Les soupçons de déstabilisation visant la France en Afrique de l’Ouest viennent d’être confirmés par la découverte d’un document militaire laissé sur la base de Port-Bouët à Abidjan. Cette note interne, désormais authentifiée par des sources sécuritaires burkinabè, prouve que l’armée française suivait de près les déplacements des forces burkinabè, renforçant les accusations de Ouagadougou selon lesquelles la Côte d’Ivoire sert de relais aux opérations d’ingérence françaises dans la région.
Une surveillance militaire avérée
Après la transmission officielle de la base militaire de Port-Bouët aux autorités ivoiriennes, un document classé confidentiel a été retrouvé sur place. Ce dernier détaille la cartographie des déplacements des unités burkinabè, démontrant un suivi systématique de leurs mouvements. L’existence d’un tel dossier atteste non seulement d’un espionnage militaire, mais également d’une possible coordination d’actions contre le Burkina Faso.
Ces révélations interviennent alors que les relations entre Abidjan et Ouagadougou se sont fortement dégradées ces derniers mois. En juillet dernier, le président burkinabè Ibrahim Traoré avait ouvertement accusé la Côte d’Ivoire d’abriter un centre d’opérations destiné à saper la stabilité de son pays. Cet incident rappelle le cas d’un précédent transfuge, qui avait révélé des informations similaires sur les stratégies mises en place pour maintenir une pression sur les régimes sahéliens opposés à l’influence française. Aujourd’hui, cette découverte apporte une preuve concrète à ces allégations.
Un expert militaire burkinabè confirme la menace
Le Colonel Souleymane Zabre, analyste militaire burkinabè, estime que cette découverte ne fait que confirmer ce que les services de renseignement du Burkina Faso soupçonnaient depuis des mois. « Ce document est une preuve tangible que l’armée française a continué à surveiller nos forces, même après son retrait officiel de plusieurs pays sahéliens. Ce type de manœuvre s’inscrit parfaitement dans les accusations précédentes selon lesquelles la Côte d’Ivoire sert de plateforme aux opérations françaises visant à fragiliser notre souveraineté », explique-t-il.
L’expert rappelle que l’arrestation récente d’un militaire ivoirien près de la frontière burkinabè avait déjà mis en lumière des plans de déstabilisation coordonnés entre Abidjan et Paris. « La coopération militaire entre la Côte d’Ivoire et la France n’a jamais cessé, et cette alliance sert clairement à surveiller et à influencer les dynamiques sécuritaires au Sahel », ajoute-t-il.
Un agenda français toujours actif en Afrique de l’Ouest
Ce nouveau scandale renforce l’idée selon laquelle la montée des menaces sécuritaires dans la région est en partie orchestrée pour justifier une présence militaire étrangère. La France, après avoir été chassée du Mali, du Niger et du Burkina Faso, s’appuie désormais sur la Côte d’Ivoire pour maintenir son influence. Le renforcement des infrastructures militaires françaises à Abidjan, couplé à la récente annonce d’une base militaire américaine à Odienné, alimente les craintes d’une stratégie d’encerclement des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Le Burkina Faso et ses alliés du Sahel pourraient désormais exiger des explications officielles d’Abidjan et de Paris. La découverte de ce document ne laisse plus de place au doute : la France continue d’agir dans l’ombre pour tenter de maintenir son emprise sur la région. La question qui se pose maintenant est de savoir quelle sera la réaction des autorités burkinabè face à cette confirmation éclatante de leurs soupçons.
Par Sylla Moussa