Le ministre de l’Économie et des finances, Alousseni SANOU, a affirmé ce lundi 9 mai lors de l’émission ‘’Mali Kura taasira’’ que malgré les trous de trésorerie à cause de l’insécurité et les conséquences de l’embargo, l’économie nationale n’est pas effondrée. Bien au contraire, elle parvient à faire face à l’essentiel avec l’optimisation des dépenses et la création de nouvelles niches fiscales, selon le ministre SANOU.
Défendre son bilan, tel est l’objectif de cette émission intitulée « Mali Kura taasira» consistant à donner la parole aux membres du gouvernement de se prononcer sur les initiatives de leur département. Enregistrée et diffusée sur la chaine de télévision nationale, le ministre de l’Économie et des finances, Alousseni SANOU, était l’invité de ce lundi 9 mai.
Occasion pour le ministre de dresser la situation économique difficile du pays impacté par plusieurs facteurs : la crise sanitaire, les crises institutionnelles, les crises sociales, l’insécurité, l’embargo de la CEDEAO. Les conséquences de ces faits ont été exacerbées par la guerre en Ukraine, a signalé le patron de l’économie nationale.
« La crise institutionnelle a fortement perturbé les relations avec les partenaires techniques et financiers. Les appuis budgétaires se sont faits très rare. Par l’exemple en 2020, le Mali attendait 393 milliards d’appui budgétaire des bailleurs de fonds. A la suite de la rupture institutionnelle intervenue en août 2020, nous n’avons pu encaisser entre temps que 193 milliards et en 2021 nous n’avons pas eu d’appui budgétaire », a relevé le ministre SANOU.
Outre cet aspect, il a évoqué le cas de l’insécurité à cause de laquelle l’État n’est pas en mesure de se déployer sur l’ensemble des frontières douanières en vue de renflouer le trésor public. Selon lui, le pays ne maîtrise que 2/3 de ses frontières. Conséquence : l’État a perdu 450 milliards de FCFA de recettes fiscales.
En dépit de cette difficulté, la Transition a réussi à augmenter la contribution des recettes douanières dans l’économie nationale. « Quand nous venions aux affaires par exemple nous étions à des recettes douanières d’environ 40 milliard, un peu moins de 50 milliards par mois au 31 décembre, nous avons atteint 60 milliards de FCFA par mois », a affirmé le ministre de l’Économie et des finances. Cette prouesse, si elle en est une, a été rendue possible grâce à l’optimisation de toutes les poches de recettes en créant de nouvelles niches fiscales et en opérant des réformes.
Outre cette approche, le gouvernement a procédé à la réduction du train de vie de l’État en vue de combler des déficits de trésorerie.
« Les budgets affectés aux missions ont été réduits de 30%. Tout ce qui est achat de cartes prépayées, de cartes téléphoniques dans les ministères a été suspendu. L’acquisition de véhicule neuf est regardée à la loupe. Il y a eu plusieurs mesures qui ont permis d’économiser 5 milliards de FCFA dans la taille, la durée, l’importance des missions », a-t-il expliqué tout en précisant que ces mesures ont permis d’économiser 101 milliards de FCFA.
Cette somme ainsi récupérée a été utilisée pour la défense, à l’entretien routier, à la réhabilitation des écoles, au renforcement des plateaux techniques de certains centres de santé, à l’assainissement et la prise en charge des dépenses sociales.
Des résultats malgré la pression de trésorerie
Malgré la pression économique sur le trésor public à cause des différents facteurs qui sont en train de clouer la relance économique à hauteur de souhait, selon le ministre SANOU, les autorités n’ont pas manqué d’accomplir leur mission.
Ainsi, pour corriger ce qu’il considère comme une injustice sociale « diplôme égal salaire égal », le gouvernement a procédé à l’harmonisation des grilles salariales en vue d’apaiser aussi le climat social en remous.
« Il fallait ramener tout le monde à l’indice 10382 pour permettre vraiment à la population d’être plus résiliente et pour vous dire cela a coûté à l’Etat sur une année 204 milliards de francs cfa », a-t-il déclaré.
De même, le gouvernement a engagé un vaste programme de paiement de dette intérieure ayant permis de payer 311 milliards de FCFA en 2021 de dette intérieure des fournisseurs pour la relance de l’économie, mais aussi de renforcer la résilience de la population tout en permettant au Mali de trouver le chemin de la croissance.
« En 2020, le Mali était en récession de moins 1,2 et, en 2021 on a fait une croissance de 3,2 et ce malgré une diminution du déficit budgétaire. Ce qui est vraiment une prouesse incroyable », s’est réjoui M. SANOU alors que près de 25% du budget est dédié à la défense.
« Malgré cela au lieu de creuser le déficit budgétaire nous sommes ressortis au 31 décembre 2021 avec 4,7. On a réduit le déficit et dans le même temps on a fait une croissance de 3,1 », a-t-il ajouté.
Quant à la dette intérieure prestataire, il était à peu près à 350 milliards en 2020. Mais, ils sont sortis à peu près à 2 78 milliards en 2021 et à la date du 30 avril c’était à 2 98 milliards.
« C’est pour dire que vraiment on a réduit fortement la dette intérieure entre temps on a pu payer aussi. Donc, il y a une maîtrise parfaite de la dépense des dettes intérieures prestataires », a rassuré le ministre SANOU.
En revanche, pour les dettes intérieures sur les titres d’Etat, le ministre de l’économie reconnaît qu’il y a quelques difficultés qui ne sont pas liées à un manque de ressources.
« L’état dispose de ressources suffisantes pour payer mais malheureusement l’une des conséquences des sanctions est que nous ne disposons pas du solde de notre compte à la banque centrale sur lequel normalement le paiement doit se faire. C’est pourquoi, le pays a des arriérés de paiement sur la dette intérieure marché », a-t-il indiqué, avant d’évoquer les mêmes problèmes pour le paiement des dettes extérieures notamment avec la Banque mondiale et l’AFD qui ne sont pas encore apurées.
En dépit de toutes ces réalités qui peuvent faire douter certains avec les conséquences de l’embargo sur l’économie nationale, le ministre promet « Les salaires seront toujours payés. Il n’y a aucun souci. L’État a les moyens. L’État a des ressources suffisantes, les ressources solides et des ressources suffisantes pour continuer de payer ».
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin