Le Chérif de Nioro du Sahel, Mohammed Ould Cheicknè dit M’Bouillé s’est adressé à ses fidèles le 6 juillet 2019 à la Zawia, après la prière du vendredi. Occasion pour le leader religieux d’aborder 04 sujets d’actualités à savoir : le déplacement d’IBK chez lui (à Nioro) pour présenter des excuses, la situation sécuritaire et politique du pays, l’enseignement de l’éducation sexuelle dans les écoles, le projet de révision constitutionnelle initié par le chef de l’Etat, ainsi que ses relations avec le Haut Conseil Islamique du Mali et Amupi. Voici les vérités de M’Bouillé.
Sur la situation actuelle du pays, le Shérif ne mâche pas ses mots « Nous sommes tous au courant de la situation dont notre pays fait face actuellement, ça s’aggrave du jour au lendemain à cause d’un régime incapable de gérer les affaires publiques. Tout le monde est unanime du déroulement de l’échéance présidentielle passée qui a été une véritable mascarade électorale avec la complicité de l’ex Premier ministre Soumeylou B MAIGA », déclare Mohamed Ould Cheicknè Haïdara.
Sur son combat contre l’instauration de l’éducation sexuelle complète dans notre système éducatif, le shérif précise le sens de son combat : « Cela est une chose taboue pour notre religion et nos valeurs sociétales. Dès lors, nous nous sommes levés comme un seul homme pour dire non à ce projet et demander la démission du Premier ministre et de son gouvernement. Chose que le président avait considéré comme une demande de trop puisque le président pensait que son premier ministre, en son temps, était un super homme. Lorsqu’on a décidé de marcher le vendredi 5 avril pour mettre fin à son règne, c’est là qu’il a su qu’il a affaire à des gens plus forts que lui et c’est là où son côté faible a commencé à le conseiller. Lors de cette marche, IBK nous a traité de terroristes. Qu’a-t-on à voir avec une personne qui te traite de terroriste et qui attaque ton lieu de culte ? Non seulement, il a ordonné à son ministre de la sécurité d’attaquer notre Zawia avec du gaz lacrymogène, mais, il a aussi félicité ses forces de Défense pour le travail accompli à notre égard ».
Sur les circonstances de la démission de l’ex premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, M’Bouyé affirme : « Quand nous avions exigé la démission de Boubeye, il avait même juré à des gens qu’il ne démissionnerait pas (un animal que ce soit un mouton ou un bœuf égorgé, avant de rendre l’âme, prend toujours un temps, mais finira toujours par mourir quoi qu’il en soit). Le PM était déjà un homme fini pour nous. J’ai participé à cette marche du 5 avril étant à Nioro. Dieu merci, cet événement s’est déroulé sans incident. Malgré mon âge, j’ai pu marcher plus de 500 mètres de chez moi à la Zawia. Après la marche, nous avons appris que le président a fait une déclaration pour dire que parmi les manifestants qu’il y avait des terroristes et le même jour, notre Zawia de Niarela a fait l’objet d’attaque avec du gaz lacrymogène de la part des éléments des forces de l’ordre. Traités de terroristes, alors, que comprendre de la déclaration du Président IBK saluant le professionnalisme des forces de l’ordre pour nous avoir attaqué jusque dans notre Zawia ? Je crois que cette attaque vaut une réponse ? On peut nous causer du tort, nous soupçonner, nous traiter du n’importe de quoi, mais… Aucun pouvoir au monde ne peut nous exterminer si ce n’est celui d’Allah Soub hana Watala. J’ai toujours soutenu les politiciens dans leurs manifestations, mais tout en respectant les valeurs et les édifices de la nation. Je ne serai jamais un terroriste ni ne coopérerai jamais avec un terroriste contre mon pays. Si j’avais opté pour la déstabilisation, je l’aurais déjà fait depuis car Dieu m’en donne la force et les hommes qu’il faut. Mais non ! Mon rôle de premier plan, c’est d’être un espoir pour tous les gens lésés dans la société malienne».
Revenant sur la visite du président IBK le 27 juin dernier, M’Bouyé Haïdara apporte des éclaircissements : « ce deuxième mandat d’Ibrahim Boubacar KEITA comme une prolongation dont ils ont l’habitude de faire pour les députés et les maires. IBK m’entend très bien. Quand il est venu à Nioro pour cette visite, après les salutations, il a commencé à citer les biens que je lui ai fait dans sa vie. Pour moi, s’il décide de venir présenter ses excuses ou venir me saluer, il n’a fait que ce qu’il devrait faire, dans le cas contraire, ce serait autre chose. Quand il est venu ici, l’entretien n’a pas duré, voici ce qu’il m’a dit : « Mon père, je suis venu vous voir comme ça faisait longtemps, je suis là en tant que votre fils d’aujourd’hui et de demain. Vous avez tout le pouvoir sur moi ». Je l’autorise à nier si ce que je dis est faux.
En retour, mon intervention n’a pas dépassé 5 minutes. Je l’ai bien accueilli : « Je suis ravi de ton arrivée, tu ne m’as pas respecté et tu ne peux pas me respecter, toi tu es un politicien, tu cherches des bénédictions avec beaucoup de j’ai été la première personne à le reconnaître et à le soutenir en 2013 comme Président. Je considère religieux et autres Marabouts en leur donnant, bien-sûr, des fortunes, mais avec moi, c’est tout le contraire, je t’ai toujours béni et donné des fortunes. Voilà tout ce qui s’est passé entre nous. Les gens peuvent raconter tout ce qu’ils veulent, mais c’est ça, la vérité ! On peut nous causer du tort, nous soupçonner, nous traiter du n’importe de quoi, mais on peut jamais, je dis bien, on ne peut jamais nous faire du mal. Hier, j’étais contre le pouvoir et je demeure dans cette même posture à présent. Je suis contre ce pouvoir, je l’ai dit et je le maintiens », assène le leader de la communauté hamalliste.
En ce qui concerne la révision constitutionnelle, le Chérif réitère sa détermination à tout faire pour éviter toute révision de la constitution : « Nous sommes vendredi, aujourd’hui, 1er jour du mois et 11ème mois de l’année, je jure devant Dieu et les hommes que ces textes demeureront intouchables. Nous allons nous mobiliser contre le tripatouillage de nos textes. Le président veut se cacher derrière son incompétence pour réviser notre constitution sous prétexte que c’est l’une des conditionnalités de l’accord d’Alger ».
S’agissant du Haut Conseil Islamique et de l’Amupi, le Chérif se montre clair : « je n’en ai jamais été membre, mais nous avons eu à mener beaucoup de combats ensemble concernant le code de la famille. Ma position est claire, aujourd’hui, je ne suis plus avec les dites organisations, je mène seul mon combat. Que ce soit le Haut Conseil ou autres organisations, qu’ils continuent seuls avec leurs objectifs, je leur demande de rester dans leur position».
Mémé Sanogo
Source: L’Aube