes et les contingents militaires et policiers de la MINUSMA sur le terrain.
Les discutions en vue entre les autorités maliennes et les responsables de la MINUSMA doivent permettre de dissiper toutes ces incompréhensions et repartir sur de nouvelles bases de collaborations. Aussi, si cette force onusienne veut poursuivre sa mission qui est de promouvoir durablement la paix et la sécurité au Mali, elle doit non seulement l’adapter aux réalités actuelles du terrain, mais aussi la mener en parfaite collaboration avec les autorités maliennes.
Que la MINUSMA se montre réellement engagée dans la recherche de la paix et de la stabilité au Mali tout en respectant sa souveraineté. Le faisant, elle doit aussi accepter de combattre de manière sincère, avec ou sans l’armée malienne, toutes les autres forces du mal dont le seul dessein est de déstabiliser le pays. A ce moment-là, elle cessera d’être une force d’occupation du territoire malien et d’imposition aux autorités maliennes. La logique serait que le Conseil de sécurité de l’ONU prête enfin une oreille attentive aux autorités maliennes afin de comprendre au mieux ou de bien cerner les attentes réelles de l’heure des populations.
Les choses doivent être suffisamment claires dans les esprits de tous, la MINUSMA n’est pas venue au Mali pour faire ce qu’elle veut. Au contraire, c’est le Mali qui connaît mieux ses besoins en sécurité et c’est à lui de faire à l’ONU ses propositions qu’elle les accepte ou pas. Mais, le Conseil de sécurité n’a pas à imposer une force à un pays souverain avec des missions qui ne collent pas avec les réalités du pays concerné. Donc, la logique voudrait que la MINUSMA soit une force mise à la disposition du Mali et que les autorités décident de son intervention sur le terrain. Autrement dit, son mandat doit être exécuté sous les directives des autorités maliennes. C’est la seule et unique façon pour la MINUSMA de bénéficier de la confiance des Maliens.
La vérité, c’est que la position actuelle de la MINUSMA ne lui garantit pas du tout un avenir certain au Mali. Surtout quand on sait qu’au-delà de la force d’intervention, la section de droits de l’homme semble s’inscrire dans une démarche de dénigrement des autorités maliennes à travers parfois des accusations sans fondement contre les forces armées maliennes. Mais, tout pourrait encore s’arranger, surtout dans les discussions qui seront prochainement engagées entre les deux parties visant à lever la suspension. Ces échanges doivent être une belle occasion pour redresser complètement la barre et permettre à chacune des deux parties de s’assumer pleinement.
Ousmane BALLO
Source : Ziré