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Me Alifa Habib Koné : « Ils sont assurés de ne plus craindre de tortures…»

Me Alifa Habib Koné, membre du Collectif des avocats des inculpés colonel-major Goita, Kalilou Doumbia et autres dans l’affaire dite de « tentative de déstabilisation », revient sur les conditions de détention de ses clients.

Vous déplorez des « aveux extorqués ». Est-ce à dire que les inculpés ont avoué les faits qui leur sont reprochés à la suite de tortures ?

Si l’on s’en tient au communiqué du Procureur du Tribunal de grande instance de la Commune VI, il y a six inculpés. Je ne dévoilerai pas le secret de l’instruction. Mais dites-moi simplement quelle est pour la justice la valeur des déclarations d’un homme enlevé et séquestré pendant deux mois et interrogé en l’absence d’avocats? En ma qualité de défenseur des droits de l’Homme, le contenu des déclarations ne me préoccupe point, mais les conditions dans lesquelles elles ont été faites oui.

Quelles sont les conditions de détention des inculpés ?

Les détenus du Camp 1 sont enfermés 24 h sur 24, en dehors des visites de leurs avocats. C’est vous dire que sur le plan juridique on peut considérer qu’ils sont à l’isolement, en l’absence d’une ordonnance du juge d’instruction, obligatoire dans ce cas.

Il leur a également été refusé le droit constitutionnel de se faire examiner par les médecins de leur choix (Article 10 de la Constitution). Les avocats ont déjà fait appel de cette ordonnance. Reconnaissons que c’est déjà mieux que les geôles de la Sécurité d’État ou d’autres grottes où ils ont été séquestrés pendant presque deux mois. Ils sont aussi assurés de ne plus craindre de tortures, que certains d’entre eux ont subies et que vous aurez du mal à imaginer. Réalisez qu’on parle tout de même d’un ancien Secrétaire général de la Présidence, par exemple!

Une date est-elle déjà arrêtée ?

Réalisez qu’on parle d’une procédure nulle à tous égards. La seule issue imaginable dans une République est l’annulation pure et simple, comme ce fut le cas pour l’affaire qui visait également un ancien Secrétaire général de la Présidence et l’ancien Premier ministre Boubou Cissé. La justice malienne est encore loin de cautionner ces violations graves des droits de l’Homme, a fortiori s’en rendre complice.

Envisagez-vous de saisir des juridictions sous-régionales ou internationales si vos clients n’obtiennent pas gain de cause ?  

Une saisine éventuelle du système de protection des droits de l’Homme, naturellement. C’est déjà fait au niveau national. La Commission nationale des droits de l’Homme a beaucoup œuvré pour mettre fin à la séquestration. La division des droits de l’Homme de la Minusma est saisie. Tout le système de protection international sera éventuellement mis en œuvre. Je rappelle qu’une plainte a déjà été déposée devant les juridictions maliennes, qui doivent être les premières à punir les faits d’enlèvement et de tortures.

Propos recueillis par Boubacar Diallo

Source : Journal du Mali

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