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Économie locale : ULPK-Dioïla, une Union agroécologique qui promeut la politique genre [Interview]

Adama Diarra est détenteur d’un Master en gestion de projet et d’une maîtrise en géographie aménagement. Après plusieurs fonctions au sein des Organisations non gouvernementales (ONG), il est actuellement le Coordinateur technique de l’Union locale des productrices de beurre de karité de Dioïla (ULPK-Dioïla). Une union agroécologique qui promeut la politique genre.

Cette Union est composée de 45 coopératives productrices de beurre de karité. Au sein de laquelle, le jeune Diarra s’occupe notamment du management administratif, technique, organisationnel et institutionnel. En plus de la recherche de financement, de gestion des contrats de partenariat et de la suivie du respect des clauses contractuelles, M. Diarra conçoit également des projets et programmes de développement de cette jeune entreprise, basée dans la capitale du Baniko (Dioïla).

Dans cette interview, accordée à Sahel Tribune, il évoque entre autres : le fonctionnement d’ULPK-Dioïla, évoluant dans la production du beurre de karité bio et conventionnel ainsi que de plusieurs gammes de savon à base de ce beurre. Il indique aussi l’application de bonnes pratiques agroécologiques par cette union, en vue de réduire l’impact de leurs activités sur l’environnement. Aussi M. Diarra souligne-t-il la contribution d’ULPK-Dioïla dans la réduction du chômage dans la région de Dioïla. Nous vous invitons à lire notre entretien exclusif.

Sahel Tribune : pourquoi l’Union locale des productrices de beurre de karité bio et équitable (ULPK-Dioïla) ? Pourquoi bio ?

Adama Diarra : ULPK-Dioïla produit le beurre de Karité bio. Il s’agit du beurre naturel, sans mélange d’autres ingrédients ou produits. ULPK-Dioïla a un champ de Karité d’environ 362 hectares. Dans ce champ, on ne cultive pas, on ne coupe pas de bois, pas de pulvérisation de poisons (ni herbicides ni insecticides), ni feux de brousse). Les amandes sont collectées dans cette parcelle pour être transformées en beurre naturel qui sera certifié après analyse aux laboratoires par Ecocert (organisme certificateur de beurre bio), qui donne à ULPK-Dioïla : le certificat Bio.

Pourquoi alors équitable ?

Le beurre équitable est le beurre conventionnel dont les amandes sont collectées dans tout type de champs. En commerce équitable, on respecte le droit des productrices, le droit des enfants. Pour produire le beurre équitable, les femmes qui collectent les amandes sont dotées de codes. Ce code est écrit sur le sac de noix depuis au niveau village avant l’envoi à ULPK-Dioïla. Ce code permet de connaître le promoteur de chaque sac. Aussi, après la vente de beurre, les productrices perçoivent une ristourne.

Depuis combien d’années vous menez cette activité ?

ULPK-Dioïla est dans la production de beurre bio et équitable, il y a 3 ans. Car on tire un revenu monétaire intéressant. Actuellement, nous avons les deux certificats : Certification Biologique et Certification fair for live (équitable). Les Européens (France, Belgique, Canada, Allemagne, Italie, les États-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni) sont les acheteurs de beurre équitable et même bio.

Comment faites-vous pour accéder aux matières premières entrant dans vos productions ?

Nous trouvons nos matières premières auprès de nos membres, au niveau village. ULPK-Dioïla a mis en place 45 coopératives dans 45 villages, répartis dans 7 communes. Chaque coopérative collecte les amandes pendant l’hivernage et les stocke dans leur magasin. Elle nous informe de la quantité disponible et on part l’acheter. ULPK-Dioïla a également un champ de Karité pour le bio.

Quand nous parlons de karité ou de beurre de karité, nous voyons généralement les femmes. Quelle est la contribution des femmes dans la production au sein de l’ULPK-Dioïla ?

Les femmes sont chargées de la collecte d’amandes, le triage de noix de qualité, du séchage de noix, de la mise en sac, de la production de beurre et du battage de pattes. Elles sont également chargées de la mise de beurre en pots et emballage ou étiquetage.

Alors quelles sont les activités qui reviennent aux hommes ?

Au sein d’ULPK-Dioïla, les femmes sont chargées des activités simples : suivi baratte électrique, production beurre, conditionnement et la mise en pot. Les hommes s’occupent des travaux physiques : chargement des sacs, pesage de noix et de beurre, chargement et déchargement des camions en noix ou beurre brut, conduite de moto tricycle, conduite de moulin de mouture et moulin de concassage. Ceux-ci s’occupent également du nettoyage régulier des matériels d’exploitation ainsi que l’animation des formations pratiques sur le terrain.

Quelles sont les gammes de produits disponibles à ULPK-Dioïla ?

Concernant les gammes de savon, nous avons : le savon Sanya, le savon Kokadjé, le savon Kabacourouni.

Concernant le beurre : nous avons le Beurre Bio et Beurre Fair for life.

Quelle est votre capacité annuelle de production ?

La capacité annuelle de production de beurre de Karité brut certifié biologique et commerce équitable chez ULPK-Dioïla s’élève à 311 tonnes.

En quoi peut-on dire que l’ULPK-Dioïla contribue à réduire le taux de chômage dans la région de Dioïla ?

À travers la création d’emplois directs et indirects, ULPK-Dioïla contribue à la réduction du taux de chômage dans la région de Dioïla. En 2019, nous avons engagé cinq animatrices terrain, un chef de production et deux agents de sécurité. En 2021, nous avons également recruté un contrôleur interne, un moulinier, un agent commercial et deux stagiaires venant de l’université de Ségou, pour leur mémoire de fin de cycle.

En plus des emplois indirects créés (postes de revendeurs de savon et de beurre de Karité, revendeur de crèmes de pommades, transporteurs de nos produits de Dioïla à Bamako, chargeurs-déchargeurs, consultants), 438 femmes membres ont également des revenus mensuels au sein d’ULPK-Dioïla.

Comment faites-vous pour réduire l’impact de vos activités sur l’environnement ?

Pour réduire l’impact de nos activités sur l’environnement, nous plantons chaque année 1000 jeunes plants de Karité et 100 pieds de baobabs ou de moringa. Nous transformons aussi nos résidus ou déchets de production en compost organique en tas (engrais organique), qui fertilise les champs ou périmètres maraichers des femmes.

Nous appliquons de bonnes pratiques agroécologiques telles que les cordons pierreux, les pare-feu, le greffage de Karité, la régénération naturelle assistée (RNA) et l’application d’autres technologies de l’économie de gestion environnementale.

Propos recueillis par Bakary Fomba

Sahel Tribune

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