Si les cantines scolaires ont un impact positif sur plusieurs familles à faibles revenus, malheureusement la gestion qui en est faite au quotidien, laisse à désirer à plus d’un titre. Et un doigt accusateur est déjà pointé sur les collectivités locales et le PAM lesquelles semblent, badiner avec la vie des enfants tout court.
Conscient de l’impact de cet état de fait sur la politique de l’école pour tous, le ministre de l’Education Nationale a décidé de mettre la redynamisation des cantines scolaires au cœur de sa politique. Au delà d’un simple dysfonctionnement, la gestion des cantines scolaires laisse à désirer à tous les niveaux. Le cas de Zantièbougou (cercle de Bougouni), interpelle particulièrement le Programme Alimentaire Mondial (PAM).
Annoncée par cette structure des nations unies qui œuvre dans le domaine de l’assistance alimentaire en milieu scolaire comme étant un exemple de réussite au Mali, la cantine scolaire de Zantièbougou se présente comme un gros montage, une véritable fiction digne d’un scénario hollywoodien.
A la place des enfants issus de familles pauvres de la localité victime de cette machination à plusieurs inconnus du PAM, le Ministre de l’Education Nationale a décidé d’interpeller et d’instruire en vue de mettre fin à l’inacceptable situation qui fait, aujourd’hui encore, couler beaucoup d’encre et de salive.
En ligne de mire outre le PAM et ses ONG partenaires, les collectivités locales sont également pointées du doigt.
Selon le point focal de l’alimentation scolaire du cap de Koumantou, le manque de considération du PAM et de ses ONG partenaires pour les autorités, est à la base de cette situation. En ce qui concerne, les collectivités locales, elles sont accusées de détournement des fonds destinés aux cantines scolaires.
Loin d’être un cas isolé dans notre pays, cette gestion opaque et unilatérale qui cache beaucoup de non dits du PAM, interpelle l’Etat en général et le Ministre de l’Education en particulier.
Diagnostic sans complaisance
Dans la mouvance de la rencontre des cadres des différentes académies du pays, le ministre Housseini Amion Guindo a fait le choix d’un diagnostic sans complaisance de la situation de l’alimentation scolaire dans notre pays. Aussi bien du côté de l’Etat que celui des partenaires, le constat est lamentable selon le Ministre de l’Education Nationale.
Quant on sait que l’initiative alimentaire scolaire d’une manière générale, vise à encourager les ménages pauvres à envoyer et à maintenir leurs enfants à l’école ; à briser le cycle de la faim, de la pauvreté et de l’exploitation des enfants dans les régions défavorisées ; à offrir d’importants avantages sur le plan nutritionnel et à contribuer à soutenir l’économie rurale, il est nécessaire pour l’Etat de prendre des mesures drastiques pour inverser la courbe.
Constat lamentable
A Zantièbougou, le constat lamentable n’a pas laissé le ministre indifférent. Pour lui, le devoir de rendre compte est valable aussi bien pour l’Etat que pour les partenaires. Selon plusieurs sources concordantes, la gestion des cantines sous assistance du PAM est loin d’être sans reproche. Ignorant tout des montants qui leur sont alloués dans le cadre de l’assistance alimentaire de leurs enfants à l’école, les populations sont laissées à la merci des ONG partenaires qui agissent le plus souvent en terrain conquis.
Comment comprendre que pendant que le PAM se réjouissait du succès de son travail à Zantièbougou, qu’au même moment, les élèves de la localité soient sevrés de repas depuis plusieurs mois ? Pourquoi avoir attendu la visite du ministre de l’Education Nationale pour aller en catimini mettre un semblant de cantine sur place pour soutenir l’indéfendable ?
Quel deal existe-t-il entre le PAM et l’ONG en charge d’accompagner cette initiative des femmes de Zantièbougou ? En attendant, la réponse à ses questionnements, les observateurs sont unanimes sur la mauvaise foi du PAM dans cette affaire. Pour eux, au lieu de réhabiliter la cantine pour les besoins de la visite du Ministre, le Programme Alimentaire Mondial aurait dû expliquer les difficultés et autres insuffisances qui ont abouti à un tel scénario.
Ulcéré par ce gros mensonge d’un partenaire, Housseini Amion Guindo a instruit un état des lieux général des cantines scolaires sur toute l’étendue du territoire national. Selon, le premier responsable du département de l’éducation nationale, désormais personne ne fuira ses responsabilités. Cette interpellation concerne aussi bien les collectivités auxquelles l’Etat alloue une somme importante pour la prise en charge de la question de l’alimentation scolaire que les partenaires qui agissent avec l’autorisation de l’Etat.
Rappelons que l’objectif du ministre est de favoriser une prise en main totale des cantines par l’Etat à travers le centre crée à cet effet. Pour sa part, seul le devoir de redevabilité soutenu par le partenariat mondial pour l’école peut permettre d’instaurer la bonne gouvernance.
La rédaction
Par L’Agora