Lundi matin, la mise en place d’un large périmètre de sécurité pour empêcher l’opposition de manifester a donné des images d’un Emmanuel Macron remontant les Champs-Élysées en voiture, sans personne sur son passage. Une séquence qui accentue la solitude régulièrement décrite du chef de l’État en ce début de second quinquennat.
« On voulait voir le président, on est très déçus »
Pour éviter les risques de casserolades, récurrents depuis l’adoption de la réforme des retraites, tout rassemblement a en effet été interdit aux abords de la célèbre avenue parisienne. Des filtrages stricts ont aussi été mis en place et le public tenu à bonne distance du défilé.
« On voulait voir le président, on est très déçus. On comprend pas bien pourquoi il y a tout ce bazar », déplore auprès de l’AFP Adrien Prevostot, bloqué avec sa fille à 200 mètres des Champs-Élysées. « Les cérémonies militaires, c’est fait pour que la population soit derrière le drapeau. C’est quand même dommage pour la France », abonde Stanislas, un habitant du quartier.
Dans l’après-midi, les casseroles n’ont pu être évitées à Lyon. Une manifestation à l’appel de la CGT a été interdite, et la justice a validé cette interdiction, malgré le recours du syndicat. Néanmoins et face à un important dispositif policier, des milliers de manifestants selon l’AFP se sont rassemblés avant l’arrivée du président de la République, en dehors du périmètre de sécurité.
« On restera mobilisés jusqu’au retrait »
Une nouvelle mobilisation qui vient atténuer la volonté d’union autour de la figure de Jean Moulin et d’autres résistants honorés par Emmanuel Macron qui a visité la prison de Montluc où le responsable de la résistance a été torturé par la Gestapo. « C’est Emmanuel Macron qui est visé, pas Jean Moulin », a précisé l’eurodéputée insoumise Manon Aubry sur France Info le 8 mai au matin. « À chaque fois qu’il sortira dans la rue, il y aura une contestation sociale massive », a-t-elle prévenu.
À son arrivée devant la prison de Montluc, le président de la République a été interpellé par le sénateur EELV du Rhône Thomas Dossus : « Merci d’être là, on aurait aimé qu’il y ait un peu plus de monde mais c’est compliqué »… Ce à quoi Emmanuel Macron a répondu : « Je pense que l’esprit civique mériterait à être largement diffusé (…) Les fautes de ton ne sont jamais bonnes, ce sont des moments de réunion où il faut plutôt s’élever ».
« L’esprit civique mériterait d’être largement diffusé » Emmanuel Macron
Alors que le président a rendu hommage aux victimes de la déportation et notamment aux 44 enfants juifs d’Izieu ; dans la rue, certains manifestants se disaient eux-mêmes « résistants ». « Le gouvernement ne nous écoute pas, on restera mobilisés jusqu’au retrait », a déclaré un opposant à la réforme, au micro de BFMTV.
Le président du Sénat, Gérard Larcher, a jugé dimanche sur le plateau du « Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro, « inacceptables » d’éventuels rassemblements. « Il y a un temps pour tout. (Le 8 mai, ndlr), c’est le temps de la mémoire, du recueillement et du rassemblement dans notre pays ».
Source: Le HuffPost