Le porte-parole de la Plateforme, Me Harouna Toureh, n’a pas tari d’éloges envers le président du Parena, Tiébilé Dramé, lors de la conférence-débats que le parti de ce dernier avait organisée le samedi 12 décembre 2015 au CICB. L’homme qui a pris le train en marche, a remercié le Parena pour l’organisation d’une telle conférence avant d’ajouter que Tiébilé Dramé a fait ce qu’il n’a vu aucun autre Malien faire. Il en veut pour preuve le tact diplomatique et la chaleur humaine que Tiébilé a offerts à tous les groupes armés à Ouagadougou.

Me Harouna Toureh a ensuite abordé la question de l’Accord qui était l’objet de la conférence. Faisant un diagnostic des différentes rébellions que le Mali a connues, il a prévenu que « la prochaine rébellion sera décisive ».

Selon lui, « lors de la rébellion de  1963, ils étaient trois ou quatre à prendre les armes, ils ont pu prendre quelques villes.

En 1990,  c’est toute la communauté  arabo- touarègue qui a pris les armes. En 2006 également, une grande partie de la communauté Touarègue-arabe a pris les armes .En  2012,  c’est tout le nord qui s’est embrasé. Toutes les communautés du nord ont pris les armes les unes contre les autres. La prochaine, ou elles prennent toutes les armes entre elles  pour s’entretuer ou tuer d’autres personnes ou une autre  partie du Mali ».

« C’est pourquoi je dis : faites attention, la  prochaine rébellion sera décisive, c’est –à-dire  elle tuera définitivement  le Mali, si on n’y prend garde. Ce qui peut nous sauver, c’est de faire en sorte que le peuple malien se retrouve. Il faut éviter des discours qui divisent, des discours qui choquent, qui frustrent. On est dans la reconstruction, on est au rapprochement, on est au pardon. Il faut que les Maliens se mettent ensemble. La CMA et la Plateforme se sont pardonnées et chacun sait les batailles qu’elles se sont livrées. Il faut que cet exemple se développe, que les Maliens se pardonnent », a-t-il affirmé.

Selon Me Toureh,  il faut que tous les Maliens se pardonnent, civils et militaires. « Ce pays ne peut être construit que si ceux qui dirigent s’entendent avec ceux qui ne dirigent pas. Que le pouvoir sache qu’il n’y aura la paix et la tranquillité  qu’en partageant le pouvoir, c’est-à-dire s’entendre avec toutes les communautés à travers leur représentation ».

Il a expliqué que l’Accord est en péril et le Mali aussi, parce qu’il n’y a pas suffisamment de motivation globale, réfléchie du gouvernement à aller dans son application. Et pendant ce temps, les jihadistes prospèrent jusqu’à avoir le courage de participer à des réunions publiques.

Le porte-parole de la Plateforme a aussi laissé entendre que « si nous cantonnons nos troupes, personne ne nous écoutera encore au niveau du pouvoir ». Comme pour dire que dans une situation où les groupes armés n’ont plus confiance au gouvernement quant à sa volonté réelle d’aller à une application rigoureuse de l’Accord, ça sera un risque pour eux dans ce cas de cantonner leurs troupes.

« L’Accord a prévu des mesures transitoires, mais on assiste à des nominations de préfets, qui ne pourront pas quitter leurs palais pour aller à plus de 10 km, parce que ne contrôlant plus rien. Dans ce pays, c’est quelques uns qui dirigent et les autres assistent. Il faut partager le pouvoir ».

Le porte-parole de la Plateforme a signifié que l’application de l’Accord ne profitera pas qu’au Nord. Certes, le Nord sera un laboratoire, mais les autres populations du Mali en bénéficieront. Il s’agira de faire en sorte que la mine d’or qui sera exploitée à Kayes, puisse profiter aux populations locales.

Me Toureh n’a pas manqué de saluer les efforts de l’Algérie lesquels nous ont permis d’en arriver là. « Si l’Algérie n’était pas là, le Mali ne serait pas là dans son entité territoriale ».