Le Procureur de la République rassure par ailleurs que, dans le respect des droits de la défense, les investigations continuent.» Ainsi, par cette décision du procureur, elles sont trois, les femmes du lot, à sortir des griffes de la junte militaire au pouvoir au Mali qui avait mis le grappin sur des militaires ivoiriens que Bamako a qualifiés de « mercenaires» aux premières heures de leur arrestation.
Par la suite, le langage a plus ou moins évolué. Ces hommes et femmes que certains ont considéré comme des « otages » aux mains de « ravisseurs » qui tentent de négocier leur libération en échange, entre autres, des ressortissants maliens, pour la plupart caciques du régime chassé par les armes, et qui sont aux arrêts depuis maintenant plus de deux mois, ont changé de statut.
Pourtant, les autorités ivoiriennes qui étaient loin de s’attendre à ce coup des putschistes, a essayé de prouver, sans y parvenir, que ces militaires étaient présents dans la capitale malienne, en soutien au contingent allemand de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
Des dysfonctionnements et des non-dits, ont, en effet, vicié cet envoi en mission des Ivoiriens, failles aussitôt exploitée par le colonel Assimi Goïta et ses hommes. Ces derniers réservaient visiblement un chien de leur chienne, à Alassane Ouattara. En effet, celui-ci est accusé par le gouvernement malien de transition, d’avoir constitué la ligne dure dans la prise de sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) contre les putschistes qui s’accrochaient à un pouvoir qu’ils ont pris par les armes.
Finalement, la diplomatie semble reprendre ses droits dans ce qui n’aurait jamais été cette grosse montagne qui a failli mettre à mal le vivre-ensemble légendaire entre les voisins et «frères» du Mali et de la Côte d’Ivoire. La médiation menée de main de maître par le Togolais Faure Gnassingbé, et dans laquelle se sont impliqués plusieurs autres pays comme l’Algérie, la Guinée, le Sénégal, le Burkina, pour ne citer que ceux-ci, et des religieux, porte visiblement ses fruits.
Même si cette libération cache encore bien des secrets, il faut s’en réjouir et surtout espérer que les 46 autres prisonniers retrouvent enfin leurs familles qui souffrent de cette absence forcée qui n’a que trop duré. En tout cas, des leçons sont déjà tirées sur les bords de la lagune Ebrié.
Question: quand est-ce que, mû par le même «geste humanitaire», le maître militaire de Bamako, le colonel Assimi Goïta ouvrira-t-il les portes de sa prison pour les 46 militaires qui y sont encore, afin de leur permettre de rentrer à la maison? Les grands négociateurs sont, sans doute, toujours à la manœuvre pour faire de ce mini-drame, un mauvais souvenir à ranger au plus vite, pour en emprunter à Fidèle Sarassoro, dans les tiroirs des «incompréhensions».
Le Point
Source: Le Point