On est loin des communiqués de crise de la Société Energie du Mali (EDM sa) qui diffusaient les programmes de rupture de service en eau dans la capitale et ses environs. «Les coupures d’eau» restent en vigueur par endroits, mais en général, l’accès à l’eau potable s’est amélioré ces derniers temps.
Toutefois, les investissements qui fournissent de l’eau potable aux populations restent largement au dessus des moyens des collectivités. Ce qui fait que malgré le transfert de compétences (hydraulique rurale et urbaine), les collectivités territoriales en dehors des centres ruraux agissent peu ou pas dans la fourniture de l’eau. Ce sont les populations qui expriment le besoin que la commune avalise. La gestion (distribution et maintien de l’ouvrage) est assurée par des concessionnaires, prestataires ou des associations d’usagers. Et le coût de la participation initiale est supporté intégralement en milieu rural par les populations qui s’acquittent de leurs parts et de la part de la collectivité.
Par contre, en milieu urbain, les usagers ne s’impliquent que dans le paiement de ce qu’ils consomment en eau. Le service public de la fourniture d’eau potable aux populations dans les centres urbains est assuré par la société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP-Sa) qui a hérité des actifs de la société Energie du Mali (EDM-Sa). Cette dernière peine à assurer à souhait la fourniture d’eau aux populations par endroits. La concession de ce service oblige la SOMAGEP-Sa à prendre en charge toutes les communautés urbaines, ce qui n’est pas le cas pour le moment. Une vingtaine de centres à travers le pays sont à sa charge. La densification du réseau de distribution nécessite de gros investissements qui ne sont supportables que par l’Etat. Les moyens des collectivités ne peuvent supporter que la réalisation de petites infrastructures d’adduction d’eau.
Pour autant, toutes les populations n’ont pas encore accès à l’eau dans les centres urbains. En période de forte chaleur, avril-mai, il est fréquent de suivre la fourniture d’eau avec les citernes dans certains quartiers de la capitale, Bamako et ses environs. Ce dysfonctionnement sonne faux avec la planification de la stratégie nationale de fourniture d’eau. Les collectivités urbaines, pour la plupart, tombent dans le panneau de la SOMAGEP du fait de la prise en charge des actifs de la société Energie du Mali (EDM) qui s’occupait de la production et de la distribution de l’eau en milieu urbain. D’autres operateurs privés aussi évoluent dans la fourniture du service public de l’eau, les maîtres d’ouvrage, les collectivités confient souvent le mandat de gérer l’alimentation en eau potable à ses frais, qui se rémunèrent sur les redevances perçues.
La loi N°02-006/du 31 janvier 2002, portant code de l’eau définit les rôles de tous les acteurs (Etat, collectivités et autres intervenants). C’est l’Etat qui assure la fonction de maître d’ouvrage du service public de l’eau dans les centres urbains. Et les collectivités peuvent recevoir délégation dans les centres ruraux et semi-ruraux (Article 49). La stratégie nationale d’alimentation en eau potable au Mali classe les centres selon la population. Les centres sont : villages, fractions, dont la population est inférieure à 2000 habitants ; centres ruraux (population comprise entre 2000 et 5000 habitants), centres semi-ruraux (5000 à 10.000 habitants), centres urbains dont la population est supérieure à 10.000 habitants.
L’opérateur premier de l’Etat en matière de fourniture d’eau reste la SOMAGEP qui progresse dans la prise en charge des centres urbains malgré quelques difficultés. Le prix de cession de l’eau est fixé par un organisme indépendant : la Commission de régulation de l’eau et de l’électricité. La SOMAGEP agit parfois sur la tranche sociale sans que les usagers ne s’en rendent compte. Pourvu que le service soit assuré. Les perspectives qui s’annoncent permettent l’espoir avec la densification du réseau et les investissements annoncés.
Issa CAMARA
Source: Essor