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Master Soumi à cœur ouvert : « J’ai décidé de ne pas donner de consigne de vote », dixit Master Soumi

C’est lors de la rencontre de la première Université Populaire de l’Engagement Citoyen (UPEC) de Dakar, la première du genre organisée par Y’EN A MARRE en partenariat avec d’autres mouvements citoyens tels que « la Lucha » de RDC, « Filimbi »,  même pays, « Le Balai Citoyen » du Burkina Faso et bien d’autres mouvements venus du reste du continent africain, de grandes stars de la « World-Music» telles que Tiken Jah Fakoly, Ismaêl Lö, Diddier Awady du Sénégal, d’Ely Kamano de la Guinée-Conakry, Ismaël Doucouré dit Master Soumi du Mali. Notre compatriote qui a enflammé le public Dakarois au cours d’un concert géant du lundi dernier,  nous a accordé un entretien au cours duquel, il donne les raisons de sa présence sur la « Place du Souvenir » de Dakar où se déroule cette première édition de l’UPEC ; la présidentielle de ce dimanche où il interpelle comme à ses habitudes, les candidats pour que tout se passe bien lors de ce scrutin. Lisez l’entretien qu’il a accordé à Bokari Dicko, depuis Dakar.

Mali Demain : Dans quel cadre vous vous êtes retrouvé à Dakar ?

Master Soumi : Je suis là dans le cadre de l’engagement citoyen, c’est à dire l’Université Populaire de l’Engagement Citoyen (UPEC) initiée par les frères du mouvement « Y’EN A MARRE ».

Qu’est-ce que vous avez retenu depuis quelques jours de séjour dans la capitale sénégalaise ?

L’UPEC, c’est la cohésion, les retrouvailles, l’union des activistes…

Master Soumi : Il s’agit surtout de la cohésion, des retrouvailles, l’union entre des activistes qui se connaissaient à distance à travers les réseaux sociaux, les médias. C’est la première fois que je rencontre certaines personnes même si je rencontre habituellement beaucoup d’entre eux qui sont une fois de plus ici à l’UPEC à travers d’autres  initiatives  Ouagadougou, en Gambie, ici au Sénégal, en Côte d’Ivoire. L’important ici, c’est cette cohésion, cette unité qui se crée davantage entre des hommes et des femmes qui ont un combat commun, une vision commune par rapport au développement de l’Afrique, par rapport à la consolidation de la démocratie et surtout par rapport à l’éveil des consciences ; surtout pour nous les artistes engagés qui ont un message commun, un dénominateur commun qui est de conscientiser davantage et de réveiller le peuple africain.

Qu’est ce qui t’anime en parlant de la sorte ?

Un sentiment de joie…

Master Soumi : C’est un sentiment de joie qui me donne plus de motivations, lorsque je me retrouve au milieu de tous ces jeunes engagé pour la patrie, pour le continent pour leurs pays respectifs et œuvrer à ce que les uns et les autres se retrouvent dans mes messages. Je me  dis que je ne suis pas seul, cela m’encourage davantage et me motive à œuvrer à ce que les uns et les autres se retrouvent dans mes messages.

Nos compatriotes s’apprêtent à voter ce dimanche 29 juillet. Quel message avez-vous pour eux ?

Elections transparentes, crédibles, même sincères, surtout apaisées

Master Soumi : J’appelle surtout à la responsabilité, à la prise de conscience puisque nous n’avons pas deux pays, nous avons qu’un seul qui est le Mali, qui a beaucoup souffert. Et sachant que nous avons beaucoup souffert d’une crise sans précédent qui n’a que trop durée notamment au Nord, au Centre, la tension très tendue entre les hommes politiques dans la capitale Bamako, je souhaite que ces élection soient transparentes, crédibles, même sincères, surtout apaisées parce qu’il faut se mettre en tête que les élections passent, que les dirigeants se succèdent, c’est le Mali qui demeure.

Ensemble pour un exercice démocratique, une fête

Ensemble, nous devons aller vers cet exercice démocratique que je considère comme une fête de la démocratie. Pour moi, les élections constituent une vraie fête, et non une période de bagarre entre les fils et les filles d’un même pays. Je pense d’abord que chacun a le devoir d’aller retirer sa carte d’électeur et aller voter pour le candidat de son choix.

Tout le monde sait que vous êtes partisan de la non-violence que vous êtes hostile à cela. A quelques heures du vote, quel appel avez-vous pour nos compatriotes et les candidats à cette élection présidentielle ?

Chaque citoyen doit voter selon sa conscience

Master Soumi : D’abord je demande à chaque citoyen de voter selon sa conscience, selon le candidat de son choix, mais doit se dire qu’il est responsable de la sécurité commune, de la sécurité de l’autre, à tout ce qui peux arriver à mon prochain. A partir du  chacun est conscience ce qui peux se passer, les choses pourront bien se dérouler.

Le gouvernement ne doit pas fermer la porte

S’agissant de l’organisation des élections, tout ce qui a été dénoncé par l’opposition ou par d’autres candidats, concernant l’organisation et le fichier électoral, doivent se discuter entre le gouvernement, l’opposition et tous les acteurs. Aussi, le gouvernement ne doit pas fermer la porte à d’autres candidats ; il aura suffi que quelqu’un crie à la fraude, dieu seul sait où cela pourra nous emmener ? Cela pourra nous emmener vers une destination inconnue. Est-ce que le Mali a besoin aujourd’hui de de cela ?

Le gouvernement doit prendre ses responsabilités

Je pense que le gouvernement doit prendre sa responsabilité, jouer pleinement son rôle, être à l’écoute de sa population car le Mali est un pays de dialogue. Je pense que le dialogue et  la discussion font partie de nos valeurs traditionnelles puisqu’on peut résoudre les problèmes si chacun a la volonté. D’ailleurs, chacun doit avoir la volonté puisque c’est une obligation, une question de devoir citoyen.

Nous avons vu qu’avec l’UPEC, beaucoup de jeunes ont fait le déplacement. Quel doit être donc le rôle de la jeunesse dans l’engagement citoyen ?

L’engagement citoyen ne veut pas dire sortir tous les jours pour insulter les gouvernants…

Master Soumi : Je pense d’abord que les uns et les autres doivent savoir que le devoir et l’engagement citoyen, ne sont pas tous les jours, sortir et insulter le Président de la République, les ministres, les gouvernants, les dirigeants de nos pays, mais surtout mettre chacun face à ses responsabilités puisque l’objectif que nous visons est de consolider la démocratie afin qu’il y ait davantage de libertés publiques, de préserver les droits de l’Homme.

Nos peuples doivent arrêter de monnayer leur voix

A nos peuples, leur dire d’arrêter de tronquer leur voix contre de l’argent. Ce qui nous met en retard car, on ne peut pas prendre un billet de cinq mille francs et confier son avenir durant cinq ans à cet homme qui va après piller et détourner les deniers publics.

Les activistes doivent sensibiliser les populations au patriotisme

Les activistes ont un grand rôle en poussant les citoyens au sens du patriotisme. Par exemple, lorsque vous êtes en train de nettoyer les rues, certains lorsqu’ils se mobilisent, d’autres les accusent de faire de la politique alors que vous le faites pour vous-même, pour votre santé ; il se mobiliser pour vous-même d’abord, il faut se mobiliser pour le développement de sa cité parce que lors qu’un moustique va te piquer, elle ne demandera pas ta coloration politique.

Chaque peuple mérite ses dirigeants

En clair, les mouvements sociaux doivent s’impliquer davantage dans la sensibilisation au sein de la population. Cela est très important parce que ces dirigeants sont issus de cette population ; comme je l’ai dit dans une de mes chansons : « Tel peuple, tel chef ». C’est la parole de dieu : « Chaque peuple mérite son chef ». C’est bien de dénoncer la mauvaise gouvernance, la corruption, le clientélisme ou toute autre forme d’injustice, mais nous allons parler à la population afin qu’elle sache leur responsabilité. C’est cela aussi un peu le problème de notre démocratie.

Le combat des activistes est de pousser les populations à s’assumer

J’ai l’habitude dire que nous avons une démocratie qui est comme un enfant prématuré puisqu’elle entrée par le toit puisque beaucoup de choses doivent être expliquées aux maliens. Par exemple, l’importance du vote pour laquelle, je me suis impliqué. Il faut savoir que notre combat en tant qu’activiste, c’est de pousser les uns et les autres à prendre leurs responsabilités ; de ne pas se focaliser uniquement sur les autorités, aussi parler de notre responsabilité puisque chacun de nous, peut-être un jour, est appelé à être un dirigeant.

Vous allez donner des consignes de vote à vos fans ?

J’ai décidé de ne pas donner de consigne de vote…

Master Soumi : Non ! J’ai décidé de ne pas donner de consigne de vote à mes fans puisque le combat que je mène, va au-delà des élections. Je ne profite pas de ces élections ; je  ne vais pas insulter les gens mais je ne veux pas être opportuniste car, je ne vais pas mener toute cette bataille de l’éveille des consciences pour embrasser un homme politique et dire aux gens voter pour lui puisqu’au Mali, on dit qu’on vote à l’âge de 18 ans et à partir de cet âge, on est censé distinguer le mal du bien ; donc on est censé savoir ce qui réellement bien pour soi ; savoir-faire le distinguo entre celui qui a une idée pour résoudre mes problèmes de santé, d’éducation, de sécurité ; d’eau potable, de l’école malienne.

J’ai dit aux gens de voter pour les programmes…

C’est pour cela, j’ai dit aux gens, votez pour les programmes des candidats et non pour leur personne qui dit quoi, qui fait quoi ?

J’exhorte pour se faire aux candidats de proposer des programmes réalistes et réalisables parce qu’une chose est d’écrire et de proposer un programme, une autre en est son exécution.

Avec un Mali à genoux, beaucoup de promesses ne sont pas évidentes…

Par exemple, lorsqu’un candidat vous dit qu’il va construire des milliers de kilomètres de routes, mais demandez-lui comment va-t-il le réaliser ? Avec quel argent, quels sont ses moyens, quels sont ses ressources ? Et avec un Etat à genoux comme le Mali, beaucoup de choses ne sont pas évidentes.

Est-ce à dire ce qui explique votre démarcation avec d’autres lors de cette présidentielle ?

Je n’ai attendu personne pour mener mon combat… 

Master Soumi : Je ne citerai pas le nom de personne ici, c’est une question de principe, de choix. Ce n’est pas une réponse à la Sikassoise, mais en réalité, je n’ai attendu personne pour mener mon combat, pour être activiste ou un artiste engagé. J’ai commencé la musique en 1996, depuis 2007 déjà, j’ai débuté une carrière internationale. Je suis un artiste confirmé depuis plus dix ans.

Tout ce que je dis, j’écris, est personnel…

Tout ce qui doit venir de moi, doit être une émanation personnelle. Tout ce que je dis, j’écris, sont des réflexions personnelles que ce soit sur les médias ou ailleurs, sont des pensées personnelles. Donc, le choix doit être personnel. Je n’évolue pas sous tutelle. Je ne me démarque pas mais je suis dans une dynamique qui continue son chemin.

Master Soumi vote-t-il pour qui ? (Rires)

Master Soumi : (Rires) Sincèrement, cela est confidentiel.

Propos recueillis par Bokari Dicko, depuis Dakar à l’UPEC

 

Source: Mali Demain

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