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MINUSMA: la stratégie du chaos ?

Après le départ de Barkhane en août 2022, on avait assisté à une prédiction de la stratégie de la terre brulée de la part de certains partenaires non contents d’être remerciés. L’annonce du départ de la MINUSMA va-t-elle donner lieu à un remake de la même stratégie du «chaos après moi» ?

En tout cas, on est en droit de se poser la question après la sortie d’un officier sénégalais de la mission onusienne mercredi dernier à Sévaré, menaçant le Mali de représailles. Mais les autorités maliennes se montrent déterminées à faire échec à la déstabilisation du pays par la stratégie du pourrissement sécuritaire.

Pour rappel, le dernier soldat français de la force barkhane avait quitté le Mali sur la base militaire de Gao le 15 août 2022. Ce départ avait été précédé d’incidents qui ont émaillé les relations entre la France et le Mali sur fond de tentative de déstabilisation du pays.

Vive tension
À la veille, plusieurs personnes avaient manifesté dans la ville de Gao pour donner «un ultimatum de 72 heures» pour le départ des derniers militaires français présents dans le pays.
«Nous donnons à compter de ce jour dimanche 14 août 2022 un ultimatum de 72 heures pour le départ définitif de Barkhane», ont déclaré des manifestants se présentant comme les forces vives de Gao.
Ces manifestants accusent la force Barkhane de soutenir les groupes terroristes dans la région après une recrudescence de la violence.
Ces manifestations faisaient suite à l’attaque terroriste contre le camp des FAMa à Tessit le 10 août 2022 qui avait fait 42 morts. À l’époque, les manifestants de Gao ainsi qu’une grande majorité des observateurs avaient soupçonné des puissances étrangères, notamment la France, d’avoir apporté un soutien logistique aux terroristes.
De son côté, le gouvernement avait évoqué une attaque menée «vraisemblablement [par] l’Etat islamique dans le Grand Sahara» et «caractérisée par l’usage de drones, d’explosifs, de véhicules piégés ainsi que des tirs d’artillerie ».
Aussi, « l’enregistrement » par l’armée d’« opérations clandestines de survol d’aéronefs indique sans équivoque que les terroristes ont bénéficié d’appuis majeurs, y compris d’expertises extérieures », précisait le communiqué du gouvernement.

Un vieil allié poussé vers la sortie
Cet énième assaut des djihadistes a eu lieu alors que Bamako poussait vers la sortie son vieil allié français et réactivait sa coopération militaire avec la Russie.
La polémique sur les événements de Tessit avait été précédée de plusieurs autres incidents entre les deux parties.
Après avoir remis la base de Tombouctou aux FAMa le 14 décembre 2021, les militaires français ont quitté la base de Gossi (au centre du Mali) le 19 avril 2022. Ils ont quitté ensuite celle de Ménaka (Est Mali) le 13 juin 2022.
À l’annonce de ces départs en cascade, les observateurs avaient prédit ‘’un vide sécuritaire’’ et les populations de ces zones craignaient la recrudescence de la violence terroriste.
Mais très vite, c’est la polémique qui a pris le dessus sur les incidents sécuritaires après la découverte d’un charnier présumé à Gossi.
Dans l’après-midi du 20 avril, l’armée française affirmait que sa reconnaissance aérienne avait montré un certain nombre de soldats, qu’elle décrit comme des «Caucasiens [Européens] soupçonnés d’appartenir au groupe Wagner», arrivant à cette base pour décharger du matériel avec les troupes maliennes locales.
L’état-major français affirme avoir filmé des mercenaires du groupe russe Wagner en train d’enterrer des corps, pour accuser la force Barkhane.
Du côté de Bamako, une enquête a été ouverte, et les autorités considèrent la France coupable d’espionnage et de subversion.
En effet, le Mali affirme qu’après avoir pris le contrôle de la base le 19 avril, une force de renfort y a été envoyée le 20 avril, mais elle a essuyé des tirs cette nuit-là, de la part d’attaquants inconnus. Une patrouille de reconnaissance a été envoyée dans la matinée du 21 avril pour vérifier la zone et vers 06h30 heure locale, elle a découvert le charnier.
Lors d’une conférence de presse le 25 avril, le colonel Dembélé de la Dirpa ajoute que «certains habitants avaient déjà signalé cette découverte [de la fosse] lorsque les autorités maliennes se sont rendues sur place».
On ne sait pas exactement qui, selon les autorités maliennes, est responsable de ces décès. Mais elles ont accusé les Français d’espionnage pour avoir fait voler un drone près de la base. La France soutient ne rien avoir fait de mal, car elle est autorisée à effectuer des surveillances dans cette zone.

Des signes avant-coureurs ?
Comme un signe des temps, le développement de l’actualité après l’annonce du départ de la MINIUSMA semble avoir beaucoup de similitudes avec celui de Barkhane.
Depuis le 30 juin 2023, le conseil de sécurité des Nations unies a mis fin au mandat de la Minusma en adoptant une résolution de retrait. Une décision qui fait suite à la lettre du gouvernement malien adressée au président du conseil demandant le retrait sans délai.
Devant ses troupes dans le camp militaire de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies, un soldat de grade supérieur a déclaré : « Nous n’allons pas provoquer les Maliens, mais il faut qu’ils sachent avec qui ils ont à affaire ».
Dans son propos, l’officier sénégalais se plaint des Maliens qui, selon lui, interdisent aux soldats sénégalais leurs missions de routine. Selon le Casque bleu sénégalais de la Minusma, il reste six mois avant la fin de la mission, mais d’ici à cette date, poursuit-il : « Nous n’allons pas accepter d’être malmenés. Les éléments vont faire des missions de routine ».
En ces termes, il fait allusion à la décision du Conseil de sécurité qui a adopté la résolution 2690 (2023) demandant à la Mission de commencer immédiatement, à compter du 1 juillet 2023, la cessation de ses opérations, le transfert de ses tâches, ainsi que la réduction et le retrait de son personnel avec l’objectif d’achever ce processus d’ici au 31 décembre 2023.
Entouré de ses éléments, le soldat en mission ajoute : « Nous n’avons rien contre nos frères maliens, mais ils commencent à nous créer des difficultés ».
Pour lui, ce ne sont pas les Maliens qui les ont fait venir au Mali, mais la Minusma.
Par ailleurs, nous sommes au Mali en tant que Casques bleus. Les Maliens nous ont demandé d’arrêter notre mission à Douentza », précise l’officier du Sénégal au Mali.
Par ailleurs, il met en garde : « On ne va pas prêter le flanc devant les Maliens. Les Sénégalais ne manquent pas de caractère et les Maliens ne sont pas plus courageux que nous. Ils peuvent refuser que l’on parte en mission, mais nous n’allons pas accepter d’être leurs jouets ».
Dans sa diatribe contre les autorités maliennes, l’officier accuse les Forces armées maliennes d’être responsables de la mort du chef de village de Ogossagou. Une manière subtile pour lui de mettre les populations sur le dos des FAMa.
A l’image de sénégalais combiens des casques bleus sont mécontents de cette décision du Mali ?
«Il a dit tout haut ce que dit tout bas ses chefs. Pour eux il est inadmissible qu’un pays africain puisse s’affirmer ainsi sachant que leur formatage intellectuel leur a toujours fait comprendre que les blancs décideurs de l’ONU ont toujours su ce qui est bon pour les noirs», analyse un observateur.
Un autre conclut : «L’expérience très stressante et difficile» selon une note interne. Parmi le personnel il y a ceux qui vont prendre une retraite anticipée et dorée. Il y a ceux qui n’ont pas pu faire long feu et qui vont retourner d’où ils viennent »
En réaction à ces propos de l’officier sénégalais, le bureau de la MINUSMA regrette les propos tenus par un officier basé à Sévaré et se dissocie de cette déclaration qui ne reflète en rien la position de la MINUSMA.

La détermination des autorités
Face à cette nouvelle menace de déstabilisation de notre pays sous le couvert du mandat de l’ONU, la réponse des autorités maliennes est à la hauteur des menaces.
Aujourd’hui, il ne fait l’objet d’aucun doute que les autorités ont fait de la montée en puissance des FAMa la priorité des priorités pour combler le vide sécuritaire créé par le départ des forces internationales.
Le Mali et l’ONU ont décidé de travailler en coordination pour rendre ce processus de retrait de la MINUSMA facile.
En fin de compte, le MINUSMA, à l’image de Barkhane et ses alliés, mordra la poussière sécuritaire au Mali, car son plan machiavélique n’ayant aucune chance de prospérer grâce à la capacité de résilience du Mali et sa population.
En tout cas, en demandant le départ de la force onusienne après dix ans d’engagement marqué par des résultats controversés les autorités Maliennes indiquent que sa présence de la MINUSMA n’a permis de stabiliser le pays. Pire, la mission est accusée d’instrumentaliser les questions des droits de l’homme pour déstabiliser les FAMa enquête du rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national.

Par Abdoulaye OUATTARA

Source : Info Matin

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