Pour beaucoup de Maliens, l’intervention des membres du Recotrad dans l’affaire opposant le président du patronat du Mali Mamadou Sinsy Coulibaly au président de la Cour suprême, Nouhoum Tapily, encourage la corruption et l’impunité au Mali.
À travers une médiation du Réseau des communicateurs traditionnels du Mali (Recotrad), le président du patronat du Mali Mamadou Sinsy Coulibaly et le président de la Cour suprême Nouhoum Tapily ont décidé, à la surprise générale, d’enterrer la hache, éteignant ainsi toute action judiciaire.
Accusé d’être l’homme le «plus corrompu» du Mali par le président du Conseil national du patronat du Mali (CNPM), le président de la Cour suprême a porté plainte auprès du procureur du tribunal de grande instance de la commune IV du District de Bamako, pour outrage à magistrat. Déterminé dans sa croisade contre la corruption au Mali, le tout-puissant président du patronat a même promis de dévoiler la liste des 20 fonctionnaires les plus corrompus du pays.
Au moment où le peuple malien attendait impatiemment cette fameuse liste, les membres du Recotrad ont initié et réussi une médiation entre les deux belligérants, compromettant du coup la publication de la liste. Pour beaucoup de citoyens, cette médiation encourage non seulement la corruption, mais aussi l’impunité.
«Le Recotrad devrait laisser la justice faire son travail. Il n’y a pas feu à la maison. Le Mali est le seul pays au monde où, quand vous prenez un voleur la main dans le sac, une armada de négociateurs interviennent pour empêcher toutes poursuites judiciaires contribuant ainsi à légaliser le vol et à instaurer l’impunité. L’intervention du Recotrad dans cette affaire est une grosse erreur. Le peuple doit exiger que celui qui est soupçonné de corruption dans ce pays malade de l’avidité de son élite soit jugé et désormais puni conformément à la loi», déclare M. Konaté.
Par contre, pour d’autres, le Recotrad est en mission de protection des personnalités qui ont leurs noms sur la liste : «Je pense que les communicateurs sont en mission pour empêcher la publication de la liste».
Au cours d’une conférence de presse du collectif de soutien au président du patronat, ses partisans ont rassuré le peuple malien que la réconciliation entre les deux personnalités n’a rien à voir avec la liste. La liste sera bel et bien publiée pour lutter contre la corruption. En attendant cette publication, beaucoup de zones d’ombre entourent cette affaire qui risque de faire couler beaucoup d’encre et de salive.
Y. Doumbia
Le Debat