L’un des grands pays producteurs d’or au monde et quatrième sur le continent africain, l’impact du secteur extractif dans le développement du Mali est réduit voire inexistant selon la quasi-totalité des Maliens qui ne cessent de se questionner la destination des ressources.
Faut-il les en vouloir ? Pas évidemment. Le sous-sol malien est très riche en substances minérales. Les travaux de recherche ont permis d’évaluer ses potentialités en or, calcaire, fer, manganèse, phosphates, uranium, diamant, bauxite, cuivre, nickel, lithium, pierres fines et semi-précieuses et en matériaux de construction. Le Mali est 4e producteur d’or de l’Afrique et a une production nationale, entre 2015 et 2017, de 143.062 tonnes, dont 64,311, provenant des sociétés minières de Loulo et Gounkoto, soit 44,95 %. Que peut donc expliquer l’émergence de l’appauvrissement collectif dans ce pays dont les performances économiques ont été récemment saluées par la banque mondiale ? L’anarchie administrative et financière. La gestion chaotique des mines de SOMILO SA et GOUNKOTO SA peut en témoigner.
Absence de mesure environnementale
Les opérations minières consomment une grande quantité d’eau et d’énergie et elles perturbent des terrains naturels qui constituaient ou qui pourront constituer de l’habitat. Conscients de ce fait, les règlements régissant la matière ont prévu des dispositions environnementales qui assurent la continuité. Mais, à SOMILO et GOUNKOTO, le constat est que l’environnement meurt! L’utilisation anarchique des produits chimiques dangereux tels que le cyanure et le mercure, lescheminées de la centrale électrique et de l’usine de production d’or ne sont pas équipées de système d’épuration de gaz, poussières et fumées, le non-respect des exigences relatives à l’incinération des déchets dangereux et pas reboisements compensatoires et de réhabilitations requises. Tel est en résumé l’état environnemental du dispositif opérationnel.
Graves irrégularités financières
Gérée par la société Randgold Ressources Limited, l’anarchie financière ne fait l’objet d’ombre dans les mines SOMILO SA et GOUNKOTO SA. De récents rapports faits par le bureau du vérificateur général, dont la Rédaction de votre quotidien LE COMBAT possède copie, relèvent que la société gérante c’est-à-dire Randgold Ressources Limited n’a pas aussi la main blanche dans l’affaire. Selon nos informations, la justice est déjà saisie pour anarchie financière, dont le non-paiement de l’Impôt sur le Bénéfice Industriel et Commercial (IBIC) dû sur les prestataires étrangers de GOUNKOTO SA pour une somme de 294 733 105 CFA ; le non-paiement de dividendes dus à l’État du Mali sur les ressources de SOMILO SA s’élevant à 26 212 589 986 FCFA ; – les charges d’intérêts d’emprunts non justifiés dans les états financiers de SOMILO SA pour 2 084 468 135 FCFA ; les paiements indus à RRL au titre des contrats d’emprunts irréguliers s’élevant à 31 933 502 615 FCFA et le non-paiement de l’Impôt sur le Bénéfice Industriel et Commercial (IBIC) dû sur les prestataires étrangers de GOUNKOTO SA pour 294 733 105 CFA. Ce qui fait au total, soixante milliards cinq cent vingt-cinq millions deux cent quatre-vingt-treize mille huit cent quarante et un francs CFA (60 525 293 841) d’injustifiés .
Seydou Konaté LE COMBAT